Jean-Pierre Astolfi : L’erreur, un outil pour enseigner
» Qu’y a-t-il de commun entre une expression algébrique, l’expression d’un gène et une expression familière ? Entre une fonction digestive, une fonction affine et une fonction grammaticale ? Entre l’expansion du groupe nominal et celle des Trente Glorieuses ? Entre un pronom réfléchi, un rayon réfléchi et un élève réfléchi ? » Voilà quelques raisons bien communes de commettre des erreurs en classe. Car les erreurs sont le pain quotidien de l’enseignant. Dans cet ouvrage, qui est devenu un classique, Jean Pierre Astolfi en fait la liste et invite à les décrypter. Parce que les élèves progressent de leurs erreurs. Jusqu’au 14 juillet, le Café pédagogique vous fait cadeau de ce livre fondateur pour votre adhésion à l’association éditrice du Café pédagogique.
« Dans bien des activités qu’ils pratiquent, du sport aux jeux électroniques, les jeunes considèrent (l’erreur) comme source de défis, comme objet de compétitions amicales et passionnées, comme occasion de dépassement de soi. Sans doute parce qu’ils ressentent qu’ils apprennent quelque chose de plus à l’occasion de chaque essai qu’ils tentent. Tout change à l’école, où l’erreur est plutôt source d’angoisse et de stress ».
Pourtant l’erreur est au coeur d etout acte d’enseignement. Mais les erreurs sont aussi difficiles à comprendre. Car pour saisir l’erreur et lui donner son efficacité pédagogique il faut entrer dans la tête et la culture de l’élève. C’est justement ce que nous permet de faire le livre d’Astolfi.
Il ne se contente pas d’une réflexion sur l’erreur en pédagogie, il en donne une typologie éclairante et efficace pour les professionnels du traitement des erreurs que sont les enseignants.
Ainsi il distingue et développe » des erreurs relevant de la compréhension des consignes de travail données à la classe…; des erreurs résultant d’habitudes scolaires…; des erreurs témoignant des conceptions alternatives des élèves…; des erreurs liées aux opérations intellectuelles impliquées, lesquelles peuvent ne pas être disponibles chez les élèves alors qu’elles paraissent « naturelles » à l’enseignant ; des erreurs portant sur les démarches adoptées..; des erreurs ayant leur origine dans une autre discipline…; des erreurs causées par la complexité propre du contenu. Pour chacune Jean-Pierre Astolfi décrypte ce qui se passe et donne des pistes de traitement pédagogique. Au final nous voilà mieux armé pour faire face à la classe.
L’ouvrage aborde finalement des aspects psychologiques qui ont aussi leur place dans le traitement de l’erreur comme son rapport à l’angoisse et la violence. Ajoutons une dernière réflexion de JP Astolfi qui parle des erreurs de la machine éducative et qui résonne curieusement aujourd’hui. » La quête d’une introuvable « bonne méthode » nous protégerait en quelque sorte contre la réalité des acteurs, et d’abord contre nous-mêmes. Elle constituerait un évitement de la rencontre personnelle avec d’autres sujets. Là pourrait résider la racine de cette difficulté que nous avons notée, à prendre en charge les situations d’apprentissage comme elles sont. Réintroduire l’observateur dans la situation, tel est le défi d’un traitement didactique in situ des erreurs ».
F Jarraud
Jean-Pierre Astolfi, L’erreur, un outil pour enseigner, ESF Sciences humaines, ISBN : 978-2-7101-3247-9