Comment détourner un jeu de 7 familles pour apprendre les aliments ? Camille Mora, professeur de SVT au collège Paul Emile Victor de Branne (33) a conçu un jeu sur les familles alimentaires. Avec des cartes produits laitiers, féculents, fruits et légumes, les collégiens doivent former des familles complètes pour un repas équilibré. Le jeu de 42 cartes est téléchargeable et imprimable librement. « C’est un complément qui peut favoriser une forme d’apprentissage, ici par la découverte et la répétition », note l’enseignante qui propose aussi un espace game sur la vaccination.
Pourquoi ce jeu des 7 familles proposé à vos élèves ?
Ce jeu s’adresse à un public jeune, de fin cycle 3 (6ème) et début de cycle 4 (5ème). Il s’agit des 7 familles alimentaires (produits laitiers, famille des boissons…) dans lesquelles il y a 6 membres. L’objectif étant de reformer le plus de familles complètes. Les règles sont rappelées dans un document pour éviter toute triche. De plus, un index, est posé au centre de la table et indique tous les membres par famille. Les élèves sont disposés par groupe de 4 ou 5.
Comment s’utilise-t-il ? Pour quels effets sur les élèves ?
Ce jeu s’utilise comme une activité classique. Lorsque l’introduction de la leçon est faite, on peut introduire le jeu en les questionnant sur leurs connaissances des familles alimentaires. Souvent quelques noms émergent sans pour autant être parfaitement connus.
L’objectif de cette séance ludique est un apprentissage facilité par la répétition. Les élèves ne verront que le jeu au premier abord, et pourtant lorsque je leur ai demandé en fin de séance d’écrire le bilan en me citant les 7 familles alimentaires et deux exemples pour chacune. Ils ont tous aisément étaient capables de le faire !
Quels avantages voyez-vous à ludifier une thématique en SVT ?
L’implication des élèves se fait rapidement. Ils ne posent que peu de questions et se mettent directement en activité. L’apprentissage notionnel est également facilité puisque le rapport au jeu et à sa répétition fait qu’ils ont appris sans peur de l’erreur ou un biais lié à un document complexe.
Le jeu remplace-t-il vos travaux pratiques ?
C’est une séance ludique que les élèves construiront à travers le jeu. Cela ne remplace pas une séance de TP, cependant c’est un complément qui peut favoriser une forme d’apprentissage, ici par la découverte et la répétition. De plus, la construction des familles ou leur recherche les oblige à se souvenir dans un objectif précis. On constate de plus en plus que les élèves ne savent pas « apprendre à apprendre » et ce format, permet donc d’appuyer un peu plus ce point important que ces derniers omettent.
Vous avez aussi réalisé un escape game autour de la vaccination en 3ème. Pourquoi ?
Lors de mon master 2, nous avons conçu un projet numérique par équipe. A l’époque, j’avais créé cet escape game avec une de mes collègues de promo. Les études concernant l’application de serious games en classe montrent de bonnes perspectives pour l’éducation, alors qu’ils sont peu présents dans le Secondaire. L’escape game étant de plus en plus réputé ces dernières années, pour son côté plaisant, attractif mais aussi immersif sur les jeunes, il est intéressant d’en concevoir un pour des élèves en cycle 4. Ensuite, nous avons choisi une thématique plutôt dans le domaine de l’épistémologie, car c’était celle qui paraissait la plus attractive pour mettre en oeuvre un serious game décliné en escape game. Cet outil a été conçu pour permettre l’apprentissage des élèves et leur mémorisation des savoirs en SVT, tout en favorisant la motivation des élèves.
Le scénario est assez simple. Deux camps scientifiques s’opposent. Il y a les radicalistes qui prônent la création d’un virus pour éradiquer la moitié de la population mondiale et les humanistes qui privilégient des solutions plus écologiques. Mais votre mentor meurt assassiné au sommet mondial scientifique et un coup d’état hisse les radicalistes au pouvoir. Ils souhaitent diffuser ce virus. Seulement votre mentor vous a laissé une machine à remonter le temps pour créer un vaccin qui pourra combattre cette menace.
L’élève se retrouve donc à fouiller, lire et donc exploiter des documents pour tenter de résoudre des énigmes. L’obtention des indices peut se faire avec plusieurs niveaux de difficulté ce qui favorise un certain niveau de différenciation.
Propos recueillis par Julien Cabioch
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