Pap Ndiaye
Pap Ndiaye et JM Blanquer : Rupture ou continuité ?
Quand un ministre s’en va il vante son bilan. Quand il arrive il salue les enseignants. Tout cela, JM Blanquer et Pap Ndiaye l’ont fait le 20 mai lors de la cérémonie de passation de pouvoirs. Mais les deux hommes se sont aussi affrontés à fleuret très moucheté sur le thème de la continuité. De leur coté, les syndicats posent dès maintenant leurs exigences en attendant d’entamer un dialogue que le nouveau ministre a promis.
Pap Ndiaye ministre de l’Education nationale
C’est une nomination surprise, un tournant et pourtant une continuité. La nomination de Pap Ndiaye à l’éducation nationale et à la jeunesse est une surprise. Il ne figurait pas dans les noms qui revenaient pour ce ministère et ce n’est pas un politique. Un tournant car il va rompre avec le populisme anti wokisme agité par JM Blanquer. Une continuité car il aura à appliquer la politique décidée par E Macron, c’est à dire continuer ce qui avait été dessiné dès 2017.
Philippe Meirieu : Redonner leur sens aux métiers de l’éducation
Monsieur le Ministre,
Votre nomination est, à mes yeux, comme aux yeux de beaucoup, une belle surprise. Votre travail universitaire, vos engagements, vos prises de position sont, en effet, le gage d’un renouvellement important à la tête de l’Éducation nationale. Vous avez travaillé sur les discriminations et sur l’émancipation ; vous avez eu, à de nombreuses reprises, des paroles justes, sans concession et apaisantes à la fois, sur des questions de société essentielles ; vous incarnez la lutte pour l’égalité des droits dans ce qu’elle a de plus fondamental pour notre avenir… Ce sont là, pour les enseignantes et enseignants, comme pour tous les personnels de l’Éducation nationale et de l’Éducation populaire, des signes forts qui nous font espérer un vrai renouveau.
Pap Ndiaye : le ministre qui écoute les syndicats…
« Une écoute réelle ». Le 24 mai, Pap Ndiaye a reçu pour la première fois les syndicats de l’Education nationale, en commençant par les deux plus importants, la FSU et l’UNSA. Pap Ndiaye les a longuement écouté, rompant ainsi avec les pratiques de son prédécesseur. Si les syndicats ont pu insister sur les questions les plus urgentes, comme la rentrée ou la revalorisation, le ministre n’a rien laissé paraitre de ses intentions. Si ce n’est celle de maintenir le dialogue. Le ministre écoute. Mais peut-il s’écarter de la feuille de route élyséenne ?
Jean-Marc Huart directeur du cabinet de Pap Ndiaye
Le retour de Jean-Marc Huart au ministère est-ce le retour du blanquerisme rue de Grenelle ? La question enflamme les réseaux sociaux. Si JM Huart a bien été un maillon important de la politique blanquérienne, son retour ne signifie pas pour autant celui de JM Blanquer. Mais il pose d’autres questions.
Nominations : François Weil et Anne Rubinstein
Agrégé d’histoire, américaniste, ancien président de l’EHESS et ancien recteur de Paris (2012-2016), François Weil est nommé conseiller de la première ministre pour l’éducation, la jeunesse, l’enseignement supérieur et les sports. Comme recteur il avait notamment ouvert le 1er micro lycée parisien et soutenu le mouvement des Maisons des lycéens. Pour Anne Rubinstein c’est un retour à l’éducation. Nommée cheffe de cabinet et conseillère spéciale de Pap Ndiaye, Anne Rubinstein a commencé sa vie professionnelle comme professeure des écoles et directrice en éducation prioritaire en Seine Saint-Denis (1984-1999). Elle est en charge de l’éducation prioritaire à l’inspection académique de Seine Saint Denis (1998-2002). Elle sera cheffe de cabinet de nombreux responsables politiques au conseil général de Seine Maritime, puis auprès du président de la région Ile-de-France (2010-2012). En 2012 elle est la cheffe de cabinet de N Vallaud-Belkacem au ministère des droits des femmes, puis celle d’Emmanuel Macron aux Finances (2014-15). En 2017 elle devient cheffe de cabinet de N Hulot avant d’exercer la même fonction très brièvement auprès de M Schiappa. A l’Education nationale, cette proche d’Emmanuel Macron est également conseillère spéciale de Pap Ndiaye.
Benoît Teste : » On ne va pas se laisser conter par la stratégie actuelle qui vise à désamorcer le vote enseignant »
La personnalité de Pap Ndiaye va t-elle changer les relations entre le ministre et les personnels ? Secrétaire général du premier syndicat de l’Education, Benoît Teste manifeste son admiration pour la personne de Pap Ndiaye et sa volonté de reprendre un dialogue cassé par JM Blanquer. Pour autant il rappelle que les législatives peuvent changer le ministre et que la nomination de Pap Ndiaye est avant tout une manoeuvre politique.
Pap Ndiaye salué par ses collègues
Alors que l’extrême droite attaque violemment le nouveau ministre de l’Education nationale, ses collègues le saluent. » Tout au long de sa carrière Pap Ndiaye a témoigné d’une conception profondément citoyenne de sa fonction et d’une idée très élevée du rôle des sciences humaines et sociales dans la compréhension des grands enjeux du monde contemporain », écrivent Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FSNSP et Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po. « Il a toujours mis son savoir et ses idées au service du plus grand nombre, sans sectarisme, dans le strict respect des règles du débat universitaire, celles d’un échange serein d’arguments rationnels, étayés par des faits, où les prises de position s’appuient sur des connaissances, sur une expertise… Celles et ceux qui, dès sa nomination, ont engagé une chasse aux sorcières à son encontre sont emblématiques de cette méconnaissance, trop largement partagée, de l’enseignement supérieur et de la recherche, teintée de mépris pour les sciences humaines et sociales. Les nuances de la pensée, le doute méthodique, les principes de l’enquête, les subtilités de la controverse scientifique, leur sont étranger. Ils nous donnent, par les voies étriquées et tortueuses de la malhonnêteté intellectuelle et de la vacuité argumentative, un bel exemple de la nécessité brûlante d’accorder la plus haute importance à la formation (de l’école primaire jusqu’au doctorat) et à la recherche ». » Dix de ces 28 ministres de l’Éducation nationale ont été professeurs. Il est remarquable qu’ils sont tous agrégés », rappelle Claude Lelièvre. Pap Ndiaye n’échappe pas à la règle. » En 2021, il est nommé par le président de la République Emmnanuel Macron à la tête du Palais de la Porte-Dorée qui héberge le Musée national de l’histoire de l’immigration. Selon le sociologue Michel Wievorka, « le chef de l’Etat voulait lancer un signal politique pour contrebalancer les positions des ministres Jean-Michel Blanquer, Frédérique Vidal et Gérald Darmanin » (épisodes remarqués des évocation de « la cancel culture » et de « l’islamo-gauchisme »). Un an plus tard, Emmanuel Macron vient de l’installer à la tête d’un ministère très exposé (celui de « l’Education nationale et de la Jeunesse ») pour qu’il succède précisément à Jean-Michel Blanquer avec son passé et son passif. Sans compter la perspective d’être la cheville ouvrière (sinon le maître d’oeuvre) d’une « refondation de l’Ecole » voulue et dûment annoncée par le président de la République nouvellement réélu. Rude tâche… » L’APHG met aussi en garde ce collègue. » Au-delà du symbole que représente l’arrivée rue de Grenelle de l’un de nos collègues historiens, dix-huit mois après l’assassinat de l’un des nôtres, Samuel Paty, l’APHG souligne l’impérative nécessité d’un dialogue renouvelé entre tous les acteurs éducatifs et notre ministre, fondé sur la confiance et l’intérêt commun d’œuvrer à la réussite des élèves. Les blessures sont profondes et il faudra une attention constante pour les apaiser et les soigner. »
Ecole Pasteur : Le Snuipp 93 en appelle à Pap Ndiaye
« La gestion des personnels devient de plus en plus arbitraire (convocations, intimidations, pressions, empêchement à être accompagné-es par des élu-es du personnel, enquêtes administratives sans texte de cadrage…) et peut donner lieu à des sanctions iniques portant atteinte aux personnes. Les 6 enseignant-es de l’école élémentaire Pasteur de Saint-Denis, muté-es soi-disant dans «l’intérêt du service» par le DASEN 93 en sont le symbole. En fait, ils-elles subissent une mutation-sanction déguisée », écrit le Snuipp 93 dans une lettre ouverte au ministre. « Les dossiers administratifs de ces collègues sont vides et les conclusions de l’enquête administrative reprennent les éléments de langage et les propos calomnieux de l’extrême droite tenus dans un article de journal et une vidéo.. Dans un département comme le nôtre, jeune, riche de sa diversité, l’engagement des enseignant-es pour la réussite de tous nos élèves est indispensable. A l’heure où notre métier subit une crise de recrutement inédite, il est urgent d’envoyer un signal fort à une profession abimée et méprisée. L’annulation immédiate des mutations des 6 collègues de l’école élémentaire Pasteur à Saint Denis est un premier pas indispensable pour que notre profession retrouve confiance en notre institution ». P Ndiaye devrait être sensible à une affaire relayée par l’extreme droite dans sa campagne contre l’Ecole et les enseignants.
Législatives
NUPES : Un programme contre les inégalités scolaires
« Nous affirmons très clairement qu’il doit y avoir zéro décrocheur et que pour avoir un service public de qualité il est indispensable de recruter des personnels en nombre et de réduire le nombre d’élèves par classe ». C’est Marie Jeanne Gobert, responsable des services publics au PCF, qui a présenté le 19 mai la partie du programme de Nupes, l’alliance des gauches, concernant l’Ecole. Le programme fixe trois priorités : lutter contre la ségrégation scolaire, renforcer l’enseignement professionnel et revaloriser les personnels Education Nationale. Il est nettement en rupture avec celui d’E Macron.
Marc Douaire : Une vraie politique d’éducation prioritaire s’impose !
En tête des défis qui attendent le nouveau ministre de l’Education nationale figure la lutte contre les inégalités sociales à l’Ecole. C’est ce que rappelle Marc Douaire, président de l’Observatoire des Zones Prioritaires, une association qui fédère des acteurs de l’éducation prioritaire. Il demande une rupture avec la politique suivie par JM Blanquer et le redémarrage de l’éducation prioritaire, en commençant par des Assises nationales.
Politique ministérielle
Baromètre Unsa : L’éducation au fond du trou
« Combien de temps encore ça va durer ? » Commentant le 23 mai les résultats du « Baromètre Unsa », Frédéric Marchand , secrétaire général de l’Unsa Education, s’inquiète des tensions dans l’Ecole. Si les enseignants aiment leur métier, un tiers déjà trouve qu’il n’a plus de sens. Un tiers aussi envisage de changer totalement de métier. Et seulement 16% conseilleraient l’enseignement à leur enfant. Autre révélation de cette très large enquête (plus de 40 000 participants), le rejet de la politique ministérielle, déjà massif depuis 2018, ne cesse decroitre. 2022 voit une nouvelle baisse avec seulement 5% des enseignants en accord et pas plus d’un quart des cadres. Blanquer a laissé l’éducation au fond du trou.
A Alès, l’Education nationale aggrave sa crise
Le Café pédagogique l’avait signalé en juin 2021. A Alès, comme dans d’autres départements comme la Gironde, les dédoublements des classes de GS de maternelle ont été utilisés pour créer des postes à profil. Résultat : des enseignants expérimentés et appréciés sont obligés de passer devant une commission et peuvent perdre leur poste s’ils répondent mal à un entretien dont le contenu n’est pas communiqué. C’est ce qui est arrivé à Maxime Tatry, directeur et enseignant depuis 16 ans à l’école Rep+ Louis Leprince – Ringuet d’Alès. En février 2021 il perd son poste en 15 minutes sous prétexte qu’il ne connait pas assez Eduscol. « L’institution réduit à néant 16 ans d’expérience ce qui dévalorise nos compétences professionnelles », écrivent ses collègues qu organisent deux rassemblements de soutien.Un nouvel entretien a lieu à l’été 2021. A la rentrée, devenu directeur d’une autre école, M Tatry reçoit la visite de la police. L’inspectrice a porté plainte contre lui pour harcèlements et outrages. C’est le coup de grâce pour M Tatry. Amère, il décide de quitter définitivement l’enseignement et signe une rupture conventionnelle. La hiérarchie règne enfin. Sur un désert…
Pas d’amélioration du climat dans les établissements selon l’ASL
« Le nombre de dossiers ne baisse pas. Après la crise de la Covid-19, le nombre de dossiers d’accompagnement juridique et de conseil en 2021 revient à ce que l’on connaissait avant crise. Cela montre clairement qu’il n’y a pas d’amélioration de la situation et que les relations ne s’apaisent pas depuis plus de 5 ans » dans les établissements annonce l’Autonome de solidarité laïque, un organisme qui soutient les enseignants en cas de conflit. « Ce sont toujours les diffamations (cette année à hauteur de 33 %) et les insultes / menaces (30 %) que l’on retrouve toujours au tout premier plan. Ces deux catégories restent les plus importantes, ce qui permet de relever un climat scolaire continuellement défavorable et pesant au quotidien. Les agressions représentent quant à elles 7,5 % des dossiers, une baisse de 0,5 % ». L’ASL relève que la police refuse souvent les plaintes des enseignants. « Comment les personnels peuvent-ils être rassurés lorsque le traitement judiciaire des actes du quotidien semble les minorer ? Bien entendu, les actes de violence extrêmes, les agressions physiques sont bien traitées par la justice mais, même s’ils sont dramatiques, ils restent plus rares. Une action des pouvoirs publics est bel et bien nécessaire pour montrer l’intérêt qu’ils portent aux personnels d’éducation dans l’exercice quotidien de leur métier », déclare l’ASL.
Antiracisme : Sud 93 demande la démission de l’adjointe du Dasen
Suite à la publication par Mediapart d’un article mettant en cause l’adjointe au Dasen du 93, Sud éducation 93 accuse. » SUD éducation 93 a déjà subi deux plaintes de Jean-Michel Blanquer, classées sans suite. Puis une plainte de cinq parlementaires LR exigeant notre dissolution : en attente du verdict le 19 mai. L’engagement et la pédagogie antiracistes que nous défendons ont été attaqués à de multiples reprises par notre hiérarchie, le ministre et l’extrême-droite », rappelle Sud. « »Le mail auquel a eu accès Mediapart est signé de Marie Rogler, adjointe au DASEN chargée du 1er degré. Il est adressé aux IEN (inspecteur·rices du 1er degré) du département… Dans ce mail, l’adjointe au DASEN ordonne aux inspecteur·rices du 1er degré d’empêcher les personnels de participer à notre stage syndical par tout moyen. Elle ajoute que ces consignes sont soutenues en haut lieu ! SUD Éducation 93 le rappelle : refuser un congé de formation syndical en raison de son contenu est illégal, et nous l’avons déjà prouvé, par des décisions de justice ! » Sud 93 » dénonce formellement la croisade menée par la hiérarchie de Seine-Saint-Denis », « se réserve la possibilité d’engager toutes les procédures qui seraient nécessaires pour que ces agissements ne restent pas impunis », et « exige la démission de Marie Rogler ».
Chronique de l’école…
Deux adolescents âgés de 13 ans ont pénétré dans un collège et menacé une enseignante avec une arme factice. Selon Le Bien public ils passeront en justice et seront jugés pour intrusion dans un établissement scolaire et violences avec arme. Les adolescents estiment que ce n’était qu’un jeu. L’un d’eux est scolarisé en ITEP.
Métier enseignant
Oral du DNB : Le Snes demande une rémunération
» L’arrêté du 13 avril 2012 indique que l’oral du DNB est indemnisé au taux de 4,11 euros de l’heure. Plusieurs rectorats refusent d’appliquer ce texte prétextant que les épreuves orales du DNB font partie des “missions liées” des enseignants car elles sont organisées sur place et qu’elles ne concernent que les élèves de leur collège », rappelle le Snes de Rennes. « L’oral du DNB est pourtant l’une des épreuves obligatoires d’un examen national (arrêté du 31/12/2015). Les examinateurs peuvent à ce titre exiger une convocation écrite nominative tenant lieu d’ordre de mission et précisant les dates, lieu et heures de la mission et la rémunération de participation à un jury d’épreuve orale (taux 1), soit 4,11 euros de l’heure (arrêté du 13/03/2012)…Il s’agit ainsi d’exprimer clairement le refus d’assumer de manière totalement bénévole cette charge supplémentaire de travail ».
Le Snuep demande une rémunération pour l’oral du chef d’oeuvre
« Aux missions habituelles des PLP (cours, visites de stages, organisation des CCF, surveillances…), s’ajoutent cette année les certifications du chef-d’œuvre et une multiplication des convocations pour faire passer les oraux de CAP des candidat·es hors scolaires dans des CFA… L’oral du chef-d’œuvre nécessite de dédier 15 minutes à chaque candidat·e. Nombre d’enseignant?es sont actuellement contraint?es d’organiser cette épreuve aux dépens des heures d’enseignement. D’autres, pour ne pas priver leurs élèves de cours pendant plusieurs semaines à l’approche de l’examen, organisent cette certification en dehors de leurs heures habituelles de cours. Or contrairement au grand oral de la voie générale et technologique rien n’est envisagé pour rémunérer ce travail supplémentaire : c’est purement scandaleux ». Le SNUEP-FSU « tient à rappeler que les professeur·es de LP ne sont pas des bénévoles ». Il demande » une contrepartie financière dès cette année. »
Bac : Les sujets des spécialités à l’étranger
Découvrez les sujets donnés à Mayotte, en Amérique du Nord en langues, arts, histoire géo, HLP, maths, Physique chimie, SVT etc.
Maitres du privé : Liste d’aptitude des agrégés
Le BO du 19 mai publie une note de service fixant les conditions d’accès à l’agrégation par liste d’aptitude. Elle rappelle les conditions à remplir et l’établissement de la liste d’aptitude.