Jeudi 19 mai, 150 lycéens recevaient Capucine Cousin, autrice de « Netfilx & Cie », et Denis Colombi, auteur de « Où va l’argent des pauvres ? », prix 2020 et 2021 du Prix lycéen du livre de sciences économiques et sociales. En 20 ans, des milliers de lycéens ont fait un voyage dans l’enseignement supérieur en se frottant, avec ce prix, avec la culture savante. Fabien Meynier, animateur, avec Frédéric Desmedt, de ce prix explique pourquoi ce prix est indispensable.
Préparer le passage dans le supérieur
Le ministère a son prix « Lire l’économie ». Les professeurs de SES ont le » prix lycéen du livre de SES ». Quelles différences entre les deux ? « Notre prix est plus ancien », explique Fabien Meynier. « Il est né à l’initiative de professeurs de SES. Mais la vrai différence c’est que l’on propose des ouvrages d’économie mais aussi de sociologie et de science politique. On garde cette dimension pluridisciplinaire propre aux SES. Elle fait la légitimité de ce prix aux yeux des enseignants ».
En 2022, 80 établissements ont participé au prix. Les professeurs ont ouvert des ateliers et les élèves ont lu des livres choisi dans une liste arrêtée par des spécialistes. Ils ont du défendre leur choix. Finalement un vote général a déterminé les gagnants.
Le 19 mai 2022, le prix renoue avec les réunions en présentiel. Deux prix sont remis d’un coup. Capucine Cousin reçoit le prix 2020 pour « Netflix & Cie » chez Armand Colin. Et Denis Colombi a été choisi par les lycéens pour le prix 2021 pour « Où va l’argent des pauvres », chez Payot. Deux ouvrages très sérieux et qui illustrent la pluridisciplinarité des SES.
Quel intérêt pour les élèves ? « Les ouvrages ouvrent des fenêtres sur le programme et les élèves , en les defendant s’entrainent au grand oral », explique Fabien Meynier. « Surtout, on est dans un système où les élèves sont sous la pression constante d’évaluations. Avec le prix ils ont l’occasion de progresser et de comprendre sans être notés. Ils apprennent entre eux. Clairement cela les prépare aux exigences du supérieur. Aucun autre élève que ceux de ce prix ne lit des ouvrages entiers de sociologie ou d’économie. Et comme ils débattent des livres ils sont amenés à trouver les éléments importants des livres. Ils les comprennent. On a là l’occasion de sortir du savoir désincarné issu du bachotage permanent maintenant eu lycée.Les élèves doivent s’approprier le savoir et être capable de le réutiliser devant les autres ».
Défendre ce que sont vraiment les SES
Le prix est aussi une aventure pour les enseignants qui encadrent le prix. « Pour nous c’est l’expérience d’une transmission de savoir sans qu’on intervienne directement. Les élèves s’expliquent les choses. Ils font le lien avec le cours. C’est déjà un grand plaisir », nous dit Fabien Meynier. « Il y en a un autre. Les élèves sont valorisés. Ils sont heureux de participer. Dernier plaisir : avec ce prix nous défendons ce que sont vraiment les SES c’est à dire de l’économie et de la sociologie. On tient à cette richesse, à ce regard pluriel ».
Pourquoi les élèves ont choisi ces deux ouvrages ? « Dans Netflix et Cie ils retrouvent quelque chose qu’ils connaissent. Le livre montre les stratégies de l’entreprise pour devenir un acteur dominant sur son marché. Avec « Où va l’argent des pauvres », les élèves démontent des stéréotypes. Le livre part du présupposé souvent partagé par les élèves que les pauvres gèrent mal leur argent et qu’ils ne sont pas si pauvres que cela. JM Blanquer avait illustré ce stéréotype en parlant des écrans plats achetés avec l’argent de la prime de rentrée. Or le livre montre que , au contraire, les pauvres ont une gestion très rationnelle de leur argent. Mais qu’ils ne s’en sortent pas quand même ».
Finalement les élèves préfèrent les livres d’économie ou de sociologie ? « Cela dépend de leur profil. La sociologie résonne davantage chez eux ». C’est peut-être pour cela qu’on a voulu réformer les SES…
François Jarraud