Election présidentielle
Macron – Le Pen : 14 minutes et quelques annonces pour l’école
On ne parle plus de « nouveau pacte » pour les enseignants. La revalorisation sera pour tous les enseignants a annoncé E Macron le 20 avril lors du débat du second tour. C’est une des annonces d’une soirée électorale qui n’a consacré que 14 minutes à l’école. Assez pour que chaque candidat défende son modèle d’école : ouverture sur l’entreprise pour E Macron, discipline et exclusions définitives pour M Le Pen.
Les enseignants et le second tour
De toutes les catégories sociales, les enseignants ont le privilège d’être la plus éloignée des deux candidats du 2d tour et d’être la plus ciblée par les programmes de ces deux candidats. On comprend que la tentation de voter avec ses pieds soit forte. Mais les enseignants ont aussi la particularité d’avoir une éthique qui doit les pousser à s’opposer au pire. Et qui peut les aider à se préparer à un 3ème tour. Ce ne sera pas celui des législatives mais un tour social, celui des écoles et des établissements.
Claude Lelièvre : Avec Le Pen, la mise sous tutelle des enseignants par les politiques
« Marine Le Pen prévoit une mesure radicalement nouvelle, totalement inédite dans l’histoire de l’école en France : elle veut «reprendre en main le contenu et les modalités des enseignements » et que « le Parlement fixe de façon concise et limitative ce qui est attendu des élèves à la fin de chaque cycle ». Confier cette tâche considérée comme première, à une institution par nature politique n’a jamais été mis en œuvre, ni de près, ni de loin », écrit Claude Lelièvre sur son blog. « Les enseignants devraient donc désormais être les fidèles exécutants de programmes politiques définis foncièrement par le Parlement, et dont « le détail (…) et les labels validant les manuels scolaires relèveront du ministre de l’Education nationale ». Sont ainsi prévus un « renforcement de l’exigence de neutralité absolue du corps enseignant en matière politique, idéologique et religieuse vis-à-vis des élèves qui leur sont confiés », un « accroissement du pouvoir de contrôle des corps d’inspection en la matière », et une « obligation du signalement des cas problématiques sous peine de sanctions à l’encontre des encadrants ». Cette mise sous tutelle directement politique des enseignements serait sans précédent, et cette mise sous surveillance fort inquiétante. Marine Le Pen a indiqué clairement ses objectifs et pris ses responsabilités. A chacune et chacun de prendre les siennes. »
Election : Les Français veulent plus d’argent pour l’Ecole
Interrogés par Ipsos pour la 10ème vague du Cevipof, 63% des Français veulent plus d’argent pour l’éducation et les retraites. Avec la police et les hopitaux ce sont les dépenses publiques plébiscitées. Selon ce sondage auprès de près de 12 000 personnes, E Macron aurait 56% des voix au second tour et M Le Pen 44%. Ce sont ses électeurs et ceux d’E Macron qui sont les plus certains d’aller voter au second tour : 78% des électeurs de Le Pen sont surs d’aller voter contre 58% des électeurs de Mélenchon. E Macron est jugé plus crédible que M Le Pen sur la guerre en Ukraine, la croissance économique ou l’environnement quand M Le Pen l’est sur l’immigration et el pouvoir d’achat. Les FRançais restent pessimistes sur cette élection : 57% des Français pensent que la situation en France se dégraderait en cas d’élection de M Le Pen et 48% encas d’élection d’E Macron.
Les enseignants sous le joug de l’extrême droite
» Sous un discours de maintien du statut de la Fonction publique face à Macron qui le menace, Marine Le Pen entretient le leurre d’une préservation. Mais si elle est attachée au principe du statut, ce n’est pas pour l’équilibre des droits et des obligations affirmé par la loi de 1983 mais pour en faire l’instrument de la contrainte », écrit Paul Devin sur son blog. » Elle a annoncé vouloir inscrire une contrainte absolue du fonctionnaire dans la loi : il s’agira de s’assurer qu’ils soient « les fidèles exécutants des programmes politiques »… C’est le retour aux principes du statut de 1941 qui proclamait l’obéissance du fonctionnaire comme une vertu… C’est la logique même de la conception de l’État pour l’extrême-droite qui conduira à la réduction des droits des fonctionnaires… Elle en aura la nécessité pour prévenir toute réticence quand il s’agira d’exiger que les agents, contre leurs volontés égalitaires, pratiquent la préférence nationale en matière de logement ou d’accès à l’emploi et de logement ou enseignent des conceptions nationalistes et discriminantes. » Pour aller dans le sens de P Devin, le programme éducation de M Le Pen est explicite sur la surveillance et les menaces sur les enseignants. Son parti parle de rétablir l’autorité des professeurs. Il oublie de parler de l’autorité sur les professeurs. Le programme promet pourtant une belle chasse aux sorcières. M Le Pen veut « le renforcement de l’exigence de neutralité absolue des membres du corps enseignant en matière politique, idéologique et religieuse ». Elle annonce donc « l’accroissement du pouvoir de contrôle des corps d’inspection en la matière et l’obligation de signalement des cas problématiques sous peine de sanctions à l’encontre des encadrants ». Une police de la pensée, elle même menacée si elle s’avère trop laxiste, s’abattrait sur les enseignants pour les aligner sur l’ordre nouveau instauré par le parti.
Une intersyndicale contre le vote Le Pen
« L’extrême droite a une vision réactionnaire et antirépublicaine de l’école : la mise en œuvre de son programme aurait des effets terribles », estiment l’Unsa éducation, la Fsu, Sud, la Cgt et le Sgen Cfdt. Tous cinq ont ouvert un site commun de mobilisation contre l’extrême droite. « L’extrême-droite ne condamne jamais l’insuffisance des moyens, ni ne parle de la dégradation des conditions de travail. Jamais elle ne porte un regard critique sur les inégalités scolaires et sociales des élèves qui n’ont cessé de se renforcer. On ne trouve rien dans les programmes d’extrême droite qui permettrait de résoudre les fragilités actuelles du système éducatif. »
Le Sgen Cfdt appelle à voter Macron
« Au regard de ce qui nous fonde, au regard du programme de Marine Le Pen et du Rassemblement national, FHaine, nous ne sommes pas à l’heure du choix pour un programme politique. Nous sommes à l’heure de défendre les principes démocratiques, l’Etat de droit, à l’heure de refuser l’instauration de la discrimination légale », écrit Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen Cfdt. « Leur projet de société est foncièrement réactionnaire, discriminatoire et attentatoire aux institutions qui préservent les libertés individuelles et collectives. Leur objectif est bien de soumettre très rapidement par référendum une loi qui instaurera la discrimination légale entre français et étrangers dans l’accès au logement, à l’emploi, aux aides sociales, à un certain nombre de services publics. Ce projet de société est totalement incompatible avec notre projet pour l’école… Empêcher que le projet réactionnaire du Rassemblement national, empêcher que ces idées nauséabondes accèdent au pouvoir ou soient trop proches de l’être, ne peut passer aujourd’hui que par le vote Emmanuel Macron : un vote de défense de la démocratie, de valeurs fondamentales d’égalité, de justice sociale, de refus des discriminations ».
La Cgt Education prépare l’après 24 avril
« Le projet d’École que nous propose le RN est un projet rétrograde qui représente un danger pour l’École publique, pour la liberté pédagogique, la liberté d’expression des personnels et surtout pour nos élèves, en particulier celles et ceux issu·es de l’immigration », écrit la Cgt Education. Elle ajoute : « le projet de Macron constitue l’aggravation de ce qui nous a été imposé pendant 5 ans : tri social à tous les étages, renforcement des hiérarchisations intermédiaires, renforcement de la concurrence entre établissements, destruction du caractère national des diplômes.. Quelle que soit l’issue de ces élections, les personnels de l’Éducation, par leur détermination, auront à imposer leurs revendications, que ce soit en matière de salaire, de conditions de travail, de moyens ou de projets éducatifs. »
FO : Pas de consigne de vote
« Attachée à l’indépendance syndicale, la FNEC FP-FO, avec sa Confédération, ne donnera aucune consigne de vote à l’occasion du 2ème tour des élections présidentielles, comme au 1er tour », écrit FO Education. « Alors que le Président-candidat Macron en appelle à un « grand mouvement d’unité nationale », la FNEC FP-FO rappelle qu’elle ne s’engagera dans aucune politique d’accompagnement ou « d’union sacrée » avec le prochain gouvernement ». Selon un sondage, 20% des adhérents de la fédération nationale FO votent pour M Le Pen.
Le Snuipp Fsu dénonce « l’imposture » du programme du RN
» Le programme de Marine Le Pen, que ce soit sur les questions scolaires, climatiques ou plus largement sociales et sociétales, est profondément réactionnaire et dangereux à bien des égards », écrit le Snuipp Fsu qui analyse 5 points précis. Pour l’Ecole, le Snuipp annonce une école de la sélection, « sans ambition pour les classes populaires ». Su rle pouvoir d’achat le Snuipp lance le mot « imposture ». » Marine Le Pen n’adopte aucune mesure de justice sociale via une fiscalité de taxation des plus riches. Son programme ne dit rien sur le rétablissement de l’ISF, la taxation des dividendes ou des flux financiers ; au contraire, elle entend bien poursuivre la baisse des impôts de production des entreprises. Le projet de Marine Le Pen est une imposture sociale. »
Politique ministérielle
Ecole Pasteur : Une affaire politique ?
« Il y a une certaine porosité entre les milieux d’extrême droite et une certaine manière de gérer la situation dans l’éducation ». Benoît Teste, secrétaire général de la Fsu, est venu soutenir les enseignants de l’école Pasteur de Saint Denis (93) en grève contre 6 mesures de déplacements d’office. Le 20 avril, parents , enseignants et soutiens se sont retrouvés près du ministère de l’éducation nationale pour demander des comptes à JM Blanquer.
Bac : Le Snes demande des décharges
» A moins d’un mois des épreuves de spécialité, les règles de la session 2022 du bac sont toujours soumises aux interprétations locales fluctuantes. Seule certitude, le ministère n’a pas pris la mesure du travail que cela représente », relève le Snes Fsu. » Il demeure beaucoup de flou sur le niveau d’exigence comme sur les modalités de correction. Par exemple, si les attestations de langues vivantes sont supprimées pour cette session, de nombreux inspecteurs considèrent bizarrement que l’épreuve orale d’enseignement technologique en langue vivante (ETLV) doit malgré tout se tenir au nom même de l’existence de l’attestation… On voit mal comment pourront être menées de front toutes ces réunions, les corrections, les épreuves orales, pratiques et expérimentales, tout en continuant les cours. Et ce d’autant plus que le doublement des sujets afin de permettre l’organisation de l’examen écrit sur moins de trois jours, complexifie les corrections ». Le Snes demande des décharges de cours. Pour le Snes Fsu, » Les élèves de Terminales libérés pour des révisions dès le 9 mai ne pourront en réalité jamais retrouver un emploi du temps stable. Les enseignants convoqués pour les examens ne pourront pas plus assurer leurs cours auprès des autres niveaux. »
Bac : L’Unsa demande aussi des décharges
« À quelques semaines du début des épreuves de spécialités (EDS), programmées du 11 au 13 mai, le ministre Blanquer brille par son silence sur le sujet de la reconnaissance de la charge de travail que représentent la correction des copies et l’organisation des épreuves pratiques et orales. Tout est laissé à la main des recteurs et des chefs d’établissement avec de prévisibles différences de traitement pour les enseignants concernés », écrit le Se Unsa. « Si rien ne bouge, la session 2022 marquera un recul en termes de reconnaissance du travail induit par le baccalauréat. Pour la session précédente des EDS (qui n’a finalement pas eu lieu pour cause de Covid), les organisations syndicales avaient obtenu 6 heures libérées ». Le Snes a également demandé des décharges pour ces épreuves.
De futurs professeurs pas payés depuis 6 mois
Selon 76 actu, près de 200 étudiants inscrits à l’Inspé de Rouen ne sont pas payés pour les stages réalisés dans les écoles et établissements. On leur doit environ 700€ depuis octobre. Une somme qui met en difficulté des étudiants au budget très serré. Selon le rectorat un quart des sommes dues a été versé. Pour les 3 quarts il faut attendre…
Métier enseignant
Les AED percevront l’indemnité Rep et Rep+
C’est une victoire importante pour Sud. Le syndicat avait saisi le conseil d’Etat du fait que, à la différence par exemple des CPE, les AED exerçant en Rep et Rep+ ne percevaient pas l’indemnité Rep/Rep+. Dans un arrêt rendu le 12 octobre (n°452547), le Conseil d’Etat a nettement donné tort au gouvernement. « Il ressort des pièces du dossier que, au regard de la nature de leurs missions et des conditions d’exercice de leurs fonctions, les assistants d’éducation servant dans les écoles ou établissements relevant des programmes REP+ et REP sont exposés à des sujétions comparables à celles des personnels titulaires et contractuels bénéficiant de l’indemnité de sujétions », estime le Conseil. « Par suite, en excluant les assistants d’éducation des catégories de personnels bénéficiant de cette indemnité de sujétions, le pouvoir réglementaire a créé une différence de traitement sans rapport avec l’objet du texte qui institue cette indemnité et a méconnu, ainsi, le principe d’égalité. Il en résulte que la Fédération Sud Education est fondée à demander l’annulation pour excès de pouvoir de la décision qu’elle attaque ». Le Conseil d’Etat « enjoint au Premier ministre de modifier les dispositions réglementaires relatives à l’indemnité de sujétions en faveur des personnels exerçant dans les écoles ou établissements relevant des programmes » Réseau d’éducation prioritaire renforcé » et » Réseau d’éducation prioritaire « , conformément aux motifs de la présente décision, dans un délai de six mois à compter de la notification de cette décision ».
Hausse du minimum de traitement dans la fonction publique
Alors que les enseignants attendent un dégel du point fonction publique annoncé mais pas réalisé, le conseil des ministres a adopté un décret relevant le minimum de traitement dans la fonction publique. Le décret est paru ce matin au JO du 21 avril. A compter du 1er mai le minimum de traitement est porté à 1649,48€ bruts correspondant à l’indice 352 pour tenir compte de la hausse du SMIC (+2.65%). Cette mesure touchera 694 000 fonctionnaires.
Premier degré : Extension de l’indemnité différentielle
Un décret publié au JO du 20 avril étend le bénéfice de l’indemnité différentielle aux professeurs des écoles et professeurs des écoles-psychologues scolaires en détachement ou ayant intégré le corps des psychologues de l’éducation nationale ainsi qu’aux professeurs des écoles de Mayotte, anciens instituteurs, recrutés par concours externe.
Royaume-Uni : Les enseignants travaillent 57 heures par semaine
Selon un sondage du NASUWT, un syndicat enseignant britannique, 91% des enseignants ont vu leur temps de travail augmenter cette année. Les enseignants travailleraient 57 heures par semaine dont 15 heures en dehors des établissements scolaires. En 2021 une enquete analogue concluait à 46 heures de travail hebdomadaire. L’augmentation du temps de travail serait due à davantage de tâches administratives, d’évaluations, de préparations pour ‘lenseignement à distance. Cette publication arrive quelques jours après une autre enquête annonçant que la moitié des enseignants britanniques souhaitent quitter l’enseignement dans les 5 années à venir.
Genève désavoue le numérique
Selon la RTS, la commission des travaux du Grand conseil genevois, le parlement du canton de Genève, a refusé un projet de loi déposé par gouvernement du canton (le « Conseil d’Etat ») visant à équiper les établissements d’enseignement de tablettes et d’ordinateurs pour un investissement d e9 millions de francs suisses. C’est la seconde fois depuis 2019 que la commission recale un projet d’équipement nuémrique pour les écoles. Le ministère de l’éducation du canton demandait ce matériel pour permettre l’éducation nuémrique inscrite au plan romand d’éducation. Le texte doit maintenant passer en séance au Grand conseil.
La crise du recrutement fait monter les salaires des enseignants
Le Café pédagogique le signalait récemment : la moitié des enseignants américains envisagent de partir dans les deux ans. Et le niveau des salaires a à voir avec ces projets. Le New York Times annonce des hausses importantes des salaires enseignants dans plusieurs états. Ainsi au Nouveau Mexique la hausse et de 20%. Elle est de 10% au Mississippi. En Alabama elle sera de 4 à 21% selon les cas. « On ne devient pas professeur pour devenir riche. Mais les enseignants devraient pouvoir élever leurs enfants décemment », témoigne une enseignante dans le NY Times. Ces hausses de salaire sont une réponse à la crise de recrutement. Elles sont aussi possibles grâce à la forte hausse du soutien fédéral au système éducatif.
La moitié des professeurs britanniques malades le trimestre dernier
Selon une étude menée par le NASUWT, un syndicat enseignant britannique, la moitié des professeurs ont attrapé le covid lors du dernier trimestre. Un quart des enseignants ont du aller travailler alors même qu’ils pensaient avoir le covid. 7% ont du retourner travailler avant la fin du délai de quarantaine. Le syndicat souligne que l’épidémie continue dans les écoles.
Etats-Unis : La moitié des enseignants veut partir dans les deux ans
C’est une profession « désillusionnée, croulant sous le travail, sous payée et déconsidérée ». Ce bilan concerne le métier enseignant aux Etats Unis. Une étude faite par le Merrimack College auprès de plus d’un millier d’enseignants américains pour la revue Edweek décrit une crise profonde du métier enseignant qui nous rappelle quelque chose. Seulement 12% des enseignants se déclarent satisfaits. Plus de 40% veulent quitter le métier dans les deux ans. La revue souligne que depuis deux ans les enseignants sont au coeur des polémiques du fait de la politique contre le covid d’une part et des lois interdisant de parler de race ou de genre. Aujourd’hui seulement 35% des enseignants estiment qu’ils sont bien payés. Ils se plaignent de manquer de liberté pédagogique : seulement 37% estiment avoir une influence sur ces domaines clés. Selon l’étude, ils sont en surcharge de travail mais avec des différences qui tiennent à l’histoire raciale du pays. Les enseignants hispaniques travaillent 42 heure spar semaine, les « blancs » 53 et les « noirs » 65h.