L’histoire n’est pas écrite. L’histoire c’est des hommes et des possibles. Pour illustrer cela, Olivier Fournil, professeur d’histoire-géographie au lycée Darius Milhaud du Kremlin Bicêtre et IAN, a créé un jeu sur un moment particulier de l’histoire de France : juin 1940. Un moment où les options s’affrontent et où la responsabilité des acteurs.
Etre une acteur du passé
C’est rare de trouver un jeu adapté à la classe de terminale. Olivier Fournil propose un jeu réalisé un peu à la manière du « livre dont vous êtes le héros », sur les journées décisives de juin 1940. A la tête du pays qui sombre sous les coups de boutoir de l’armée allemande, Reynaud, Pétain, Weygand, de Gaulle doivent prendre des décisions. Olivier Fournil invite les élèves à endosser le costume ou l’uniforme de ces acteurs et à découvrir ce qui s’en suit.
« A l’origine du jeu, le programme de terminale avec son chapitre sur « Juin 1940 , arrêter ou continuer la guerre ». L’intitulé invite à envisager une alternative. C’est ce que mon jeu propose car l’élève joue le rôle d’un acteur de cette époque », nous dit Olivier Fournil. Pour lui, il s’agit de s’opposer à une version téléologique de l’histoire où tout serait écrit. « J’ai essayé de montrer que les acteurs que rencontrent les élèves dans le jeu n’ont pas un rôle tout écrit. La situation reste ouverte ».
Une réflexion sur l’histoire
Pour O Fournil, l’idée est bien de réfléchir aux choix des acteurs dans l’histoire. « On réfléchit aussi du coup aux contraintes qu’ils rencontrent. Par exemple le réduit breton envisagé par de Gaulle devient vite impossible à réaliser devant l’avance des Allemands. En resituant dans le jeu les acteurs et ces contraintes, on voit leur poids. Cela relativise les jugements anachroniques qu’on entend parfois ».
Finalement cela mène une réflexion sur l’histoire enseignée : c’est une chronologie ou des possibles ? « Le jeu n’est pas totalement ouvert », explique O Fournil. « L’élève réagit à des choix mais la trame historique est respectée car l’objectif est bien que l’élève apprenne le déroulement des faits. Il se termine par un épilogue qui donne la réalité des faits tout en montrant qu’il y avait d’autres possibilités ».
L’engagement, moteur d’apprentissage
Comment passer du jeu à l’institutionnalisation des connaissances ? « Les élèves complètent une fiche. Mais c’est le point de départ d’une discussion avec le professeur et la classe. Cette phase de mutualisation doit tout de suite suivre la fin du jeu pour que l’institutionnalisation s’appuie sur l’expérience des élèves », explique O Fournil.
Ce jeu participe au Mooc HG8, une initiative de formation par les pairs qui met en valeur des projets conduits par des professeurs. D’autres jeux sont proposés dans le même cadre.
Laissons à O Fournil le mot de la fin. « J’ai trouvé passionnant de réaliser ce jeu. C’est aussi une expérience pour moi. Surtout, ça m’intéresse que les élèves vivent une expérience d’une situation historique qui favorise leur engagement ».
Propos recueillis par François Jarraud