JM Blanquer annonce aujourd’hui aux syndicats les allègements apportés au protocole sanitaire à la rentrée des vacances de février. L’hypothèse pourrait paraitre incongrue quand on compte plus de 400 000 élèves officiellement contaminés la semaine dernière et quand on a des taux d’incidence moyens dans les écoles et établissements au dessus de 4000. Mais le premier ministre a annoncé des allègements le 20 janvier. Il reste à les délimiter. Et surtout à les justifier…
Une promesse gouvernementale
« La situation commence à évoluer plus favorablement », a expliqué Jean Castex le 20 janvier. Le premier ministre a souligné la baisse des contaminations avec Omicron dans les régions où il est apparu en premier comme l’Ile de France et le fait qu’Omicron est « moins sévère que ses prédécesseurs ». Il a alors promis des allègements du protocole sanitaire scolaire pour la rentrée de février. Depuis, le 2 février, le Conseil des ministres a acté des allègements en dehors de l’Ecole.
Quelles sont les pistes du gouvernement? Elles ont été annoncées par Jean Castex le 20 janvier. Il a évoqué l’arrêt du port du masque en classe en école élémentaire. Il a aussi mentionné la diminution du nombre de tests pour les cas contacts.
Quelles pistes ?
Si elles sont confirmées ces mesures correspondraient au retour des écoles au niveau 1 du protocole, avec un port du masque maintenu dans le second degré seulement. Un retour au niveau 2 semble plus probable avec le port du masque en classe mais pas forcément en extérieur. Le niveau 2 réduirait aussi les exigences en ce qui concerne le brassage des élèves, notamment dans les cantines. Certaines ont du fermer car elles ne pouvaient pas s’adapter au niveau 3. Les activités d’EPS pourraient se faire en intérieur, sauf sports de contact.
Une interrogation porte aussi sur les tests. Aujourd’hui les écoliers sont isolés 5 jours en cas de test antigénique ou PCR positif et les cas contacts doivent faire 3 autotests à J0, J2 et J4. Le Conseil scientifique penche plutot pour des tests systématiques que réactifs. Dans un avis du 8 décembre, il expliquait que » le contrôle par le dépistage itératif systématique pourrait être plus efficace, bien que lui aussi difficile au plan opérationnel, et présenterait l’avantage de dépister les asymptomatiques et pré-symptomatiques. La question de sa généralisation pour la rentrée de janvier 2022 devra se poser, comme elle est réalisée dans de nombreux autres pays européens ». Le Conseil n’a pas été écouté en janvier. Il est fort possible qu’il ne le soit pas non plus en février et que le gouvernement réduise le nombre des tests à 2 voire un seul.
Quelles conséquences pour les personnels ?
Cela sera t-il suffisant pour alléger le travail des directeurs et CPE et des enseignants ? Les premiers passent beaucoup de temps à gérer les départs et retours des élèves.Ils sont devenus des administratifs du sanitaire, alors que ce n’est aps leur role. Les seconds ne savent plus comment enseigner et évaluer avec des classes dont la composition varie de jour en jour, voire d’heure en heure. Pour les syndicats, un retour à la normale pour ces personnels est l’urgence première. Or aucun allègement de protocole ne changera significativement les choses. Pour rendre vivable le covid il aurait fallu en amont recruter des administratifs et des remplaçants, ce qui n’a pas été fait. Heureusement pour le gouvernement, les vacances arrivent.
Une nouvelle politique sanitaire dictée par la politique
On sait depuis la réunion sanitaire du 25 janvier que le gouvernement ne cherche plus à bloquer l’épidémie dans les écoles et établissements. Il cherche à maintenir le plus possible d’enfants à l’école. Il s’y autorise car le variant Omicron génère moins de formes graves. Mais celles ci existent quand même encore. On a ainsi un PIMS pour 4000 cas, ce qui ferait environ 500 jeunes scolaires malades chaque semaine de façon durable et grave.
Parce que l’épidémie est loin d’être terminée. Le gouvernement a mis l’accent dès janvier sur la baisse des contaminations. Elle est réelle et générale. Mais il y a encore eu 410 741 élèves contaminés la semaine dernière. Les taux d’incidence dans le monde scolaire ont bien baissé. Mais ils restent très élevés car ils baissent très lentement. Ainsi les taux moyens le 3 février étaient de 4876 en école élémentaire, 5289 au collège et 4949 au lycée. Le 20 janvier ils étaient de 5331, 5371 et 5971. A ce rythme de baisse il faudrait des mois pour un éventuel retour à des niveaux inférieurs à 100.
Les allègements qui seront probablement décidés aujourd’hui ne seront donc pas un pari sur l’épidémie. Ils seront un choix politique dans un contexte électoral, avec une population qui a soif d’un retour à la normale.
François Jarraud