L’Ecole d’après…
E Macron lie la revalorisation à des contreparties
L’Ecole a été évoquée dans le long entretien donné par E Macron à TF1 le 15 décembre. Pour le président de la République les réformes scolaires ont été une « révolution ». Il souhaite poursuivre la revalorisation mais en échange de contreparties sur le métier enseignant. Rien qui pourrait remobiliser à voter pour lui.
Jean Castex installe à Marseille l’école d’après
Il y a l’école primaire actuelle. Celle de la loi Rilhac dotée d’un directeur mini chef d’établissement. Et il y a l’expérimentation à Marseille de l’école primaire telle qu’Emmanuel Macron la veut et peut-être la fera s’il est réélu. C’est celle là que Jean Castex est venu mettre en route à Marseille, le 14 décembre, avec JM Blanquer. Il a annoncé un soutien de l’Etat plus élevé qu’annoncé, à hauteur de 400 millions, pour la rénovation des écoles. Mais il a surtout préparé le lancement, à la rentrée 2022, des écoles gérées par des managers choisissant leurs professeurs. Le modèle libéral imposé en septembre par E Macron en échange de l’aide de l’Etat se met en place. Mais il est déjà fortement tempéré par le terrain et l’action syndicale.
Carte scolaire : Les comptes fantastiques de la rue de Grenelle
A quelle discipline appartient la constitution des cartes scolaires ? A la froide comptabilité budgétaire ? Ou à la littérature d’imagination ? Pour la rue de Grenelle c’est tout choisi. Après un premier essai littéraire l’année dernière, le ministère préfère parler « moyens d’enseignement » plutôt que « postes ». En année électorale, la gestion a rendez vous avec la lune. La réalité c’est que c’est le premier budget sans création de postes au primaire, ce qui oblitère la « priorité au primaire » tant répétée par le ministre. Et que les académies comptant le plus d’élèves défavorisés sont désavantagées dans le partage des « moyens », ce qui oblitère la « priorité au social »…
La Cour des Comptes fait campagne sur l’Ecole
Annualiser les services, regrouper les écoles primaires avec les collèges dans des « écoles du socle » avec un chef d’établissement évaluant seul les enseignants et ayant une large autonomie, uniquement tempérée par des évaluation et un pilotage par les résultats : voilà résumées les nouvelles propositions de la Cour des Comptes. Douze jours après un rapport sur le remplacement des enseignants qui n’est pas passé inaperçu, la Cour relance le débat sur l’Ecole. Elle le fait en pleine campagne électorale. Chargée de vérifier les comptes et de conseiller le pouvoir, la Cour des Comptes entend maintenant peser sur les élections et faire le pouvoir. Le désordre au sommet de l’Etat ?
Le Sénat s’attaque aussi à l’organisation du système scolaire
Alors que la Cour des Comptes publie une Note sur l’organisation du système scoalire, le Sénat lance une « consultation » auprès des élus locaux » afin de connaître leur perception d’un système scolaire français dont ils sont devenus des financeurs et des acteurs majeurs depuis l’adoption des premières lois de décentralisation. « A quelques mois d’échéances électorales majeures, le Sénat souhaite entendre la voix des élus sur notre organisation scolaire territoriale, désormais à la croisée des chemins. Notre système scolaire parvient-il mieux qu’hier à répondre aux spécificités des territoires ? Quel est l’état des relations entre les acteurs locaux et les services de l’État en général et de l’Éducation nationale en particulier ? » précise Laurent Lafon, Président de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
La loi Rilhac définitivement adoptée
« C’est une loi historique… un moment particulièrement important ». Le 13 décembre, l’Assemblée nationale a adopté définitivement la loi Rilhac sur les directeurs d’école par 48 voix pour et 5 contre. Le Sénat et l’Assemblée avaient trouvé un accord en commission mixte paritaire. « La dimension de reconnaissance juridique que représente la loi vient ajouter quelque chose », a poursuivi JM Blanquer. « Désormais chacun comprend qu’il y a dans le code de l’éducation quelque chose qui définit le directeur et qui lui permet de prendre les décisions au quotidien ». Effectivement ce que ni Fillon, ni Robien, ni Chatel n’ont réussi, JM Blanquer l’a fait. A l’école républicaine gérée par les professeurs succède une école avec un chef d’établissement sans statut protecteur et sans moyens. Ce n’est pas l’autonomie locale que renforce cette loi mais le regard et le controle de la hiérarchie.
Remplacement : Le ministère publie le texte sur les AED
Les assistants d’éducation(AED) pourront faire des heures supplémentaires. Et celles-ci seront payées 13.11€, annonce le JO du 16 décembre. Ainsi se termine un affrontement assez grave entre le ministère et les syndicats. Le 19 novembre tous les syndicats (Fsu, Unsa, Sgen Cfdt, Cgt, Snalc) avaient refusé de siéger en CTM contre ce texte présenté inchangé par le ministère. C’est que ces heures supplémentaires des AED sont la réponse du ministère à la question du remplacement. En cas d’absence d’un professeur, le ministère prévoit que les élèves assistent à une vidéo du CNED sous la garde d’un AED. Il s’agit d efaire croire aux parents qu’il y aun remplacement des enseignants. Mais les syndicats pensent aussi qu’il s’agit de remplacer des professeurs de façon durable en demandant à des enseignants de faire cours à distance à plusieurs établissements comme cela se pratique déjà pour des langues « rares ».L apublication de ce texte rejeté en CTM montre le peu de cas que fait le ministre des syndicats.
L’Education nationale rend 75 millions au budget
Normalement un ministère demande toujours davantage de crédits. L’Education nationale annule 75 millions de dépense dans la cadre d’un programme d’économies de 9 milliards décidé par le gouvernement.
L’article 41 de la loi 3DS adopté
« Afin d’assurer une meilleure articulation entre les responsables des établissements d’enseignement du second degré et les collectivités territoriales auxquelles ces établissements sont rattachés.., la convention mentionnée à l’article L. 421-23 du code de l’éducation prévoit les conditions dans lesquelles l’organe exécutif de la collectivité territoriale exerce, au titre des compétences qui lui incombent, l’autorité fonctionnelle sur l’adjoint du chef d’établissement chargé des fonctions de gestion matérielle, financière et administrative, dans le respect de l’autonomie de l’établissement ». L’amendement gouvernemental a été adopté le 16 décembre malgré l’opposition unanime des syndicats. L’Unsa, qui syndicalise de nombreux personnels de direction et gestionnaires, réagit avec ses syndicat A&I et Snpden. « En effet, l’organisation actuelle des relations entre la collectivité et les établissements permet parfaitement d’agir dans le sens voulu », affirment les syndicats qui s’insurgent contre l’autorité fonctionnelle. « Laisser penser que le blocage viendrait de l’absence de pouvoir sur les gestionnaires est bien trop simpliste et ô combien méprisant pour les personnels engagés en ce sens. C’est pourquoi, sur cette argumentation peu fondée, venir déstabiliser profondément les collèges et les lycées, ce modèle des EPLE qui en 35 ans a fait la preuve de son utilité est une erreur majeure. » Les syndicats demandent au gouvernement et à la majorité de revenir sur ce vote.
Forte poussée du hors contrat en 2021
S’il reste très minoritaire, le privé hors contrat connait une hausse sensible du nombre d’élèves, révèlent deux études de la Depp publiées le 15 décembre. Les effectifs du premier degré connaissent une baisse sensible dans le premier degré alors qu’il restent stables dans le 2d degré.
Covid
Covid : L’école appelle à l’aide
« Nous vous demandons solennellement de prendre en urgence toutes les mesures nécessaires pour endiguer l’épidémie au sein des écoles ». Tous les syndicats du 1er degré (sauf FO) appellent ensemble le premier ministre à intervenir. Alors que le ministère de l’éducation nationale minimise la crise sanitaire, l’épidémie atteint un niveau inédit dans les écoles, mettant en danger les enfants et leurs familles et contribuant largement à la diffusion du covid. L’inaction du ministre de l’éducation nationale, avec le maintien d’un protocole allégé, tourne à la faute. C’est la rentrée de janvier qu’il est urgent de préparer.
Le conseil scientifique covid demande à nouveau un dépistage systématique dans les écoles
« Lorsque l’incidence est élevée, l’application de la stratégie de dépistage réactionnel pose des difficultés opérationnelles (très nombreux dépistages à organiser), et a un impact limité sur la transmission dans les classes car le dépistage intervient trop tardivement. Le nombre de classes fermées est par contre réduit », écrit le conseil scientifique Covid dans un avis du 8 décembre qui vient d’être publié. « Le contrôle par le dépistage itératif systématique pourrait être plus efficace, bien que lui aussi difficile au plan opérationnel, et présenterait l’avantage de dépister les asymptomatiques et pré-symptomatiques. La question de sa généralisation pour la rentrée de janvier 2022 devra se poser, comme elle est réalisée dans de nombreux autres pays européens ». Il invite à « freiner la circulation majeure du virus à l’école avant les fêtes », tout en reconnaissant que le protocole est inefficace. Le conseil montre aussi avec quelle rapidité le nouveau variant Omicron se répand. Il donne deux exemples dont un avec des scolaires. « Deux clusters liés au variant Omicron retiennent particulièrement notre attention : le premier a eu lieu dans un restaurant d’Oslo en Norvège le 26 novembre, le second à l’occasion d’une soirée d’étudiants à Viborg, au Danemark. Pour le premier cluster, 70 des 120 personnes doublement vaccinées présentes à un repas de Noël ont été infectées, ainsi que 50 autres personnes venues dans le même restaurant. Pour le second cluster, il s’agissait de lycéens, et 53 des 150 participants ont été infectés lors de la fête. Ces clusters démontrent que le variant Omicron est capable de se transmettre très efficacement dans des populations vaccinées, à l’occasion d’évènements rassemblant en lieux clos des personnes ne portant pas de masques, et parlant fort, criant, ou chantant. La survenue de clusters de grande taille en début d’épidémie (ici liée au variant Omicron), joue un rôle d’accélérateur majeur dans la propagation de l’épidémie (Lloyd-Smith, Nature, 2005), et peut faire perdre de précieuses semaines de préparation face à l’épidémie ».
Covid : L’école anglaise mise sur les tests systématiques et les détecteurs de CO2
« Cinq moyens par lesquels nous protégeons l’éducation contre le variant Omicron ». Sous ce titre, le ministère de l’éducation britannique présente les nouvelles règles installées alors que Omicron se répand très rapidement dans le pays. On notera la politique de tests : les personnels d’éducation et les élèves du second degré doivent se tester eux mêmes à la maison deux fois par semaine, qu’ils aient des symptômes ou pas. Toute personne contact doit se faire tester chaque pour pendant 7 jours. Cela concerne aussi bien les personnes double vaccinées que les enfants de 5 à 18 ans. L’autre pilier du dispositif ce sont les capteurs de CO2 : 300 000 capteurs ont déjà été distribués dans les écoles. Le ministère a ouvert un site d’achat de purificateurs d’air à prix réduit.
Métier enseignant
Le bide de préau
Les remarques acerbes pleuvent sur Préau. Ce « comité d’entreprise » de l’éducation nationale où il faut payer d’abord pour ensuite accéder à pas grand chose fait réagir les enseignants sur les réseaux sociaux.
Trois syndicats quittent les négociations salariales de la Fonction publique
» Nous récusons par avance l’idée que nous pratiquerions ainsi la politique de la chaise vide puisque pour l’instant, c’est le gouvernement qui pratique une telle politique s’agissant des négociations salariales ». La Fsu, la CGT et Solidaires ont quitté la table de négociations sur les salaires des fonctionnaires le 9 décembre. Ils accusent le gouvernement de faire la sourde oreille aux demandes des fonctionnaires. « De votre déclaration en ce début de réunion, il apparaît que vous n’avez entendu aucun des points (qui figuraient dans un courrier envoyé par les 3 syndicats) et que les agent-es publics ne verront donc pas collectivement leur situation s’améliorer avant la fin de ce quinquennat… Comme nous avons pu le dire, le cadre de ce que vous avez pompeusement nommé « conférence sur les perspectives salariales » et qui n’a selon vos propres propos pas vocation à aboutir à des mesures concrètes avant la fin du quinquennat, ne correspond en rien à nos attentes ni celles des agent-es publics que nous représentons ». Les 3 syndicats cessent leur participation à la conférence salariale « qui n’a de salariale que son titre ». Les 3 syndicats demandent, avec FO, une augmentation des salaires. Rappelons que pour les enseignants, 245 millions de prime annuelle d’attractivité sont prévus touchant 58% des enseignants, soit près d’un demi million de personnes.
Les indemnités des directeurs et des conseillers pédagogiques réévaluées
Deux arrêtés publiés aux JO des 11 et 12 décembre réévaluent l’indemnité des directeurs d’école et des conseillers pédagogiques du 1er degré. Les directeurs d’école voient leur indemnité annuelle de sujétion spéciale augmentée d’environ 200€. Pour une école de 1 à 3 classes elle passera en 2022 de 2245€ à 2470€, de 2445 à 2670€ pour une école de 4 à 9 classes et de 2645 à 2870€ pour une école de 10 classes et plus. L’indemnité de fonctions des conseillers pédagogique du 1er degré passe de 1000 à 1500€.
Calendrier des dossiers de mobilité et d’avancement
Le BO du 9 décembre publie le calendrier des opérations de mobilité et d’avancement en 2022 pour les personnels du 2d degré. La Note rappelle les règles de constitution et d’examen des demandes.
Professionnel : Des syndicats dénoncent la dérégulation des PFMP
Les PFMP sont les périodes de formation en entreprise que les élèves de l’enseignement professionnel effectuent dans le cadre de leur diplôme. « le ministère porte le projet de déréguler complètement les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) au mépris de nos statuts, des textes législatifs et réglementaires existants et de nos conditions de travail », alarment 5 syndicats de l’enseignement professionnel : le Snuep Fsu, la Cgt, le Snalc, Sud et la Cnt. Ils dénoncent « une attaque frontale contre les PLP et plus précisément contre les PLP d’enseignement général qu’il s’agirait de « contraindre dans une nouvelle circulaire » à suivre les élèves en PFMP ». Le ministère s’appuierait sur le rapport de B Abraham, JM Des prez e D Michel qui préconise notamment « d’élaborer un référentiel harmonisant les protocoles de mise en oeuvre des PFMP ». » Sans doute inspiré aussi par l’épisode sanitaire, le ministère a proposé plusieurs pistes : mettre en place des départs différés, filés ou chevauchés, donner la possibilité aux élèves d’effectuer leur PFMP sur une ou deux journées par semaine, ou encore de les accomplir sur les périodes de vacances scolaires dans certains cas. Par ailleurs, il remet en cause le découpage en séquence des stages. Ces dérégulations sont une attaque sur notre statut et serviraient de cheval de Troie à l’annualisation des services des PLP », écrivent les syndicats qui « alertent » les enseignants des LP.
Bac : Les syndicats ne désarment pas
« Depuis la rentrée 2021, dans de nombreux lycées et collèges, la mobilisation intersyndicale contre le PLE, pour garantir la liberté pédagogique des enseignantes et des enseignants, traduit l’attachement des personnels à l’existence du diplôme national, premier grade universitaire. Attachement exprimé par de nombreuses prises de position unitaires dans les établissements », écrit une intersyndicale. La pression leur semble assez forte pour demander le retour aux épreuves nationales, remplacées, grâce au covid, par du controle continu. Les syndicats Snes Fsu, Snep Fsu, Snalc, Sncl, Sud, FO et CGT s’opposent « au contrôle continu qui aboutit à une augmentation de la charge de travail des élèves et des personnels…, à une augmentation des inégalités entre les élèves, à la mise en concurrence des disciplines, à un baccalauréat « maison » qui accentue le tri social dans Parcoursup ». Ils « considèrent que le Projet Local d’Evaluation est un outil de mise en place du contrôle continu qui accentue les inégalités de traitement entre les candidates et les candidats. Elles en demandent la suppression. La tenue des épreuves de spécialités en mars dégrade l’enseignement des disciplines concernées et provoque un stress inacceptable chez les élèves ». Ils appellent à la mobilisation et n’écartent pas l’idée d’une grève « pour gagner le retour dès 2022 à un baccalauréat avec ses épreuves nationales, ponctuelles et terminales ».