« La géographie expérientielle est une géographie fondée sur l’expérience des élèves ». Sur cette idée, le groupe « Pensée spatiale » de l’IREM de Paris développe un blog qui propose des séquences. Cédric Naudet, membre du groupe et professeur d’histoire-géographie au lycée Pagnol d’Athis Mons, explique la démarche et ce qu’elle apporte à l’enseignement de la géographie.
La géographie expérientielle c’est quoi ?
C’est une démarche didactique qui a pour objectif d’articuler la géographie du quotidien et la géographie raisonnée. Elle se base sur l’expérience des élèves pour les amener à questionner leurs représentations et leurs pratiques spatiales et les relier aux savoirs acquis en classe. On a pour volonté de s’éloigner des démarches traditionnelles.
Sur le site vous faites référence à Paulo Freire. C’est une géographie de l’émancipation ?
Ca se justifie dans le sens où on va renouveler les finalités de l’enseignement. Traditionnellement il est descendant. On part de programmes qui ne sont pas pensés à partir des expériences des élèves. Avec la géographie expérientielle l’élève devient un acteur.
Pourquoi l’expérience des élèves a t-elle de la valeur en géographie ?
Le vécu des élèves est un levier pour la conceptualisation. Sur le site on trouve des propositions didactiques élaborées par le groupe. Par exemple, une sortie de terrain à la Défense sur le concept de métropolisation. Pour comprendre le rayonnement de la métropole, les élèves interrogent des personnes sur l’esplanade qui peuvent être des employés, des touristes, des hommes d’affaire. Ils se confrontent à ce rayonnement. Ils interrogent ensuite des personnes de leur entourage de banlieusard. Ils voient ainsi comment la métropole influence la vie quotidienne.
Le site recommande des jeux de rôle. Un exemple ?
Par exemple les élèves se mettent à la place d’acteurs pour travailler sur l’organisation de la coupe du monde de football au Qatar. Ils ont le point de vue d’un écologiste de Greenpeace, celui d’un chef d’entreprise du Qatar, d’un représentant de l’association Anticor etc. Cela amène à un débat sur l’organisation de la coupe.On part d’un fait qui touche leur vie quotidienne, cet événement sportif, pour comprendre ce que peut être l’influence d’une puissance.
Est-ce une géographie citoyenne ?
On est dans une géographie formative puisqu’il s’agit de placer l’élève en situation d’acteur qui puisse comprendre les dynamiques qui sont à l’oeuvre dans l’organisation du monde. Elle met l’élève en situation de questionner le monde et finalement d’agir comme citoyen.
Propos recueillis par F Jarraud