L’Ecole a été évoquée dans le long entretien donnée par E Macron à TF1 le 15 décembre. Pour le président de la République les réformes scolaires ont été une « révolution ». Il souhaite poursuivre la revalorisation mais en échange de contreparties sur le métier enseignant. Rien qui pourrait remobiliser à voter pour lui.
Une révolution de l’éducation ?
« Nous avons enclenché en 2017 une vraie révolution de l’apprentissage et de l’éducation », a dit E Macron le 15 décembre. « Je l’assume. C’est le trésor des décennies à venir. On doit remettre nos enfants et le sujet de l’apprentissage au coeur du projet de la nation ».
E Macron est entré dans le détail des mesures scolaires. « On a rendu l’obligation scolaire à 3 ans. Il y avait 10 à 15% des enfants qui n’allaient pas à l’école du tout, les plus modestes. Maintenant ils y vont », a dit E Macron. En réalité le taux de scolarisation à 3 ans est passé de 97.2% en 2019 à 96.7% en 2020 et 97.3% en 2021, selon la Depp. Le seul effet de la scolarisation obligatoire à 3 ans a été la prise en charge par les communes, avec une indemnisation de l’Etat, des maternelles du privé sous contrat. Le coût de cette mesure est estimé à 100 millions.
Des résultats qui se voient ?
« Partout où il y a de la pauvreté on a dédoublé les CP et CE1 et on commence à en voir les résultats », a poursuivi le président. Si effectivement les dédoublements sont allés à leur terme en Cp et Ce1, les résultats sont décevants. Une étude récente de la Depp montre que si les élèves des classes dédoublées font de véritables progrès en CP et en CE1, ceux ci ne se détachent pas vraiment entre classes dédoublées et classes à composition sociale identique mais hors éducation prioritaire et non dédoublées. En fait l’effet dédoublement est quasi nul. D’autre part, l’écart entre les écoles de l’éducation prioritaire et les écoles hors éducation prioritaire ne s’est pas réduit, ce qui montre aussi l’échec de cette politique. Celle ci est très couteuse puisque 11 000 emplois y ont été attribués.
E Macron a aussi cité les tests des évaluations nationales, la réforme du lycée, celle de l’orientation comme des réussites. « Cette révolution de l’éducation a commencé sous ce quinquennat. C’est pour les années à venir essentiel ».
Revalorisation avec contreparties
« On a mis de l’argent », ajoute -il. « On devra en mettre davantage car au coeur de cette révolution il y a la reconnaissance de la fonction enseignante. Il y a des débuts de revalorisation qui ont été faits. Mais il faut lui permettre (au métier d’enseignant) de s’organiser autrement, d’innover et de mieux accompagner les jeunes ». On retrouve dans ces quelques mots à la fois le projet des écoles marseillaises et les déclarations de 2019 sur les contreparties à la revalorisation. Alors que la revalorisation piétine et reste très faible (245 millions pour la moitié des enseignants) il est frappant de voir qu’E. Macron porte les mêmes projets sur l’Ecole. Enfin la dépense d’éducation a baissé en 2020 et reste inférieure à celle des grands pays développés à l’exception du Japon. Rien n’a été dit sur la dégradation du revenu des enseignants tout au long du quinquennat.
Poursuivre la réforme des retraites
Le président de la République a aussi évoqué la réforme des retraites pour dire qu’il faudra la faire . Mais pas exactement la même. Il prévoit l’allongement de l’age de départ en retraite et trois régimes de retraite au lieu du régime unique voté par le Parlement. Dans ce nouveau cadre, comment seraient traités les enseignants ?
François Jarraud
Sur l’efficacité des dédoublements