» Ce qui est important, c’est de mettre en adéquation les tâches proposées aux élèves avec ce qu’on cherche à identifier de ces quatre difficultés » explique l’intervenant. Mais pour l’enseignant, faire comprendre un texte ne va pas de soi du point de vue des activités à proposer : faire le portrait d’un personnage n’est pas tisser les liens avec les autres personnages du texte. Il est difficile de choisir les albums en fonction de ces différentes clés explicatives. « Enseigner à la maternelle est une rude tâche, contrairement à ce que nous expliquent qu’enseigner n’est pas un métier qui s’apprend ».
Clarifier, c’est aider l’élève à comprendre quand il ne comprend pas, ralentir sa lecture, revenir en arrière pour chercher les inférences, savoir faire un résumé partiel de ce qui a déjà été compris. « L’album de littérature de jeunesse est un outil formidable pour cela, et la lecture en réseau de plusieurs albums du même auteur ou du même thème renforce les possibles pour apprendre à travailler les cohérences, à accumuler des connaissances sur les textes : contes en randonnées, récits de personnages ». On est loin du « bain de langage », si les outils qu’on organise progresivement avec les élèves permettant de faire des classements d’albums, de construire la bibliothèque partagée, mais aussi de sortir de la simple description pour entrer dans des des cadres d’interprétatifs. Les enfants en sont capables.
Interpréter les récits d’imagination, c’est les faire entrer dans le sens profond de la compréhension. Devenir lecteur de littérature, ce n’est pas juste répondre à des questions, comme l’a bien montré R. Goigoux, ou s’ébahir devant les ressorts de l’histoire. Encore faut-il faire des analogies entre plusieurs histoires qu’on a dans sa tête, mais aussi avoir une opinion sur l’histoire ou interroger les valeurs du texte lu, et les lier à leurs propres valeurs ou leur propre expérience, par de multiples transactions. C’est, au bout du compte, se mettre à la place des personnages, comprendre progressivement que la littérature parle de soi.
A l’inverse de ces préoccupations, la disparition des épreuves de français (didactique et littérature de jeunesse) lui semble un signe fort « que le ministère ne nous emmène pas dans la bonne direction. Le risque est le plus en plus grand que la lecture de la littérature ne soit un peu plus l’apanage, dans les années à venir, des seuls enfants des catégories sociales favorisées ».
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