Pourquoi les mathématiques sont-elles nécessaires aujourd’hui ? Quelle place pour les mathématiques pour la formation du citoyen ? Lesquelles enseigner ? La forme scolaire est-elle encore adaptée à l’enseignement des mathématiques ? Quelques questions des Journées Nationales de l’APMEP (Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public) qui ont eu lieu à Bourges du 22 au 26 octobre 2021. Mais c’était comment ? C’était formidable ! Je vous raconte ?
Samedi 23 octobre, 17h
Nous avons atterri sur la planète maths vers midi. Hier encore j’étais devant mes élèves, puis m’agitant en tous sens pour les encourager au cross, dans le froid et le vent… Changement de décor ! Sébastien Planchenault, le président de l’association, nous l’a dit en nous accueillant : « gardons l’optimisme qui nous anime tous. Il reste l’APMEP. » Oui, l’APMEP est un des lieux qui donne de l’énergie quand notre métier est tellement mis à mal. Un lieu militant, partagé par différents métiers, tourné vers la réussite de nos élèves. Un lieu où toutes les questions sont permises : « Pourquoi les mathématiques sont-elles nécessaires aujourd’hui ? Quelle place pour les mathématiques pour la formation du citoyen ? Lesquelles enseigner ? La forme scolaire est-elle encore adaptée à l’enseignement des mathématiques ? En somme, quel enseignement des mathématiques au XXIème siècle ? » Mais comme nos mathématiques ne sont pas que scolaires, la première conférence des journées a été poétique et oulipienne, avec Michèle Audin. Entre aventures potagères, quatorze coups de midi et non-existence des quatrines, nous étions de plain-pied dans la diversité, la créativité, l’inventivité joyeuse des mathématiques.
Dimanche 24 octobre
Premier dimanche des vacances de la première période, et nous voilà dans une salle de classe pour parler équations cartésiennes, équations paramétriques et équations polaires. Oui, mais avec du cœur : Marion Boucrot, jeune doctorante, nous a expliqué avec un réel talent pédagogique comment tracer des cœurs façon maths. Je repars avec des outils pour ma classe… Après une pause jeux avec des collègues, après la commission premier degré-collège, qui nous a donné l’occasion d’échanger entre professeurs des écoles et professeurs de collège et de renforcer nos liens, atelier « géométrie des caractères d’imprimerie de Geoffroy Tory » par Frédéric Metin et ses collègues. Nous avons découvert des éléments d’histoire des caractères d’imprimerie, avec plein de maths dedans. Et nous avons appliqué nos nouvelles connaissances en dessinant nos lettres, de questions d’alignement à des cercles tangents, d’intersections en diagonales… Là encore, nous sommes repartis avec des éléments de culture, et des activités du cycle 2 au lycée !
Lundi 25 octobre
Bon, je crois que je suis prête. J’ai dans mon sac des loutres, des baleines, des bigarrures et des équerres. J’ai les productions des élèves de CE1, de CM2. C’est mon tour. J’enchaine l’animation de deux ateliers avec une collègue professeure des écoles, puis l’animation de la table ronde sur les questions d’actualité premier degré-collège. Je ne sais pas encore que j’aurais le plaisir de retrouver des copains dans mes ateliers, que je pourrai enfin rencontrer des collègues que je ne connaissais que numériquement, que je ferai de très belles rencontres, que je repartirai avec des tas de tablettes de chocolats, que la table ronde sera finalement un moment fluide et agréable (à 7h30, je suis surtout anxieuse devant ce nouvel exercice) grâce aux participants ouverts, réflexifs et nuancés.
Mais je sais déjà qu’en fin de journée je me régalerai d’un atelier sur l’enseignement des mathématiques dans le monde, avec Gaëlle Bugnet et Luca Agostino. Depuis, je m’interroge sur les conséquences didactiques de telle ou telle notation : écrire 3 1/4 ou écrire 13/4 construit différemment la vision mentale de la fraction. Et dessiner une droite à l’italienne, à l’anglaise ou à la française doit aussi avoir des conséquences bien différentes.
Mardi 26 octobre
C’est bientôt le retour à la maison. Ce matin, j’ai participé à l’AG, mais sur l’estrade, pour la première fois. Membre du comité et du bureau de l’APMEP depuis peu, j’ai pu profiter du plaisir d’être là, de contribuer, même si c’est bien modeste. Je suis fière d’appartenir à l’APMEP, parce que c’est une association qui veut la réussite des élèves, des étudiants, l’épanouissement, la professionnalisation, le bonheur des profs et de tous ceux qui participent à leur enseignement. Parce que c’est une association qui place l’humain au centre. Et pour la dernière conférence, Virginie Bonnaillie-Noël, directrice de recherche au CNRS, nous a emmené dans un parcours mathématique de la vie quotidienne, de numéro d’INSEE en format de feuilles, de clefs de contrôle d’IBAN en trajet aériens, de construction d’une terrasse à l’indice de fécondité. Et l’équipe des prochaines journées nous présente son projet, pour Jonzac. Aucun doute, nous y serons… Et vous ?
Mais avant cela, et parce que les Journées sont aussi faites des apéros, des pauses café, des parties de jeux, des escapes games, des Maths City Map dans la ville, des spectacles, banquets et visites, nous sommes allés visiter le Pôle des étoiles à Nançay. J’en ai gardé dans les yeux, des étoiles. Plein.
Claire Lommé