« Poser la question de l’éducation en ces termes (la qualité de l’éducation) n’est pas du tout évident, même si nous sommes habitués à entendre parler du sujet de cette manière. Le débat sur la meilleure forme d’éducation est ancien… mais la problématisation de ces questions dans une thématique de la « qualité de l’éducation » est un événement qui s’est produit à un certain moment de l’histoire et qui doit être compris en référence aux caractéristiques de ce moment… Pourquoi en vient-on, à de nombreuses reprises, à parler de « qualité de l’éducation » à partir des années 1980, alors que cette expression n’appartenait même pas au vocabulaire du débat éducatif des décennies précédentes ? », écrit Bernard Charlot dans un article publié par Educar em Revista (v. 37). L’auteur lie cette apparition à une problématique économique et au concept de capital humain apparu au même moment. « L’objectif fondamental n’est pas d’améliorer l’éducation elle-même, mais d’être parmi les meilleurs dans la compétition économique… La logique économique et avec elle la logique de la concurrence se sont emparées de la question de l’éducation « .
Cela a un impact sur le métier enseignant. » La nouvelle configuration autonomie/évaluation, politique de qualité, impose au professeur d’être un professionnel. Autrefois, il était missionnaire, de Dieu ou de la République. Ensuite, il est devenu un fonctionnaire, c’est-à-dire quelqu’un qui devait obéir aux instructions de son supérieur, y compris les instructions pédagogiques – et si cela ne fonctionnait pas, ce n’était pas de sa faute dès lors qu’il avait suivi les ordres. Aujourd’hui, son supérieur attend de lui qu’il soit un professionnel, dont la fonction est de résoudre des problèmes ».
Pour B Charlot, « les discours sur la qualité de l’éducation qui n’explicitent pas leurs critères sont, au mieux, vides de sens et, au pire, de la propagande déguisée… Cependant, il y a une situation peut-être encore pire que celle des débats vides sur la qualité de l’éducation : celle du silence, dans laquelle l’école n’est même plus considérée comme un lieu important pour penser le monde. »
B Charlot s elivre à une critique de Pisa qui se concentre sur trois disciplines :la langue nationale, les maths et les sciences pour évaluer une éducation. « En fin de compte, la question fondamentale est : qui évalue qui, où,
quand, comment, pourquoi et pour quoi ? Derrière cette question apparemment technique, il y a des questions philosophiques et politiques fondamentales : quelle éducation, pour former quel type d’être humain, dans quelle société, pour quel monde, quelle vie, quel avenir? »