Bruno Devauchelle : Une rentrée sans numérique à l’école ?
L’année scolaire et universitaire 2021-2022 risque d’être celle de la remise en question de la « juste place » du numérique dans l’enseignement. Plusieurs signes le laissent penser. Après des mois où l’Ecole s’est réfugiée dans le numérique, l’affirmation surprend. Mais Bruno Devauchelle évoque des évolutions institutionnelles, comme l’avenir de Canopé et de la BRNE ou la répartition du budget ministériel, mais aussi l’attente du retour au présentiel, la méfiance envers la pédagogie numérique, la faiblesse des remontées sur les usages.
Omerta sur le RGPD
Où en est-on de la mise en application du RGPD ? Cette question prend une importance particulière trois années, jour pour jour, après sa mise en application dans le monde scolaire. Et la période de confinement a mis en évidence que cette question est essentielle. Alors qu’aucun bilan n’est publié, dans les établissements scolaires, on entend souvent parler RGPD. Mais c’est souvent comme une mise en garde, parfois une précaution oratoire, parfois une contrainte. Bien que les Etats généraux du numérique, dans la proposition 30, aient recommandé la formation à la bonne utilisation du RGPD, Il est bien difficile de savoir aujourd’hui ce qu’il en est. De nos investigations, il ressort que le RGPD est davantage un étendard qu’on sort à la moindre occasion qu’une réalité connue et comprise et surtout concrètement mise en oeuvre.
Lalilo : Quand l’Education nationale finance le développement d’une startup américaine…
L’annonce a été saluée par la presse comme une réussite. La petite startup française éducative Lalilo vient d’être achetée par une des plus grandes multinationales du numérique éducatif, le groupe américain Renaissance Learnig. Alors que JM Blanquer n’a cessé de vanter le développement de l’EdTech française, cet achat exprime une autre réalité. Retenue par l’Education nationale dans le cadre d’un programme national de subvention, Lalilo a vu sa recherche et développement financée par l’Etat. Le savoir faire financé par l’éducation nationale est parti aux Etats -Unis.
Ré-humaniser l’enseignement avec et sans numérique
Depuis plusieurs années, et plus récemment avec le confinement et l’utilisation massive du numérique, se pose la question des interactions humaines entre adultes et jeunes au sein du système éducatif. À la base, l’image d’un jeune, seul, collé à l’écran dont on ne parvient pas à le détacher est l’image générique qui porte l’idée de la déshumanisation liée aux écrans. Dans la salle de classe et dans tout son parcours scolaire, l’image de l’élève seul devant sa feuille faisant face à l’enseignant et sans communiquer avec ses voisins(es) est une autre image générique qui porte, elle aussi la même idée. Certaines situations de vie semblent propices à la perte de relation, ou la détérioration même en situation de face à face. Le sentiment d’éloignement, de distance, que procure l’utilisation des moyens numériques en période de confinement a amené nombre d’enseignants, élèves, parents, éducateurs à exprimer un sentiment de déshumanisation…
Bruno Devauchelle : L’adaptive learning et l’éthique en éducation
Le discours doux sur « l’adaptive learning » cache une réalité plus inquiétante et récurrente dans l’histoire : ne peut-on automatiser certains apprentissages en s’appuyant sur des machines informatiques ? S’il est nécessaire de surveiller de près les « données » qu’utilise l’éducation, il est au moins aussi important de se pencher sur les algorithmes sous-jacents au traitement des données captées par la machine. Pour faire face à cette dérive technicienne il est nécessaire que des repères éthiques permettent de construire un cadre, un encadrement de tous ces logiciels qui arrivent en éducation. Aussi est-il temps de réfléchir à cette dérive mécaniste qui, si nous ne sommes pas vigilants, peut nous faire aller lentement mais surement vers une déshumanisation du processus éducatif.
Bruno Devauchelle : Quel avenir pour l’hybridation dans l’enseignement ?
Alors que semble s’éloigner lentement mais progressivement le spectre de la crise sanitaire, il est utile de s’interroger sur l’avenir de l’hybridation dans l’enseignement scolaire et universitaire, mais aussi dans la formation continue.
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