« C’est notre boussole de maintenir ouvert l’ensemble du système scolaire ». JM Blanquer a présenté le 28 juillet le protocole sanitaire qui s’appliquera à la rentrée. Selon le niveau de l’épidémie 4 scénarios sont envisagés, le plus élevé correspondant à ce qui était en place au printemps 2021. Malgré le variant indien, beaucoup plus contagieux, l’Education nationale n’envisage qu’une mesure nouvelle : la mise en place dès la rentrée de centres de vaccination dans les établissements. Les chefs d’établissement devront gérer l’administratif. Le protocole va plutôt dans le sens de l’allègement des consignes, à contre courant de la 4ème vague.
Que sait on de l’impact du variant indien sur les écoles ?
« Cette victoire collective qu’a été l’ouverture des écoles on va la renouveler… On est capable de le faire ». Le nouveau protocole sanitaire présenté, sur France info, le 28 juillet par JM Blanquer, semble regarder surtout vers le passé comme si le variant indien ne changeait pas la donne scolaire.
Pourtant celui-ci semble imposer des mesures nouvelles. L’impact du covid indien sur variant indien sur un système éducatif a pu être mesuré au Royaume Uni. Dans ce pays où le taux de vaccination est plus élevé qu’en France, selon le Guardian, plus d’un million d’élèves n’étaient plus scolarisés fin juillet, soit 14% des élèves et même 18% dans le second degré. 774 000 étaient isolés après un contact en classe et 140 000 après un contact en dehors de l’école. En France, le Haut Conseil de la Santé Publique a demandé la mise en place du pass sanitaire dans les établissements scolaires. La présidente de la société française de pédiatrie demande la vaccination obligatoire des enseignants pour se protéger et protéger les élèves. Ces deux mesures sont repoussées par le ministre. Car pour le ministre « on n’a pas repéré de contamination particulière en milieu scolaire » et « l’optimisme dépend de nous »…
La vaccination dans les établissements
En ce qui concerne la vaccination des enseignants, JM Blanquer estime « qu’on en est pas encore là » et avance , en s’appuyant sur des enquêtes « non communicables », que 80% des enseignants sont vaccinés et 90% souhaitent l’être. « La vaccination serait obligatoire si un trop faible pourcentage de professeurs était vacciné », dit le ministre. En dehors d’enquêtes « non communicables », on ne voit pas trop comment le ministère connaitrait ce pourcentage. Plusieurs syndicats, dont la FSU et le Snalc se sont déclarés hostiles à la vaccination obligatoire.
Par contre les personnels auront accès aux « vaccinodromes » qui seront installés dans ou près des établissements scolaires (collèges et lycées) dès la rentrée, annonce le ministre. « Notre logique est la vaccination maximale des élèves sur le mode de l’incitation », dit JM Blanquer. Il prévoit « 6 à 7 000 centres dès le 2 septembre ». Les personnels de santé du ministère pourront participer à ces vaccinations. Les chefs d’établissement devront s’occuper des autorisations parentales. On verra qu’ils auront aussi à dire quels élèves ne sont plus admis en cas de contamination d’un élève. La nouvelle loi sanitaire prévoit en des termes assez flous qu’ils aient accès à des indicateurs de santé : en fait il faudra que ces indicateurs soient nominatifs et précis.
Dans le premier degré, où la vaccination n’est pas envisageable, le ministre prévoit le maintien des campagnes de tests salivaires à hauteur de 600 000 par semaine, un nombre jamais atteint l’année dernière.
L’enseignement en présentiel privilégié
Le nouveau protocole sanitaire a été publié le 28 juillet. Il prévoit 4 scénarios » privilégiant l’enseignement en présence » selon le niveau de l’épidémie gradué en 4 niveaux du vert au rouge en passant par le jaune et l’orange. » En fonction de la situation épidémique, le passage d’un niveau à autre pourra être déclenché au niveau national ou territorial (département, académie, région) ». On peut donc s’attendre à la rentrée à des niveaux différents selon les départements. Cette logique de régionalisation était déjà installée l’année dernière.
Partout l’enseignement en présentiel est privilégié. Ainsi aux niveaux vert et jaune, tous les élèves sont accueillis. Le niveau orange prévoit l’hybridation en lycée « lorsque la configuration de l’établissement le nécessite ». Au niveau rouge l’hybridation est systématique au lycée et pour les seuls élèves de 4ème et 3ème au collège « avec une limitation à hauteur de 50% des effectifs ». Le pire cas envisagé est donc ce qui existait au printemps 2021, comme si la généralisation du variant indien ne modifiait pas la donne.
La règle de la fermeture au 1er cas de covid levée dans le 2d degré
La règle de la fermeture de classe dès le premier cas de covid ne s’appliquera plus que dans les écoles. Dans les collèges et lycées » un protocole de contact-tracing renforcé sera mis en œuvre pour identifier les élèves ayant eu des contacts à risque avec un cas positif et les évincer des établissements durant 7 jours (à l’exception de ceux justifiant d’une vaccination complète) ». L’administration de l’établissement aura à faire un tri en fonction de l’état vaccinal de chaque élève qui devra donc lui être communiqué. Le ministre considère qu’un élève vacciné ne peut pas être contaminé et contaminant, ce qui est faux.
Allègement du port du masque
Les gestes barrières sont maintenus sans aucun progrès par rapport à l’existant. Les capteurs de Co2 sont recommandés sans plus et les règles d’aération restent à l’identique. Pareil pour le lavage des mains.
Par contre le ministre allège les règles concernant le port du masque pour les personnels. Aux niveaux vert et jaune, » le port du masque est obligatoire dans les espaces clos et les règles relatives au port du masque en extérieur en population générale sont respectées ». Autrement dit les personnels pourront retirer le masque dans la cour de récréation là où il n’est pas exigé dans la rue. Aux niveaux orange et rouge il est obligatoire dans les espaces intérieurs et extérieurs.
Pour les élèves (sauf les élèves des écoles maternelles où le masque n’est pas demandé), le port du masque n’est plus exigé des écoliers de l’école élémentaire : » le port du masque est obligatoire pour les collégiens et les lycéens dans les espaces clos et les règles relatives au port du masque en extérieur en population générale sont respectées ». Au niveau jaune il est exigé des écoliers, collégiens et lycéens en milieu clos. Aux niveaux orange et rouge il est exigé en intérieur et extérieur.
Rien de neuf pour la restauration
Les règles de distanciation physique restent à l’identique : « d’au moins un mètre lorsqu’elle est matériellement possible dans les espaces clos ». Elle ne s’applique pas en extérieur.
Le brassage des élèves et lui aussi allégé aux niveaux vert et jaune. A partir du niveau orange le non brassage d’élèves de classes différentes est exigé en restauration. Dans le second degré » lorsque le non brassage entre classes n’est pas possible (notamment au lycée), la limitation du brassage s’applique par niveau ».
Pas de changement non plus lors de la restauration qui est un lieu majeur de contamination. A partir du niveau jaune, la stabilité des groupes « est recherchée ». A partir du niveau orange, une distance de deux mètres entre les classes est exigée dans le seul premier degré.
En EPS, à partir du niveau jaune la pratique en intérieur est autorisée avec une distanciation de deux mètres. Au niveau orange, elle est possible pour les activités « de basse intensité compatibles avec le port du masque ». Au niveau rouge, les activités en intérieur sont suspendues et à l’extérieur la règle de distanciation de 2 mètres s’applique.
Une incitation à être vacciné
Le ministre a exclu les cas vert et rouge pour l’application de ce protocole à la rentrée. Quoiqu’il en soit, le nouveau protocole favorise la vaccination des jeunes. Mais il minimise l’impact du variant indien pour maintenir le plus possible les écoles ouvertes. Si l’impact de la maladie sur les jeunes est le plus souvent heureusement faible, la légèreté du protocole est une autre incitation à la vaccination pour les enseignants, qui peuvent être touchés beaucoup plus gravement par la maladie.
François Jarraud