Etre en contact direct avec la nature, c’est du concret pour ces collégiens de 3ème partis en forêt deux jours vivre une forte cohésion de groupe. Thibault Brément, professeur de SVT au collège Gérard Philipe de Froissy (60) a lancé ce projet hors du commun avec 44 élèves de 3ème volontaires. Au programme de ce Koh Lanta pédagogique : production de feu, conception d’un abri, orientation par les étoiles ou de la boussole mais aussi purification de l’eau et repas d’orties, d’achillée millefeuille ou de limaces. « Un certain nombre d’élèves se sont révélés durant ce stage : disparition de vulgarité, prises d’initiative, communication plus spontané », relève l’enseignant aussi sapeur pompier volontaire. Ouf !
Quel est l’objectif de ce stage de survie ? En quoi consiste-t-il ?
Etant professeur mais aussi sapeur pompier volontaire, je voulais trouver une sortie mêlant mon métier et ma passion. L’objectif était donc d’organiser une classe de découverte aventureuse, un contact direct avec la nature, une porte ouverte sur le respect de l’environnement et le vivre ensemble.
En résumé, il s’agit d’une activité en plein air, en contact direct avec la Nature ! Ce stage permet aussi de retrouver un esprit de solidarité dans une société toujours plus individualiste, avec le développement d’une vraie cohésion de groupe et d’analyser une situation en équipe en faisant preuve de cohésion et d’ingéniosité. Le stage permet d’apprendre à faire face à l’imprévu avec une meilleure gestion du stress et d’explorer ses ressources physiques pour un vrai dépassement de soi ! En un mot : revenir à l’essentiel.
A qui s’adresse ce temps fort ? Comment avez-vous élaboré votre questionnaire ?
Ce temps fort s’est adressé à 44 élèves de 3è du collège Gérard Philipe de Froissy (autant d’élèves de chaque classe et autant de garçons que de filles sur 4 classes). Tous les élèves sont volontaires. Le questionnaire a été réalisé suite à une longue discussion avec l’organisme animateur. Il s’agit d’une autoévaluation des élèves sur le niveau d’inconfort qu’ils pensent être capables ou non de supporter.
Les élèves de chaque classe ressortant avec les meilleurs scores sont sélectionnés (sélection classe par classe et filles/garçons séparés indépendamment des scores pour garantir l’équité des chances par classe et par sexe). Les élèves obtenant un score insuffisant sont écartés de la sélection. Les autres constituent la liste complémentaire (utile, il y a eu 4 désistements remplacés cette année).
La sélection ne repose pas sur le mérite des résultats scolaires mais uniquement sur le dynamisme, la motivation, le courage face aux difficultés et les qualités humaines et relationnelles. Un minimum d’aptitude physique (pas sportive) est requis et discuté en amont avec les collègues d’EPS pour la connaissance qu’ils ont des élèves à ce sujet.
Que font vos élèves sur place ?
La première journée après une prise de contact et un départ dans la forêt, les élèves ont une initiation aux techniques d’orientation en pleine nature, observation de la végétation, reconnaissance des plantes et fruits comestibles et toxiques, collecte et transport d’eau, traces d’animaux etc.
Puis, il faut trouver un lieu adéquat pour monter le bivouac. Nous en profitons pour découvrir les grands principes d’assemblage et sur les techniques de fabrication d’un abri. La fabrication d’un feu (les 5 techniques de base sans allumette ni briquet) est un moment très attendu. Les élèves apprennent aussi la fabrication d’eau potable : technique servant à purifier l’eau. Les repas se prennent autour du feu et sont constitués uniquement des fruits de la pêche, chasse et collecte de l’après midi autour du feu.
La veillée clôture la journée avec des récits, impressions, cohésion du groupe, gestion de l’intelligence émotionnelle, rappel sur les diverses techniques appréhendées durant la journée. Nous avons un temps d’initiation aux reconnaissances des principales constellations pour s’orienter avec les étoiles, marche nocturne sans lampe dans la forêt.
Les élèves profiteront aussi des deux jours pour concevoir un brancard, maîtriser l’utilisation de la boussole pour s’orienter et aussi lire une carte.
Que mangent-ils ? Comment dorment-ils ?
Les élèves collectent toute la journée les plantes et animaux comestibles qu’ils ont appris à reconnaître auprès des moniteurs de survie présents (ortie, achillée millefeuille, poivre d’eau, plantain, limaces, coquelicot…). Une fois la collecte terminée, on trouve le lieu du campement et on apprend à construire des abris les plus étanches possible avec des morceaux de bois, de la cordelette et des bâches.
Pour l’eau, une collecte dans une mare a été organisée. Il a fallu bien sûr la filtrer (avec un vieux t-shirt) et la faire bouillir (pour la purifier) sur le feu (allumé difficilement par la technique de l’archet et la drille, alimenté avec de l’écorce de bouleau et du bois sec).
Des liens possibles à exploiter en SVT ?
Ce projet permet de travailler et valider des compétences du socle commun incluses également dans les parcours du collégien (notamment Santé et Citoyen). Par exemple : planifier les étapes et les tâches pour la réalisation d’une production, définir et respecter une organisation et un partage des tâches dans le cadre d’un travail de groupe, imaginer, concevoir, fabriquer des objets et des systèmes techniques. Que ce soit le fonctionnement de la planète, celui du corps humain ou du vivant en général, de nombreux aspects des SVT peuvent être abordés avant, durant ou suivant le stage.
Quels sont les retours de cette expérience ?
Un certain nombre d’élèves se sont révélés durant ce stage (disparition de vulgarité, prises d’initiative, communication plus spontanée…). Les élèves ont beaucoup apprécié malgré les conditions du stage (il a plu toute la première journée). Ils ont appris qu’ils pouvaient se passer de technologie et de confort pendant près de 48h. Les parents sont ravis de cette expérience et j’ai reçu beaucoup de remerciements oraux ou écrits.
Les moniteurs de survie ont été impressionnés par la résistance des élèves. Certains adultes dans des stages précédents n’ont pas eu leur courage et leur motivation. Les élèves en ressortiront grandis et avec de nouvelles compétences.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café