Une demi heure à une heure hebdomadaire au collège pour un module sur l’EMI : c’est la principale recommandation du rapport « Renforcer l’éducation aux médias et à l’information (EMI) et la citoyenneté numérique », remis par Serge Barbet, directeur du Clemi et un groupe d’experts au ministre. Une recommandation très lourde pour un rapport très léger (20 pages !) qui apporte peu d’arguments à ses propositions.
Un rapport bien léger
« L’EMI revet une dimension fondamentale et centrale pour la construction d’une culture et d’une conscience civiques », affirme le rapport du « groupe d’experts » remis au ministre de l’éducation nationale. « Les autorités publiques ont la responsabilité de renforcer l’EMI… Les enjeux de citoyenneté numérique exigent aujourd’hui une évolution de l’EMI tans dans ses méthodes que dans sa pédagogie ».
Les recommandations sont guère originales. Il faut renforcer la formation des enseignants et « engager une réflexion dur l’évolution de l’intitulé du capes de documentation pour l’adapter aux évolutions du métier ». Comme si modifier un intitulé changeait quelque chose…
Le rapport invite à créer « un espace dédié aux ressources prioritaires en EMI en fonction de leur degré de pertinence » et de »faire du site du Clemi le premier portail d’accès aux ressources en EMI en regroupant l’ensemble des ressources proposées par les opérateurs publics, par les médias et les autres partenaires ».
Une heure d’EMI par semaine ?
Et puis il y a cette recommandation de » réintroduire au collège la mise en oeuvre d’un module interdisciplinaire, par niveau, sur une thématique en lien avec l’ÉMI avec inscription à l’emploi du temps des élèves » à raison d’une demi heure à 1 heure par semaine.
Piloté par le directeur du Clemi, le rapport invite finalement à augmenter les moyens du Clemi. Composé en partie de représentants de groupes médiatiques, il recommande de s’appuyer sur les médias…
Si le rapport multiplie les formules fortes, le rapport reste lui bien léger. On y trouvera aucune analyse sérieuse de ce qui se fait en EMI et encore moins de motivation des recommandations.
Les jeunes français nuls en EMI
Il y avait pourtant des choses à dire sur ce sujet. Par exemple, les résultats de Pisa 2018. Pisa 2018 a posé plusieurs questions aux élèves de l’OCDE pour vérifier dans quelles mesures ces compétences sont transmises. Pisa leur demande si on leur a enseigné à utiliser des mots clés dans les moteurs de recherche, à décider de la crédibilité d’une information, à détecter quelle information est la plus utile pour leur travail scolaire, à connaitre les conséquences de la publication d’une information sur el réseau, encore à détecter si une information est biaisée ou encore à repérer une tentative de phishing dans un mail.
Selon l’OCDE la compétence la plus enseignée concerne les conséquences de la publication d’une information sur le réseau et la moins enseignée le repérage d’une tentative de phishing. Sur ce point 40% des jeunes de l’OCDE tombent dans le panneau selon un test de PISA. La détection d’un vraie ou fausse information est la seconde compétence la plus enseignée. Les jeunes français font partie du groupe des pays faibles dans les deux compétences. On reste en dessous de la moyenne OCDE sur les deux tableaux avec les Italiens, les Suisses, les Allemands ou les Espagnols.
F Jarraud