Le Musée national de l’histoire de l’immigration propose, sur réservation, des visites virtuelles de sa nouvelle exposition d’art contemporain, « Ce qui s’oublie et ce qui reste ». À travers les œuvres de dix-huit artistes du continent africain et de ses diasporas, l’exposition interroge la notion de mémoire et de transmission entre les générations. Les visites guidées sont interactives et les participants peuvent poser leurs questions, tout au long du parcours.
La présentation vidéo par les commissaires
Meriem Berrada et Isabelle Renard, commissaires de « Ce qui s’oublie et ce qui reste », présentent la thématique de l’exposition et répondent aux questions engendrées : Comment les histoires personnelles, familiales, résonnent avec l’histoire du monde ? Que signifie la transmission aujourd’hui, comment s’opère t elle ? Les œuvres exposées- peintures, tissages, sculptures, photographies, vidéos…- sont au cœur des débats contemporains, et réparties autour de trois idées fortes : la transmission de la mémoire, l’omission et la rupture, les nouvelles écritures qui transforment la transmission.
Six œuvres particulièrement commentées
Le musée national de l’histoire de l’immigration propose, sur réservation, des visites virtuelles interactives d’une heure. Le conférencier du musée ouvre le parcours devant les longs textiles exposés par l’artiste Amina Agueznay, qui s’intéresse aux signes et symboles utilisés dans les arts traditionnels marocains. Elle a invité les tisserandes de tapis, issues de diverses régions du pays, à tisser sur de longues bandes blanches, à la manière d’un « curriculum vitae », les signes qui font partie de leur langage professionnel, en noir ceux dont elles connaissent la signification, en blanc ceux dont elles ont perdu le sens. Le conférencier insiste sur l’importance de la transmission du savoir faire mais aussi sur les pertes de la signification, et la rupture.
Deuxième œuvre sélectionnée par le conférencier, les sculptures en métal de M’barek Bouhchichi conçues en hommage aux berbères noirs du sud du Maroc, exclus de la propriété foncière, et qui cultivaient la terre mais ne recevaient qu’un cinquième des récoltes. Le titre choisi pour l’œuvre provient d’un poème de M’bark Ben Zida, poète paysan noir de la ville de Tata : « Mon orge je le laisse chez les gens de bien. Et s’il leur arrive d’en manquer, je leur en prête davantage ». Le conférencier s’arrête ensuite devant les deux tapisseries flamboyantes de l’artiste Emo de Medeiros, originaire du Bénin, « Notwithstanding the forces at hand » où se mélangent des symboles ancestraux et des pictogrammes contemporains.
Quatrième étape du parcours : Le conférencier commente les photographies d’Ishola Akpo, « l’Essentiel est invisible pour les yeux », travail documentaire et proposition plastiques portant sur les pratiques culturelles du Bénin. Les trois clichés choisis relatent la tradition familiale de la dot : des objets transmis aux générations suivantes, scellent les liens entre les familles des époux au moment du mariage. Le conférencier décrypte les cadeaux photographiés, transmis depuis sa grand-mère, objets déconnectés de leur usage quotidien, qui ont acquis une valeur symbolique. Le conférencier sélectionne une autre série de clichés, œuvres de l’artiste marocaine Btihal Remli, « The Djinn Diares », représentant des objets de sorcellerie, car elle existe toujours au Maroc, c’est une réalité méconnue et tabou. En filigrane, la photographe évoque l’émancipation de ces femmes, pour qui la sorcellerie, bien que proscrite, peut devenir un moyen de contrôle et de pouvoir.
La dernière étape de la visite virtuelle, les œuvres du malgache Joël Andrianomearisoa : trois tentures noires, « In memory of all », suspendues dans le hall et conçues spécialement pour le lieu par l’artiste qui s’est déplacé avant l’exposition, pour découvrir le lieu et s’immerger ..
Béatrice Flammang