Le botaniste japonais Akira Miyawaki fait des émules en Loire-Atlantique. Matthieu Bénétreau, professeur de SVT au collège Salvador-Allende de Rezé (44), profite des vastes espaces de son établissement pour installer une forêt urbaine de 600 arbres sur 200 m² en impliquant 80 élèves. « L’idée est de récréer un écosystème forestier dense à croissance rapide. Une sélection des essences est opérée afin de choisir à la fois des espèces locales et des espèces qui permettront à la forêt de vivre et d’être résiliente face aux conditions météorologiques », souligne l’enseignant. La préparation du sol pour les 21 espèces est effectuée par les collégiens en lien avec l’association MiniBigForest. « La forêt est un support supplémentaire pour enseigner les SVT. Son observation au fil des saisons, l’identification des espèces et l’étude de l’écosystème forestier sont autant de sujets à traiter ».
Pourquoi ce projet de mini-forêt mené au collège ?
L’idée s’inscrit dans la suite des réflexions menées depuis plusieurs années (un écopâturage en 2017, un verger en 2018 et un rucher en 2019). Le collège a été labellisé en 2019. L’occupation des espaces a une place importante dans nos réflexions et notamment la place des espaces verts. Ces espaces verts constituent une des particularités du collège car ils sont vastes mais situé à l’arrière du collège (donc difficilement utilisable pour les récréations). Dans notre projet d’établissement, le vivre ensemble et la coopération ont une place importante tout comme le collège comme un lieu de vie et d’épanouissement. C’est pourquoi, à l’instar des projets précédents, nous avons souhaité mener un projet d’envergure pour à la fois redonner de l’importance aux végétaux et notamment les arbres mais aussi pour marquer les cinquante ans du collège avec une action durable et bénéfique pour l’environnement.
Nous avons donc décidé d’installer une forêt urbaine constituée de 600 arbres sur 200m². Après observation de l’environnement, 21 espèces ont été sélectionnées par l’association à laquelle nous avons fait appel. La plantation a respecté la méthode Miyawaki. Les élèves du club E3D, une classe de 3ème et le dispositif de 6ème inclusive (une 6ème générale est associée à la 6ème SEGPA) ont participé au projet, soit 80 élèves.
Qu’est ce que la méthode Miyawaki ?
C’est une méthode mise au point par un botaniste japonais Akira Miyawaki. L’idée est de récréer un écosystème forestier dense à croissance rapide. Une sélection des essences est opérée afin de choisir à la fois des espèces locales et des espèces qui permettront à la forêt de « vivre » et d’être résiliente face aux conditions météorologiques. Certaines espèces vont pousser plus vite et protéger les espèces plus lentes. Quelques essences finiront par disparaître d’ici quelques années. Le fait de planter 3 arbres au mètre carré entraine une compétition entre les arbres pour la recherche de la lumière ce qui entraine une croissance rapide de la forêt. Un désherbage régulier devra être assuré au moins pendant les deux premières années. Au bout de 3 ans, la forêt est autonome.
Que vont faire vos élèves ?
Les éco-délégués font partie du club E3D. Ils ont paillé le sol qui avait été au préalable retourné et préparé. Ils ont ensuite participé à la plantation tout comme la classe de 3ème et les 6ème. Une semaine avant la plantation, l’association a sensibilisé les élèves planteurs aux bienfaits d’une forêt, à la démarche de l’association et à la méthode utilisée. Depuis la plantation, un désherbage régulier est effectué par les élèves. Ils prennent plaisir à s’investir dans ce projet car ils sont au contact de la terre et de la nature alors que le collège est dans un milieu particulièrement urbain.
Avez quelle association travaillez-vous ? Pour quel apport ?
Nous avons travaillé avec MiniBigForest. Nous avons souhaité travailler avec cette association car elle livre le projet clés en main, dans ses aspects pédagogiques, techniques, logistiques et financiers. C’est un projet lourd et complexe que nous n’aurions pas su mener seuls, car il réclame des savoirs, des savoir faire, des contacts, des ressources et du temps que nous n’avons pas.
L’association détermine l’emplacement le plus favorable, étudie le sol, commande un terrassier pour préparer celui-ci, choisit les essences adaptées au milieu et calcule la proportion de chacune d’elle, commande et fait livrer de la paille, achète les plants chez des pépiniéristes locaux ainsi que le matériel utile et livre l’ensemble. En outre, ils interviennent dans les classes concernées avec passion et dynamisme. C’est un moment très enrichissant pour les élèves. Enfin, ils font la recherche d’une entreprise locale pour financer le tout en tant que mécène, l’établissement ne pouvant supporter le coût d’un projet de cette envergure sur son budget propre.
De notre côté, l’administration s’est occupée de l’organisation d’ensemble et de la communication (élèves, familles, communauté éducative). Les professeurs des classes et des groupes concernés ont animé des séances dédiées à ce projet et ont encadré les élèves pendant les phases de préparation et de plantation.
Comment ce projet est-il investi en cours de SVT ?
L’étude de l’environnement et de la biodiversité est un axe central du programme de sixième. La forêt est un support supplémentaire pour notre enseignement. Son observation au fil des saisons, l’identification des espèces et l’étude de l’écosystème forestier sont autant de sujets à traiter. Nous envisageons la création d’un herbier de notre forêt.
En 3ème, nous avons un EPI sur l’impact de l’Homme sur l’environnement. Une partie des élèves travaille sur le thème des arbres et de la forêt en tant qu’écosystème qui rend des services et qui protège.
Nous serons amenés à travailler davantage sur ce thème dans les années à venir. De plus, la forêt a toute sa place dans les autres disciplines. C’est le cas notamment en Histoire-Géographie ou en Français. Emilie Petit, professeur documentaliste a agrémenté le fond documentaire du CDI avec des ouvrages sur le thème de la forêt (aussi bien des romans que des documentaires). De plus, dans le cadre de l’éducation aux médias, elle a encadré la réalisation d’un reportage (photo, prise de son, rédaction d’articles…) sur la mise en place de notre forêt.
Quelques mots sur les moutons déjà présents …
Ils se portent bien. Nous avons trouvé une stabilité avec 5 moutons (1 mâle et 4 femelles) qui paissent tranquillement dans les deux grands prés du collège. Nous n’avons donc plus à supporter le bruit de la tondeuse ni son coût. Cette année encore, 5 agneaux sont nés au collège. L’enthousiasme des élèves et des personnels démontre que ce projet est toujours aussi fédérateur.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café