Alors que la rentrée des classes s’annonce dans une semaine, les enseignants sont toujours dans l’ignorance des conditions réelles dans lesquelles ils retrouveront leurs élèves. Une mesure positive se détache : la commande millions d’auto tests. Malgré la proclamation d’une « priorité » qui n’a de réalité que médiatique, seule une minorité des enseignants sera vaccinée le 26 avril. Aucun plan de recrutement n’est annoncé pour le moment. On ignore tout des aménagements du protocole sanitaire ou de l’équipement des locaux scolaires dans une semaine. Avec un taux d’incidence très élevé, le gouvernement semble prêt à rouvrir les écoles à peu de frais. Il ne reste que quelques jours pour ne pas tout improviser…
Une plateforme intersyndicale claire
« L’absence d’anticipation a déjà conduit le service public d’Éducation dans une situation critique. Persister dans ce refus aurait des conséquences graves. Nous attendons du gouvernement, du ministre de l’éducation nationale, des réponses rapides et claires à nos demandes, et ce avant la reprise des cours fixée au 26 avril 2021. Des discussions doivent être ouvertes d’ici le 20 avril ». Pour une fois presque tous les syndicats sont d’accord sur une plateforme commune concernant les conditions de la reprise des cours le 26 avril. Le Sgen-Cfdt, l’Unsa, la Cgt, la Fsu, Sud, le Snalc, plusieurs syndicats du privé, ont publié une pétition demandant « des conditions sanitaires strictes » pour la réouverture, avec notamment « des moyens d’assurer les remplacements », la fermeture des classes dès le 1er cas de covid, des capteurs Co2, des masques chirurgicaux et la vaccination des personnels. Autant de mesures qui leur semblent incontournables pour ne pas refermer plus longuement les écoles, une ou deux semaines après la rentrée.
Vaccination : la vraie fausse priorité
La vaccination des enseignants a été promise par le président de la République le 23 mars. Or la « priorité » accordée aux enseignants de 55 ans et plus par le premier ministre le 15 avril vient 3 jours après l’ouverture de la vaccination à tous les habitants ayant atteint cet âge. Concrètement elle ne change rien pour les enseignants concernés et ignore la grande masse des enseignants qui n’ont pas atteint l’âge demandé. On est loin de la promesse présidentiel. La mesure relève de la pure communication politique.
Les syndicats ont réagi différemment à cette annonce. « De qui se moque t-on ? » dit G David, secrétaire générale du Snuipp Fsu sur Twitter, alors que le Snalc y voit « un premier pas très loin d’être suffisant ».
La vraie commande d’autotests
La seule avancée semble être dans la commande annoncée de 52 millions d’autotests. Une somme de 245 millions a été versée au budget de l’éducation nationale pour régler cette commande. Ces tests permettraient de détecter les personnes malades et de réduire les risques s’ils sont accompagnés d’un protocole strict. C’est la solution retenue en Autriche où tous les élèves et enseignants sont testés de cette façon deux fois par semaine.
Mais le plus grand flou semble accompagner la mesure. Selon le ministre de la santé les autotests vont arriver dans les écoles dès le 26 avril mais seraient réservés aux personnes de plus de 15 ans… Autant dire qu’aux enseignants dans les écoles primaires ? Le ministère ne semble pas davantage savoir comment les utiliser dans les établissements. Et on ne sait rien des décisions qui accompagneront les cas positifs.
L’effet positif de la fermeture
Une seule certitude sort de ces congés. Contrairement à ce que le ministre dit depuis des semaines, la fermeture des écoles a eu un effet sur les taux d’incidence des élèves. Alors que le nouveau confinement a peu d’effet sur la population dans son ensemble, les taux d’incidence des jeunes de 0 à 19 ans, qui étaient montés plus haut qu’en novembre, sont nettement redescendus.
Mais à une semaine de la rentrée c’est l’impréparation et l’immobilisme qui semblent continuer à dominer rue de Grenelle. Aura-t-on encore perdu deux semaines face à l’épidémie ?
François Jarraud