A quoi reconnait-on le « professeur du 21ème siècle » ? A sa rémunération personnalisée et sa soumission à un référentiel pointilleux et hiérarchisé, si l’on en croit les présentations du colloque organisé le 1er décembre par le Conseil scientifique de l’éducation nationale. En écartant les sciences de l’éducation et les sociologues de l’éducation, le colloque, piloté par Yann Algan et Stanislas Dehaene, mélange économie, psychologie positive et neurosciences pour proposer un modèle de carrière qui rappelle Singapour.
« En intervenant sur les élèves les professeurs peuvent modifier le sentiment de confiance des élèves et améliorer leur santé », explique S. Dehaene, président du CSEN en ouvrant le colloque. « Le professeur de musique peut modifier le cerveau de l’élève ». En fait tout le colloque va tourner autour de deux thèmes : la promotion des compétences socio comportementales et le pilotage du système et de la carrière des enseignants par la formation.
Il n’a pas évité les surprises. La première est arrivée très vite quand Elise Huillery, professeure d’économie à Dauphine, montre que les dispositifs mis en place par JM BLanquer, les dédoublements de Cp Ce1, les internats d’excellence sont très couteux et ont une efficacité faible. On le savait mais c’est intéressant qu’un colloque ministériel l’entende. Pour E Huillery les élèves accordent une importance démesurée à l’importance de l’origine sociale dans la réussite scolaire. Une bonne action de soutien type coaching peut faire aussi bien que les dédoublements mais pour beaucoup moins cher. Céline Darnon suit le même raisonnement. « C’est très difficile d’agir sur les inégalités sociales » mais on peut réduire les écarts en agissant par des interventions psychosociales »: en agissant sur « l’intégrité du soi » par exemple.
La seconde table ronde est le point d’orgue de la journée. Elle traite de la formation. Le sujet a été traité longuement récemment par le Cnesco qui a montré comment le thème du développement professionnel des enseignants peut être utilisé pour installer un controle étroit des enseignants. C’est le modèle que Franck Ramus va proposer. Pour lui le référentiel de compétences des enseignants doit retrouver « toute sa place », c’est à dire diriger les formations et la carrière.
Sous prétexte que le référentiel français est mal présenté et peu clair, il propose un autre référentiel , inspiré de celui d’Australie. 7 compétences seulement mais déclinées en 4 niveaux.
Plus que l’Australie, c’est le modèle singapourien qui vient à l’esprit. Des enseignants qui sont classés selon les formation suivies et qui surveillent et évaluent les collègues ne dessous d’eux. Pour F Ramus, « la France est un pays où les enseignants se sentent seuls. Dans les autres pays, les chefs d’établissement passent dans les classes… Dans la plupart des pays ils sont le principal maître à bord. Ils sont responsables du recrutement et de l’évaluation des enseignants ».
Une des idées de F Ramus, sera validée par le ministre en fin de journée. JM Blanquer estime que lier l’enseignement en CP à une certification avec un effet sur le salaire est une bonne chose.
F Jarraud