Une rentrée pas comme les autres
Le ministère réorganise la rentrée du 2 novembre
30 octobre – L’organisation de la rentrée du 2 novembre négociée le 27 octobre avec les syndicats vient de voler en éclat. Sans expliquer sa décision, le ministre envoie de nouvelles instructions dans un message envoyé aux enseignants. L’hommage à S Paty est maintenu mais le temps pédagogique en classe n’aura pas forcément lieu avant la cérémonie. La présence d’élus n’est plus mentionnée. Il ne reste plus qu’une minute de silence sans préparation des élèves.
Une rentrée dans l’inquiétude et l’humiliation
Sous le poids d’une double crise mal gérée, la rentrée du 2novembre restera dans la mémoire des enseignants. Le ministre leur demande d’accepter une cérémonie bâclée en mémoire de leur collègue assassiné. Ils doivent aussi rentrer en pleine épidémie avec un protocole sanitaire officiellement « durci » mais en réalité qui change peu de choses par rapport au protocole ultra léger précédent.
A Thauvenay (18), une rentrée adaptée
Alain Senée est élu dans le Cher du SNUipp, le premier syndicat du primaire, et directeur d’une petite école à Thauvenay, qui forme un RPI (regroupement pédagogique intercommunal) avec les écoles des villages de Ménétréol-sous-Sancerre et de Saint Bouize. Il explique comment cette rentrée particulière marquant le retour des élèves après l’assassinat de Samuel Paty, le professeur d’histoire-géo exécuté par un terroriste islamiste à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), sera vécue dans des écoles rurales comme la sienne.
Rentrée : Les tensions montent dans les établissements
A la veille d’un appel au blocage des lycées, une trentaine d’établissements ont connu des mouvements de grève le 2 novembre. Ce phénomène, rare un jour de rentrée scolaire, résulte du trop plein de tensions et d’humiliation ressentis par les enseignants suite à la réduction de l’hommage à S. Paty à une simple minute de silence et au nouveau protocole sanitaire jugé trop peu protecteur. A l’épidémie, à l’alerte attentat va s’ajouter une crise sociale qui pourrait prendre de l’ampleur.
Blanquer contre les demi -groupes en lycée
S’exprimant sur France Inter le 2 novembre, JM Blanquer a été interrogé sur le nouveau protocole sanitaire. « Chacun doit comprendre qu’en période de crise sanitaire on doit s’adapter au dernier moment », a dit le ministre. Il défend le maintien des élèves dans les établissements. « Ce qui compte c’est que les enfants ne perdent pas le fil de l’école ». La fermeture des lycées « n’est pas à l’ordre du jour.. On veut que les lycéens aient cours. Il y a la possibilité de faire des demi groupes. Mais je ne l’encourage pas ».
Lycées : Blanquer cède sur les E3C et l’enseignement hybride
Dans une lettre aux chefs d’établissement envoyée le 4 novembre au soir, Jean Michel Blanquer annonce à la fois la suppression pour cette année des E3C, un allègement des épreuves de spécialité conduisant à celui des programmes et la possibilité pour les lycées de passer en enseignement hybride. Cette décision est prise alors que de plus en plus d’enseignants et de parents se plaignent du nouveau protocole sanitaire et qu’une intersyndicale appelle à la grève pour le 10 novembre.
La grève du 10 novembre face à la décision de Blanquer
A l’issue d’une nouvelle journée de mobilisation, la grève lancée pour le 10 novembre par une intersyndicale assez large semblait bien partie. Et puis est arrivée la décision de JM Blanquer d’autoriser l’enseignement hybride dans les lycées. Cette concession du ministre va t-elle mobiliser davantage pour obtenir par exemple des embauches ou au contraire nuire au mouvement ?
Cluster et irrespect du protocole au ministère
Le ministère n’applique pas à son propre personnel le protocole sanitaire qu’il impose à l’Education nationale. Au point qu’au moins un cluster s’y est installé. C’est ce qui ressort d’une lettre envoyée le 5 novembre par 5 syndicats de l’administration centrale au ministre.
Christophe Ameline : Le professeur qui a dit non
Il faut du cran pour oser dire « non » tout seul dans son établissement. C’est ce qu’a fait le 2 novembre Christophe Ameline, un professeur d’histoire-géographie de 54 ans. Pour protester contre le peu de respect de l’institution envers S. Paty et les professeurs en général, il a fait grève et s’est tenu, tout seul, devant son collège, à Offranville, une banlieue plutôt aisée de Dieppe (76).
A Dammartin, les professeurs auto-organisent les demi-groupes
Comment enseigner en demi-groupes quand le rectorat le refuse ? Avec la crise sanitaire qui s’aggrave et un protocole qui semble trop peu efficace face au risque Covid, dans de nombreux lycées des enseignants tentent de diminuer les effectifs des élèves. Mais le plus souvent c’est en vain, le ministre lui-même ayant déclaré qu’il souhaite maintenir tous les élèves dans les établissements. Les professeurs du lycée Charlotte Delbo de Dammartin-en-Goëlle (77) ont peut-être trouvé la solution. Il suffit de s’entendre avec les parents, eux aussi soucieux de la santé de leur enfant.
Des lycées bloqués dans plusieurs régions
« On a un protocole renforcé sauf qu’en réalité c’est le même qu’en septembre ». Sur BFM, Mathieu Devlaminck, président de l’UNL, craint la multiplication des clusters dans les lycées. Il craint aussi de ramener la maladie chez lui. L’entassement des élèves dans les salles de classe, les couloirs, à la cantine, c’est ce qui a motivé des lycéens à bloquer leur établissement le 3 novembre. Une dizaine de lycées parisiens ont été touchés avec des incidents devant le lycée Colbert. La police est intervenue devant les lycées pour les débloquer. Mais des blocages ont eu lieu aussi à Bastia, Besançon, Nantes, Saint Nazaire, Roubaix. Des collèges et lycées ont aussi des enseignants en grève en Seine Saint Denis. Ainsi au lycée Liberté de Romainville, des enseignants en grève depuis le 2 novembre demandent des dédoublements de classe. Plusieurs syndicats enseignants le demandent également. Parallèlement les régions Ile de France et Hauts de France demandent une révision du protocole sanitaire jugé trop difficile à appliquer, entre autre parce qu’il implique un peu plus de nettoyage. L’option de la fermeture des lycées a été évoquée par le ministre de la santé avant d’être repoussée par JM Blanquer.
Rentrée : Ce qui s’est passé durant les congés de Toussaint
Urgence sanitaire, hommage à Samuel Paty, revalorisation, nouveaux Dasen, numérique, ressources pédagogiques : En une page retrouvez toute l’actualité, particulièrement importante, des congés de la Toussaint.
Valeurs démocratiques
Hommage à S. Paty : Le Snes et le Snuipp Fsu appellent à une réponse digne
« L’école a été attaquée. La communauté éducative est meurtrie. Nous ne pouvons pas rentrer, reprendre le chemin de nos établissements scolaires comme si de rien n’était », écrit le Snes FSU dans un communiqué. Le syndicat interpelle le ministre et appelle à la grève pour que les enseignants puissent rendre un hommage digne à leur collègue.
Des collégiens poursuivis pour apologie du terrorisme
Des élèves de 12 ans sont poursuivis pour apologie du terrorisme suite à leurs propos lors de l’hommage à S Paty. Dans la même académie une enquête sociale a été lancée pour des enfants de 8 et 9 ans pour les mêmes raisons. Ces situations engagent les autorités académiques. Elles interrogent sur la cérémonie d’hommage à S Paty : était ce un moment pédagogique ou une manifestation publique ? Comment des enfants aussi jeunes peuvent-ils faire l’objet de poursuites dans une institution éducative ? Une dizaine d ‘incidents ont été recensés en Alsace selon les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Dérapages sécuritaires à l’Education nationale
Il ne fait pas bon écrire l’arabe dans les établissements scolaires. Selon France Bleu, la proviseure du lycée du Mans Sud a appelé la police après avoir vu un élève photocopier une inscription en arabe au CDI. Les forces de l’ordre sont venues mais l’inscription était anodine. A Bourges, un adolescent de 15 ans est mis en garde à vue pour apologie de terrorisme pour avoir partagé une vidéo de décapitation avec 10 camarades. Selon France TV Info, 66 enquêtes du même ordre sont ouvertes. Selon G Darmanin, cité par France info, « les interpellations sont souvent le fait de jeunes personnes qui ont entre 12 et 16 ans qui ont une habitude face à l’hyper violence ».
La Fep Cfdt enquête sur les valeurs de la République dans les établissements privés
Il s’agit de » faire un constat sur le respect et la mise en oeuvre des valeurs de la République dans nos établissement ». La Fep Cfdt, premier syndicat d’enseignants du privé, demade notamment si la laïcité est respectée dans l’établissement en invitant à donner des exemples et pose des questions intéressantes.Par exemple : « avez vous dans l’exercice de votre métier été empêché dans votre liberté de conscience ».
Une proposition de loi contre l’entrave à l’enseignement
« Le fait de tenter d’entraver ou d’entraver par des pressions, menaces, insultes ou intimidations, l’exercice de la liberté d’enseigner selon les objectifs pédagogiques de l’Éducation nationale déterminés par le conseil supérieur des programmes, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. » Le sénateur LR Olivier Paccaud a déposé cette proposition de loi le 27 octobre. Une proposition qui va dans le sens de la criminalisation de la vie scolaire.
A Paris la criminalisation des atteintes au règlement est en marche
Que se passe t-il si des élèves contestent l’hommage à S.Paty ? Il semble que la question ne se soit pas posée le 2 novembre. Maison notera la réponse du directeur académique de Paris, Antoine Destrés, sur France bleu. « Nous ne laisserons pas passer.. des remontées seront faites en direction du rectorat, mais aussi du parquet ». Criminaliser des réactions d’adolescents ne semble pas poser question, comme si l’école française fonctionnait sur le modèle des états du sud américain. JM Blanquer, à qui la même question a été posée sur FRance Inter le 2 novembre, est resté beaucoup plus prudent : « il y a des sanctions qui existent dans les établissements, qui sont prévues par le règlement… Il se passe quelque chose dans l’établissement pour que les élèves soient entendus. Il y aura peut-être des sanctions. Les familles seront convoquées ».
Covid
Le nouveau protocole tente de limiter le brassage des élèves
Comment limiter le brassage des élèves sans toucher à la capacité d’accueil des établissements ? C’est la question posée aux écoles et établissements après la publication du nouveau protocole sanitaire. La contrainte reste très légère tant l’accent reste mis sur l’accueil de tous. L’enseignement à distance doit rester exceptionnel et soumis à autorisation du rectorat. Le risque sanitaire dans les établissements scolaires passe après le maintien de l’activité économique.
Que sait-on de la contamination dans les établissements ?
Les enfants sont-ils ou non contaminants? Quelles mesures doivent être prises pour limiter la contagion ? Les demi groupes sont-ils une réponse efficace ? Le Snes Fsu a invité le 5 novembre sur sa page Facebook deux membres du collectif « Du coté de la science » pour répondre à ces questions et donner des conseils pour limiter les risques.
Purificateurs d’air : L’étude évoquée par JM Blanquer
Dans les classes surchargées et mal ventilées ou mal chauffées, de nombreux enseignants, et des syndicats, demandent des purificateurs d’air, à l’image de ce qui se fait en Allemagne. Une région française, Auvergne Rhône Alpes, a d’ailleurs investi dans ces systèmes. Or le 2 novembre, sur France Inter, JM Blanquer a mis en doute l’efficacité des purificateurs d’air. « On a fait une étude scientifique. Les résultats ne sont pas probants. Parfois cela renvoie le virus », a t’il dit. Mais quelle étude ? Nous avons posé la question à l’entourage du ministre. Et pu consulter cette étude, qui existe bien.
L’autre étude sur les purificateurs d’air
Que sait-on vraiment sur l’efficacité des purificateurs d’air ? Le 2 novembre, JM Blanquer mettait en doute l’intérêt des purificateurs d’air, installés dans d’autres pays comme l’Allemagne pour détruire le virus du Covid 19 circulant dans l’atmosphère. Il faisait allusion à une étude que nous avons retrouvée. En fait cette étude de 217 ne portait pas sur tous les procédés de purification. Mais nous avons retrouvé une autre étude, de juillet 2020, réalisé par le HCSP (Haut conseil de la Santé publique) portant sur certaines techniques utilisées dans des purificateurs d’air comme l’ozone ou les ultra violets.
Le nouveau décret sanitaire
Publié au JO du 30 octobre, le nouveau décret sanitaire ne change pas grand chose par rapport au texte précédent. » L’observation de distanciation physique d’au moins un mètre s’applique « dans la mesure du possible » ou » dans la mesure où elle n’affecte pas la capacité d’accueil de l’établissement », ce qui de fait l’annule. » L’accueil est organisé dans des conditions permettant de limiter au maximum le brassage des élèves appartenant à des groupes différents » mais la notion de groupe peut désigner des niveaux, c’est à dire des centaines d’élèves dans les lycées. Le seul changement d’est le port du masque par les écoliers de l’élémentaire.
Les masques DIM sont bien potentiellement dangereux
» L’Agence ne met pas en évidence de risque pour la santé dans des conditions d’utilisation qui seraient strictement respectées », écrit l’ANSES. « Dès lors que le masque traité est porté sans lavage préalable ou n’est pas changé dès qu’il est humide, l’Anses considère en revanche que tout risque sanitaire ne peut être écarté ». Un article de Reporterre avait attiré l’attention sur les risques de ces masques distribués aux enseignants par l’Education nationale du fait de la présence de zéolithe d’argent et de zéolithe d’argent et de cuivre deux anti microbiens permettant la conservation des tissus. L’Anses souligne que ces particules font l’objetd ‘une étude européenne. Pour l’Anses » dans les conditions réelles de port des masques traités, tout risque sanitaire ne peut être exclu ».C’est le cas par exemple si les masques sont utilisés plus de 4 heures ou s’ils deviennent humides, ce qui peut être le cas lors d’un cours où le professeur parle beaucoup. L’Education nationale ne s’est pas expliquée sur le distribution à ses personnels de ces masques potentiellement dangereux. Elle n’a même pas commenté cette déclaration de l’Anses. Elle a par contre remplacé les masques à partir de la rentrée par une autre marque.
Le système
La dépense d’éducation poursuit sa baisse…
« Choyée » par le gouvernement, « priorité » du président de la République, l’éducation connait pourtant une baisse constante dans la dépense du pays. C’est ce que montre une Note de la Depp. Elle ne représente plus que 6.6% du PIB national contre 6.8% en 2017. Si la nation dépense davantage pour le premier degré, elle soutient de moins en moins le lycée et le collège.
ABCD de l’égalité : JP Delahaye met en cause Valls
« Ce recul de la République face à une poignée d’intégristes religieux et à l’extrême droite s’est produite alors que Manuel Valls était Premier ministre. Ce dernier, qui met en accusation aujourd’hui les grandes associations d’éducation populaire, dont la Ligue de l’enseignement, qui auraient «failli » dans la lutte contre l’islamisme, a sans doute oublié que c’est son gouvernement qui cédé en 2014 devant les intégristes religieux en retirant les « ABCD de l’égalité ». Donner à présent des leçons de laïcité et de fermeté sur les plateaux de télévision est donc inutile et ne sert que les adversaires de la laïcité ». Sur son blog, Jean Paul Delahaye, qui était Dgesco à l’époque, raconte comment l’extrême droite et les intégristes de tous bords ont obtenu la suppression des ABCD de l’égalité, un programme qui s’attaquait aux stéréotypes de genre. Sous la pression d’intégristes qui avaient organisé des « journées de refus de l’école », le gouvernement Valls cède et B Hamon annonce la fin d’une expérimentation qui avait marqué des points.
SOS Education épinglé par la Cour des Comptes
SOS Education, une officine qui a exercé de fortes pressions sur l’école publique ces dernières années pour promouvoir les pédagogies les plus rétrogrades et mettre au pas les enseignants, a une gestion « non conforme à ses objectifs », assure la Cour des Comptes. Cette décision pourrait l’empêcher de faire appel à la générosité publique.
Métier enseignant
Les 4 de Melle lourdement sanctionnés
En pleine crise sanitaire et sociale, alors que le ministre appelle à l’unité, la rectrice de Poitiers a décidé de sanctionner lourdement les 4 professeurs poursuivis dans l’affaire de Melle. Les 4 professeurs font l’objet de sanctions. Le rectrice est passée outre aux avis des conseils de discipline, ses propositions de sanction ayany toujours été minoritaires lors des conseils.
Le chef d’oeuvre au bac professionnel
Une circulaire publié eau BO du 29 octobre fixe les conditions de réalisation du « chef d’oeuvre » exigé au bac professionnel ainsi que ses conditions d’évaluation. Il sera évalué par deux enseignants , un professeur d ‘enseignement général et un d’enseignement professionnel. L’évaluation de l’oral estfaite également par deux enseignants dont un a suivi la réalisation du chef d’oeuvre. Une grande partie de la note relève de « la clarté de l’exposition » ou « l’autonomie d’expression », des compétences qui sont connotées socialement.