A quoi ça sert de faire entrer l’imaginaire des élèves et un art (la photographie) pour enseigner la géographie ? Professeur au collège J. Jaurès de Poissy, Nicolas Certain-Delus a saisi l’occasion du confinement pour faire travailler ses 4èmes et ses 3èmes en leur demandant de réaliser des photomontages et de les commenter sur des questions géographiques. Une double ouverture, artistique et intellectuelle, qui enrichit la discipline.
Se confronter à l’aménagement urbain
En 4ème, les collégiens ont été invités à imaginer que Poissy était une station balnéaire. A partir d’une photo prise depuis leur fenêtre, ils devaient réaliser un montage transformant le paysage en bord de mer. Puis ils devaient décrire le montage en utilisant les notions liées à l’aménagement urbain. En 3ème, ils devaient intégrer un super héros dans un paysage saisi depuis leur fenêtre et le mettre en action avec l’aménagement urbain, là aussi avec un récit utilisant des notions géographiques.
« Je me disais :on est enfermé, on va imaginer qu’on est au bord de mer », nous dit Nicolas Certain-Dulus. « C’était ma façon de confronter les élèves à l’idée de l’aménagement urbain en plain confinement. Faire appel à leur imagination est une porte d’entrée dans une discipline abstraite ». Même appel à l’imagination en 3ème après un cours sur la guerre froide qui avait porté notamment sur les super héros.
Imaginer pour mieux comprendre le paysage
« Appeler à l’imaginaire des élèves c’est une façon de les impliquer davantage et de mobiliser des notions de géographie. Ils comprennent mieux en réalisant concrètement leur photomontage ».
Pour lui, loin d’éloigner l’élève de la réalité, la photo exerce son oeil sur le paysage qui l’entoure. « Cela met l’élève en situation de créer un paysage et aussi de se l’approprier. On part d’un paysage familier pour le transformer. Ca les rend acteurs de la discipline.
Finalement les élèves ont appris quoi ? « A regarder le paysage », répond N Certain-Dulus. « A en prendre conscience et à voir l’importance de l’action de l’homme. Dans le texte qui accompagne la photo ils réinvestissent les notions vues en classe. Ils mémorisent ».
Cette prise de conscience a une dimension citoyenne. « Avoir conscience du territoire dans lequel on vit c’est être citoyen. C’est se donner des moyens d’agir et avoir un regard personnel sur l’espace. Si Spiderman préfère violer c’est peut-être que les transports en commun sont moins rapides… »
Propos recueillis par François Jarraud
Un concours scolaire de géophotographie dans l’académie de Nice