Pédagogie
L’éducation aux temps du coronavirus
Quelle lecture peut-on avoir de ce qui s’est passé durant le confinement ? Est-ce un accident ou le résultat d’une politique ? Un moment exceptionnel ou l’accélérateur de politiques déjà bien introduites ? Stéphane Bonnery (Paris 8 Escol) et Etienne Douat (Gresco, Poitiers) livrent aujourd’hui un ouvrage (L’éducation aux temps du coronavirus, La dispute) qui est la première lecture sociologique de ce qu’a vécu l’école depuis mars 2020. Il rend justice aux enseignants qui ont tenu le fil scolaire avec les familles durant ces longs mois. Et il explique comment un virus a interagi avec des choix de société pour produire une montée des inégalités avec laquelle l’Ecole doit maintenant se débattre.
Pascal Bouchard : Blanquer, l’Attila des écoles
« Il est celui derrière qui l’herbe ne repoussera que par touffes éparses tandis que la facture sera salée. Seule une personnalité hors du commun pouvait à ce point bouleverser l’institution ». Journaliste éducation depuis 1998, Pascal Bouchard publie un livre qui, malgré le titre, n’est pas un pamphlet mais une analyse des idées pédagogiques de JM Blanquer et de son entourage, principalement le conseil scientifique. Sa thèse c’est que JM Blanquer a vraiment une pensée sur l’éducation et qu’il utilise des scientifiques pour les mettre en application. Cela nous vaut de très belles pages sur le conseil scientifique, ses conceptions pédagogiques et celles du ministre. On appréciera le décryptage argumenté d’un très bon connaisseur sur la lecture vue par JM Blanquer ou encore la démonstration de l’extraordinaire aptitude au mensonge du ministre. Mais du coup, la politique ministérielle est dépolitisée et désocialisée. C’est dommage si l’on pense que JM Blanquer est surtout porteur d’un projet politique.
Confinement : L’enquête Icare révèle les usages enseignants
Réalisée auprès de plus de 4000 enseignants hors circuit institutionnel, l’enquête Icare menée par Sylvain Genevois, Gaëlle Lefer, Nathalie Wallian au printemps 2020 apporte des informations importantes sur les pratiques enseignantes durant le confinement. « Les usages quotidiens de la messagerie électronique sont très élevés (81,3% des répondants), suivis par l’usage des réseaux sociaux (39,5%). Si l’on y ajoute les usages hebdomadaires, ils s’élèvent respectivement à 85,4% et 47,2%. Les Environnements numériques de travail (ENT) représentent près de la moitié des usages quotidiens (47,2%), le cahier de textes numérique 42,7%. Si l’on y ajoute les usages hebdomadaires, ils s’élèvent respectivement à 56,2% et 53,5%. Les outils de communication synchrones et asynchrones sont peu présents dans l’usage quotidien : vidéoconférence (9,2%), tchats (9,6%), forums (5,5%) ou dans l’usage hebdomadaire : vidéoconférence (18,8%), tchats (5,9%), forums (6,1%). Les plateformes de formation (Moodle ou autre) sont peu utilisées par les répondants (10,9%). La classe virtuelle (CNED ou autre) représente 13,5%. » Autrement dit les outils institutionnels (CNED, ENT) n’ont pas été si utilisés que cela par les enseignants. Si une majorité d’esneignants ont utilisé des ressources audio et vidéo, ce qui est énorme, les manuels scolaires papier (32%) ou numériques (28%) « ne sont pas identifiés comme des ressources si indispensables ». Les sites personnels jouent un rôle important (32%). « La plupart des enseignants enquêtés considèrent que « le numérique ne remplace pas l’enseignant » (79,7%) pas plus que la communication directe (67,5%) ». Les enseignants ont privilégié les contacts avec leurs élèves (pour 55% des enseignants u contact quotidien). Ceux avec les collègues du même établissement ont été aussi importants (32% quotidien). Les contacts avec les chefs d’établissement sont assez importants (12% quotidiens). Au dessus, avec l’académie, ils sont quasi absents (2%).
Bien être : Raphaël Koné : Un internat au temps de Covid19
La situation de confinement risque de se reproduire dans certaines régions, toucher certaines écoles nous a avertis le ministre. Comment la vivre alors ? « Heureux qui …comme des confinés » est un témoignage sur la période de confinement dans un internat par Raphaël Koné, professeur d’histoire et formateur en centre de formation professionnelle dans les Yvelines. Doctorant au laboratoire BONHEURS, ses recherches portent sur les processus d’apprentissage dans les activités éducatives, formatives et professionnelles dans des cadres informels ou institutionnels.
Anne-Claudine Oller : L’heure du coaching scolaire ?
Qu’est-ce que le « coaching scolaire » ? Pourquoi cette pratique émerge-t-elle et qui sont ceux qui y ont recours ? Venu du monde de l’entreprise, le coaching scolaire entend permettre aux élèves de mieux vivre leur scolarité et de développer un certain nombre de compétences attendues dans l’école et dans le monde du travail. Anne Claudine Ollier interroge le discours des coachs. Elle montre aussi comment l’Etat, y compris l’éducation nationale, soutient une pratique qui ne profite qu’aux plus favorisés.
L’égalité filles – garçons dans la classe
« Prof jusqu’au bout des ongles », Julie Van Rechem raconte sur son blog comment elle a pris conscience des inégalités entre filles et garçons dans sa classe de collège. « Moi, à mon échelle, qu’est-ce que ce que je peux faire concrètement ? Ce sont des élèves que je connais bien, et je sais que le discours moralisateur sera un blabla de plus sans impact. Quels leviers infimes puis-je faire fonctionner pour que, au moins dans mes cours, un équilibre soit rétabli, que la domination et le sentiment d’impunité à l’exercer disparaissent ? » Elle inverse la disposition des jeunes dans la classe pour mettre les garçons au centre sous le regard des filles (alors que c’était l’inverse). Un moment de vie de classe à lire.
L’oral en éducation prioritaire
« Comment favoriser, développer en classe des pratiques de l’oral capables de répondre à cette demande, mais aussi de réduire les inégalités et améliorer les conditions de réussite en éducation prioritaire ? » L’Observatoire des pratiques en éducation prioritaire de l’académie de Créteil a publié début juillet un important rapport qui analyse les pratiques de 10 réseaux d’éducation prioritaire, interrogeant les enseignants mais aussi des élèves. Martine Amable, du Carep Créteil, met en ligne un padlet qui propose des ressources du cycle 1 au lycée ainsi que des ressources générales, comme cet entretien de Bourdieu.
Le CPE entre héritage et nouvelles professionnalité
« L’histoire du CPE condense l’histoire du système éducatif français, ses tensions, ses dynamiques et ses scléroses ». En présentant le nouveau numéro de Carrefours de l’éducation (n°49), Christine Focquenoy Simonnet souligne l’intérêt d’étudier le métier de CPE, une profession qui n’existe que dans notre système éducatif. La revue revient sur la naissance du métier, avec notamment le témoignage de JP Delahaye, et sur ses missions . Les relations avec les enseignants sont aussi étudiées. Alors que certains rêvent du retour des anciens « surgés », les CPE cherchent encore leur identité tant la représentation collective leur colle à la peau.
Numérique
Un avis du Comité d’Ethique des Données de l’Education bien peu utile
C’est le premier avis du comité d’éthique pour les données d’éducation et le premier signal de son action. Le projet initial de ce comité a pu sembler important au vu des enjeux évidents liés au développement du numérique en éducation. Avec cet avis (« Enjeux d’éthique des usages des données numériques d’éducation dans le contexte de la pandémie ») on pouvait s’attendre à un apport significatif et important compte tenu du contexte. Malheureusement la lecture du document ne répond pas aux attentes pour plusieurs raisons à commencer par la délimitation de la notion d’éthique par rapport aux notions de lois, règlement, label, codes de bonnes conduites et autres chartes de comportement et autres recommandations…
Bruno Devauchelle : Sociabilité, école et numérique
L’école n’est-elle qu’un lieu du vivre ensemble, un lieu de socialisation, un lieu du faire société ou encore un espace de sociabilisation ? Probablement tout cela et probablement bien davantage… La généralisation des outils numériques dans la société pose la question de la manière dont l’espace scolaire peut repenser ses missions et en particulier son rôle socialisant d’une part mais aussi sa capacité à sociabiliser les jeunes. La rupture introduite par le confinement à d’un seul coup mis à distance l’espace de socialisation, mais est restée la question de la sociabilisation liée aux dispositifs d’enseignement, et plus largement d’éducation. Comment permettre la sociabilisation quand on est enfermé dans une maison, un appartement, un espace restreint et fermé et en lien à distance avec l’école ? Le recours aux moyens numériques a bien entendu été convoqué par l’école, mais les jeunes comme les adultes ne l’ont pas attendue pour développer leur propre sociabilité, bien avant le confinement.
Bruno Devauchelle : Faudra-t-il pousser les murs ?
Alors que la situation sanitaire semble de plus en plus fragile, les établissements scolaires sont mis en question : quelle architecture, pour quel fonctionnement pédagogique, dans quelles conditions ?… La réponse fournie par les partisans de « l’école en extérieur », si elle n’est pas une nouveauté, apporte toutefois des éléments de réflexion intéressants. A cela s’ajoute bien sûr la question lancinante de l’enseignement en ligne, par le web qui serait la roue de secours idéale. Comme les moyens numériques facilitent l’assouplissement des règles de lieu et de temps, et même d’action, il est intéressant de les resituer dans ce cadre plus global qui devrait tenter de répondre à la question : quels murs pour quelle école ?
L’HEBDO PREMIER DEGRE
Isabelle Watrinet : Un nouveau tour du monde pour Clément l’aplati
Cette année Clément l’aplati n’est plus seul. Il voyage avec Clémentine, sa cousine. Covid o pas, le projet imaginé et lancé par Isabelle Watrinet redémarre dans une cinquantaine de classes avec les mêmes objectifs pédagogiques : appréhender autrement la vie de classe, communiquer, coopérer.
Lexilala, les mots de l’école
« Lexilala est un site interactif pour faciliter la communication entre l’école et les familles dont le français n’est pas la langue première. Cette première version s’adresse principalement aux enseignant·e·s, professionnel·le·s et parents de l’école et des centres de loisirs maternels. Mais de nombreux mots traduits peuvent aussi être utiles en crèche comme en école élémentaire ». réalisé par Dulala, la FCPE de Montreuil, Fable Lab et Dix milliards d’humains, Lexilala » contribue à intégrer pleinement les parents dans la communauté éducative, quelle que soit leur langue, et ainsi ouvrir l’école sur des langues parlées en France par de nombreuses familles ».
Mireille Brigaudiot : Langage et école maternelle
Sur son site, Mireille Brigaudiot propose « des compléments pratiques et théoriques, des renvois bibliographiques, des illustrations avec images, des témoignages et des questions de lectrices (oui c’est surtout des filles 🙂 qui utilisent le courrier des lecteurs) », suite à la publication de son ouvrage « Langage et école maternelle ». Notamment elle suit les nouveaux textes publiés récemment et « essaie de vous donner les moyens de les analyser, d’en comprendre les buts ou les incohérences ».
Participez au concours « Comment j’ai inventé ma maison » !
« Transformez vous en architectes et bâtisseurs de demain ». Voilà de quoi inspirer toutes les classes, dès la maternelle, qui souhaitent participer au concours annuel de création plastique et littéraire du SNUipp-FSU et de ses partenaires (BNF, Ligue de l’enseignement, éditeurs et Le Café pédagogique). Un projet au long cours source de plaisir, de surprises et à la clé : une semaine en classe de découverte à gagner et de nombreux autres lots.
Marche contre l’oubli en Seine Saint-Denis
« Il y a un an, Christine Renon, enseignante à Pantin, se suicidait sur son lieu de travail. Dans une lettre accablante, elle dressait un constat dramatique de la charge qui pèse sur les épaules des directrices et directeurs d’école quand les reformes s’empilent et que les moyens s’amoindrissent », écrit le Collectif Christine Renon. « Dans d’autres villes du 93 cette année, d’autres drames dans la communauté éducative : Kewi Yikilmaz, 15 ans, tué en marge d’un cours d’EPS aux Lilas et Djadje Traore, 19 ans, assassiné en bas de chez lui à Saint-Ouen, tous deux scolarisés au lycée d’Alembert à Aubervilliers. Les enseignants de cet établissement relatent une violence qui règne en maître, une violence qui est d’abord sociale, économique, scolaire, policière et raciale, dont leurs élèves sont les premières victimes et qui, très tôt, scelle leurs destins. Depuis, silence, ou presque. Elèves, parents, enseignants, souffrent, et personne ne répond. Il ne s’agit pas simplement d’une problématique de « sécurité publique » ou de détresse personnelle, comme cela a pu être dit. Il ne s’agit pas non plus de saupoudrer de quelques millions nos services publics ». Le collectif appelle à une marche contre l’oubli le samedi 26 septembre , un an après le suicide de C Renon.
Evaluations CP CE1 : Compensation de 6 heures
« Dans deux tiers des cas, les inspecteurs généraux ont constaté une véritable adhésion au dispositif d’évaluation proposé. Pour le tiers restant une certaine indifférence est notée », note l’Inspection générale dans un récent rapport sur ces évaluations. L’Inspection note aussi qu’elle n’a visité que les écoles indiquées par le ministère… Utiles ou pas, les évaluations sont dotées cette année de 6 heures de compensation. Selon le Se-Unsa, le ministère accorde 6 heures de compensation, déduites des 36 heures d’APC, pour la saisie des résultats des évaluations nationales. C’est une heure de plus qu’en 2019.
L’HEBDO LETTRES
C. Gerber et C. Lacroix : Un dictionnaire vivant du français
Comment faire éprouver aux élèves le caractère vivant de la langue française ? C’est le beau défi d’un remarquable projet mené par les 6èmes de Caroline Gerber, au collège Le Caousou de Toulouse, et les 6èmes de Christelle Lacroix, au collège La Malassise dans les Hauts-de-France. Elles ont amené leurs élèves à réaliser un « dictionnaire vivant de la langue française » : un dictionnaire numérique et interactif, dans lequel les mots deviennent des personnages à part entière, qui parlent et agissent à travers de courtes vidéos. Le travail de la langue emprunte alors les voies de l’appropriation, de la créativité et de l’imaginaire. Pour la plus grande fierté des enseignantes : « Cela fait réellement plaisir pour nous adultes de voir ces jeunes faire vivre et transmettre autour d’eux la langue française. » Avec assurément une conviction renforcée chez les élèves : oui « le français est à nous » !
Grammaire : Le ministère passe en force au CSE
Les lycéens seront bien interrogés à l’EAF sur le programme de grammaire de 1ère et de 2de. Le projet d’arrêté modifiant le programme de français en élargissant la mention des deux niveaux, 2nde et 1ère, à l’ensemble des objets grammaticaux figurant au programme a été présenté au CSE du 17 septembre. L’ensemble des syndicats enseignants était contre le texte mais l’administration ira contre cet avis.
Français 1ère : Le programme alourdi ?
Un projet d’arrêté modifie le programme de français en élargissant la mention des deux niveaux, 2nde et 1ère, à l’ensemble des objets grammaticaux figurant au programme. Jusqu’ici 4 notions étaient spécifiquement à étudier en seconde : « Les accords dans le groupe nominal et entre le sujet et le verbe », « Le verbe : valeurs temporelles, aspectuelles, modales ; concordance des temps » ; « Les relations au sein de la phrase complexe » ; « La syntaxe des propositions subordonnées relatives ». Le projet d’arrêté modifie le programme : « chacune des quatre occurrences de « (classe de seconde) » est remplacé par « (dès la classe de seconde) ». Cet énième rebondissement dans le mauvais feuilleton du français au lycée suscite à nouveau incompréhension et accablement…
Activités de français pour temps de confinement (et pas que)
Professeure de français à Ottawa, Claire Doz partage des réalisations d’élèves menées durant le confinement : chorale CM2/6ème de phrases poétiques, portraits de héros et d’héroïnes du quotidien par des 4èmes, scène de « Cyrano de Bergerac » jouée et enregistrée à la maison, écriture de fables inspirées d’un oiseau aperçu dans son jardin, anthologie sonore des textes du bac lus par les 1ères … Et si la « continuité pédagogique » amenait aussi à s’inspirer des pratiques créatives que les enseignant.es ont mises en œuvre tout au long des mois passés ?
Fiction et réel : traversée de frontières
« Recherches », revue de didactique et de pédagogie du français, consacre son numéro 72 à ce qui se joue, pédagogiquement, dans les frontières entre la fiction et le réel : comment l’Ecole peut-elle les fixer, les explorer, les interroger, les exploiter ou les subvertir ? Avec, comme toujours, de très intéressants comptes rendus d’expériences de classe : interview d’un personnage du roman « L’Orangeraie », écriture d’intervention dans une nouvelle d’Annie Saumont, transformation d’un fait divers en nouvelle, étude de la pièce-procès « Terreur »… Véronique Larrivé analyse par exemple les riches potentialités du journal de personnage, qui permet de faire l’expérience de la fiction tout à la fois comme jeu, comme immersion, comme monde possible, comme reconfiguration mentale, comme décentrement, comme jeu sérieux, comme création critique. De belles « perspectives de formation ouvertes à l’introduction de gestes d’écriture plus vivants, plus ludiques, c’est-à-dire plus créatifs. » (François le Goff)
Afef : Pour une école de la compréhension
A quoi devrait ressembler l’école d’après ? » A travers les difficultés et les surprises qui l’ont marquée, la période de travail à distance a révélé une double nécessité. D’une part, être conscient de « l’immensité du monde » où s’inscrivent les apprentissages, qu’il s’agisse pour leurs acteurs d’un monde extérieur ou d’un monde intérieur. D’autre part, dans la mise en œuvre des apprentissages, faire toute leur place – et dans toute leur diversité – aux différentes données qui y jouent un rôle. Deux nécessités qui, au fond, se résument en un verbe : comprendre… Ainsi peut-on se sentir invité à penser « l’école d’après » comme une « école de la compréhension » » Cet objectif est décliné par l’AFEF en pistes concrètes où on trouve » Assumer une démarche d’acculturation aux « postures » scolaires », » Inviter davantage les élèves à « monter dans la cabine de pilotage » ou encore » Penser explicitement les apprentissages comme ayant pour enjeu d’ « apprendre à vivre »
L’HEBDO SCIENCES
Claire Lommé : Comment vont nos élèves ?
Comment vont nos élèves ? C’est la question que chaque enseignant s’est posée avant de retrouver ses classes en septembre. Cette question revêt une dimension psychologique, et une dimension pédagogique : quels sont les apprentissages acquis ? Sur quoi revenir ? Pour qui : quelques élèves, une partie de la classe, tous ? Et comment parvenir à faire avancer chacun au mieux de sa situation propre ?
Nicolas Cohen : Un enseignement hybride en SVT
Comment un enseignant prépare-t-il un nouveau programme dans les conditions actuelles ? Nicolas Cohen, enseignant de SVT au lycée Fragonard de L’Isle-Adam (95), entame sa 20ème rentrée scolaire après « un travail colossal » effectué cet été. L’enseignant, qui s’inquiète de l’intérêt des élèves pour les SVT en 2nde, a opté pour la plateforme Éléa qui permet « de créer et de partager des parcours complets en ligne ». La progression de ses lycéens pourra être suivie individuellement notamment en cas de travail à distance. Nicolas Cohen définit sa démarche comme « un enseignement hybride dont le contenu est modifiable en temps réel ». L’enseignant nous confie aussi ses outils numériques favoris utilisés en classe.
Sciences : ne pas oublier son heure de vaisselle
Le travail effectué au laboratoire par les enseignants de SVT et de sciences-physiques est reconnu et spécifiquement rémunéré par l’Education nationale. Cette heure « de vaisselle » est précisée dans l’article 9 du décret relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants exerçant dans un établissement public ou privé sous contrat. « Dans les collèges où il n’y a pas de personnels exerçant dans les laboratoires, les maxima de service des enseignants qui assurent au moins huit heures d’enseignement en sciences de la vie et de la terre ou en sciences physiques sont réduits d’une heure ».
Maths : L’APMEP tiendra ses journées nationales à distance
Les Journées nationales de l’Apmep, association des professeurs de maths, auront lieu du 18 au 20 octobre quoiqu’il arrive. En effet elles auront lieu à distance. Le programme est en cours d’élaboration.
L’HEBDO SCIENCES HUMAINES
Rémi Jeannin : Un Printemps de l’économie recontextualisé
Si le thème central, « Guerre et paix », n’a pas changé depuis l’édition qui était prévue en mars 2020, la nouvelle édition du Printemps de l’économie, qui aura lieu du 13 au 16 octobre, s’ouvre largement aux problématiques nées de la pandémie mondiale. Même en automne, le Printemps reste un grand événement des sciences économiques et sociales et une aubaine pour les professeurs de SES. Rémi Jeannin, vice président de l’association qui organise le Printemps et professeur de SES, le démontre.
Histoire-géo : Num@lille : Présentiel / distanciel
« Dans les pages suivantes de ce numéro, les professeurs du groupe numérique hg exposent des solutions testées et transférables. Il ne s’agit en aucun cas de solutions idéales, mais le récit d’expériences qui ont donné le sentiment à leurs auteurs d’améliorer (un peu) les modalités de cet enseignement si particulier ». Le numéro de septembre de la revue de l’académie de Lille offre de nombreuses expériences de la continuité pédagogique. « Cette modalité de travail, aux mois de mars et avril 2020, a pu paraître frustrante : l’inégalité d’équipement matériel des élèves, la grande hétérogénéité de ceux-ci face à l’autonomie ont été perçues comme des difficultés majeures dans la mise en oeuvre de dispositifs éducatifs en distanciel. L’enseignement hybride ou distanciel desserre le lien que le professeur a habituellement avec ses classes ». Ainsi la revue propose « diverses solutions pour ajouter des ressorts ludiques au travail distanciel. Il ne s’agit pas d’une « gadgetisation » de l’enseignement, mais bien des façons concrètes de soutenir l’intérêt, d’entretenir la motivation des élèves dans l’accomplissement des travaux demandés ».
Les géographes et la crise sanitaire : L’analyse de Cynthia Ghorra-Gobin
« On n’assistera pas à une remise en cause de la mondialisation mais à des mesures de régulation », écrit Cynthia Ghorra-Gobin sur le site de la Société de géographie. « De nombreux experts revendiquent à présent le principe de « circuits courts » pour ce qui relève de l’approvisionnement en milieu urbain tout en précisant qu’une région urbaine ne peut en aucun cas être complètement autonome ou vivre en autarcie. Il ne s’agit pas d’abolir toute forme d’échanges mais de trouver le « juste milieu » entre différentes échelles territoriales, le local, le niveau national, européen et mondial… La pandémie n’entraînera pas une rupture dans l’organisation des territoires, mais un réajustement en faveur d’un nouvel équilibre organisé autour d’un système de santé décentralisé ».
Géo : Beyrouth : Quel apport des technologies spatiales ?
« Faute d’avoir pu véritablement anticiper le risque, les technologies géospatiales pourront-elles servir à cibler les besoins des populations et à mieux planifier le développement urbain dans l’avenir ? Il semble en tous les cas indispensable de s’appuyer sur les populations et de tenir compte des connaissances locales pour essayer d’apporter des réponses ». Sur Cartographies numériques, Sylvain Genevois montre comment les technologies spatiales ont permis de mesurer l’impact économique et humain de la catastrophe de Beyrouth.
La Shoah connue et enseignée
Selon un sondage Ifop pour le JDD et l’UEJF, la Shoah est bien enseignée en France. Elle l’est même nettement mieux qu’il y a quelques années. 87% des jeunes connaissent la Shoah et à 80% c’est par l’école qu’ils en ont eu connaissance, un pourcentage en forte hausse par rapport à 2018 (58%). 80% des jeunes qualifient la Shoah de crime monstrueux (63% en 2014). 21% des jeunes rapportent que cet enseignement est contesté en classe mais 93% jugent qu’il est important de l’enseigner pour éviter que cela se reproduise (notamment 91% des jeunes musulmans). On est très loin de l’incapacité de l’école à enseigner la Shoah comme certains médias voudraient le faire croire.
L’Apses condamne l’entrisme des entreprises dans l’Education nationale
5000 euros pour une étude de cas sur mon entreprise. Selon l’Apses, qui cite France 2, c’est le tarif perçu pour héberger cette fiche sur le site Melchior, produit dans le cadre d’un partenariat entre l’Institut de l’entreprise et l’Education nationale. « L’APSES a régulièrement dénoncé ces liens de longue date entre le Ministère et les grandes entreprises, visant uniquement à promouvoir la vision d’un lobby privé dans les classes, au détriment des exigences de neutralité du service public d’éducation », rappelle l’association des professeurs de SES. « Face à ces nouvelles révélations, le Ministère et l’IDE doivent au plus vite faire toute la transparence sur ce partenariat, et l’existence de services tarifés. Plus largement, l’APSES appelle à mettre fin à ces liens éminemment problématiques : l’École doit garder à distance les groupes de pression, quels qu’ils soient. »
Olivier Godard : Concours Carto a 10 ans
« Travailler avec des collègues dans un projet fou comme celui-ci est génial et compliqué. Mais c’est surtout génial ». Il y a 10 ans, Olivier Godard lançait avec une collègue le Concours Carto entre quelques établissements du Maine et Loire. Aujourd’hui les Concours Carto se sont multipliés, ils vont du CM1 à la classe préparatoire et aux adultes. Et ils partagent la passion de la géographie avec 3000 personnes, massivement des élèves.
Un Escape Game pour l’EMI
» Au collège Molière de l’Aigle dans l’Orne l’éducation aux médias est une affaire sérieuse. Tellement sérieuse que pour accueillir leur classe média, Aline Boucher (professeure d’Histoire-géographie) et Charline Huon (professeure de Lettres classiques) ont créé un escape game. Au travers des énigmes, les élèves découvrent en collaborant différents médias, les réseaux sociaux, la presse écrite… », écrit Denis Sestier sur son blog Ludus. U esacpe game à visiter.
Histoire : Les ressources de l’Inrap
» L’Inrap offre aux enseignants un accès à l’état actuel de la recherche archéologique par le biais de ressources indexées et d’activités pédagogiques, régulièrement mises en ligne, pour enrichir, principalement, les programmes d’histoire, langues et cultures de l’Antiquité et arts plastiques ». Un moteur de recherche permet d’accéder à des ressources pédagogiques surtout pour les écoliers et collégiens de 6ème.
Géo : Le programme du FIG de Sant Die
Le pré programme du Festival international de géographie de SaintDié est en ligne. Le festival accueille des tables rondes dans le cadre du plan de formation : sur la géographie de la pandémie et le développement durable. Changement climatique et Covid 19 s’invitent largement tout au long du festival.
L’HEBDO LANGUES
15 associations déposent un recours contre la certification en anglais
Un recours a été déposé par 15 associations regroupant des étudiants, des enseignants et des chercheurs en langues contre l’arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise pour l’obtention de la licence, car il menace l’indépendance et la gratuité des formations. Les 15 associations (Adeaf, Geras, Geres, Oep, Saes etc.), comprenant notamment des spécialistes de l’anglais, dénoncent « le dessaisissement de la politique linguistique des universités au profit de sociétés privées » et « l’uniformisation des pratiques avec une seule visée certificative et utilitariste dans le mépris total de la richesse des dispositifs de formation » en plus du gaspillage de l’argent public au profit d’entreprises privées (32 millions).
Allemand : Concours Toi et ton environnement
» Les collégien·ne·s de la 5e à la 3e partout en France sont invité·e·s à mettre en lumière les initiatives les plus innovantes de leur environnement proche. » Ce concours du Goethe Institut réservé aux collégiens amène les élèves à réaliser un reportage photo, vidéo ou un enregistrement audio.
Espagnol : Art et nature
Une séquence de travail mutualisé sur l’art et la nature qui amène les élèves à exprimer leurs émotions et à alimenter un padlet.
EPS
Michel Serres : Mes profs de gym m’ont appris à penser
« Les professeurs de gymnastique ont beaucoup plus d’importance dans la société et dans l’enseignement qu’on ne le croit d’ordinaire. Je souhaiterais qu’ils soient presque au centre de l’enseignement ». On pardonnera « professeur de gymnastique » à Michel Serres, pas très au fait des réalités de l’éducation nationale. On le fera car dans » Mes profs de gym m’ont appris à penser » (Le Cherche Midi / Insep), Michel Serres fait l’apologie de l’EPS en expliquant pourquoi. Il distingue très bien le sport de l’éducation physique. Alors que le premier lui semble destiné à mourir, l’éducation physique « vit vraiment ».
EPS : Pascale Jeannin : Le Hand à 4 pour transformer les élèves
Depuis quelques années une nouvelle pratique voit le jour : le hand à 4. Pour autant suffit-il de faire jouer les élèves à 4 contre 4 pour les transformer ? Pascale Jeannin, enseignante en STAPS Sorbonne Paris Nord, à l’origine de cette nouvelle pratique, explique son intérêt. Elle présente aussi les pistes pour adapter le hand à 4 à la crise sanitaire actuelle.
L’EPS peut-elle se faire en ligne ?
« Des enseignants d’EPS, des coaches, des sportifs de haut niveau, beaucoup de monde a produit des vidéos publiques. Une tendance qui se retrouve dans de nombreux pays Européens… Certaines propositions en ligne, multiples et variées, ont témoigné d’une certaine créativité. Quelques travaux de recherches ont même montré qu’elles pouvaient avoir un impact favorable auprès des moins sportifs, pour suivre et encourager les élèves… Mais quels élèves ? Le confinement terminé pour le moment, les politiques poussent pour installer durablement un enseignement hybride, en présentiel et distantiel. Quid de l’EPS dans ce contexte ? Des séances en ligne peuvent elles se définir comme de l’éducation physique et sportive ? » Le Snep Fsu organise le 23 septembre une « soirée de l’EPS » sur ce thème. Parmi les intervenants Jean Marc Serfaty, IPR de Créteil et Christophe Schnitzler, maître de conférence au staps de Strasbourg.