Système éducatif
Quel avenir pour l’Ecole ?
Alors que l’Ecole sort tout juste d’une crise où elle a failli disparaitre, avec « Back to the Future of Education », l’OCDE nourrit la réflexion sur l’avenir des systèmes éducatifs. L’organisation propose 4 scénarios qui vont du maintien des écoles à leur disparition en passant par leur décentralisation totale ou une meilleure intégration dans la communauté locale. Ces scénarios, qui tous affectent le métier enseignant, rejoignent d’autres réflexions comme celle portée récemment par la Revue de Sèvres. On aurait tort de n’y voir que vues de l’esprit. Si personne ne connait l’avenir de l’éducation, si la crise sanitaire a démontré le caractère irremplaçable de l’Ecole, cette réflexion prend forme avec , par exemple, l’annonce du « nouveau métier enseignant » par JM Blanquer. L’heure du changement n’est plus éloignée ?
L’Observatoire de la sécurité des établissements et le plan de relance
« Le plan de relance étant une occasion exceptionnelle d’engager une rénovation des constructions scolaires sur des bases conformes au développement durable, le diagnostic préalable devrait porter à la fois sur la sécurité incendie, l’accessibilité, l’adaptation aux risques naturels majeurs avec la spécificité de l’Outre-Mer, la mise en place opérationnelle de systèmes modernes d’alarme et d’alerte, le traitement de l’air pour améliorer sa qualité, les toilettes et points d’eau dont la crise sanitaire a révélé les faiblesses que nous avions signalées à de nombreuses reprises », rappelle l’Observatoire de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement. Présidé par Jean-Marie Schléret, l’observatoire a démontré son utilité avant et pendant la crise sanitaire en sonnant l’alarme sur le risque amiante ou encore en montrant qu’un quart des écoles n’a pas assez de point d’eau pour appliquer le protocole. L’Observatoire fait partie des organismes que le gouvernement veut supprimer.
Enfants privés d’école : « Il y aura des recours contre les maires »
Anina Ciuciu est la marraine du collectif #EcolePourTous qui alerte sur la situation des enfants privés d’école, issus de la grande précarité – vivant dans des bidonvilles, des squats, des hôtels sociaux, membres de la communauté des gens du voyage, mineurs étrangers isolés… Le collectif, qui estime leur nombre à quelque 100 000, a relancé une pétition pour faire avancer leur cause. Il soutient les recours en justice déposés hier par des parents vivant en bidonville à Stains (Seine-Saint-Denis) contre le refus de la mairie d’inscrire leur enfant à l’école. Il s’agit de la première action en justice depuis la publication du décret simplifiant les conditions d’inscription. Anina Ciuciu, avocate, qui a elle-même grandi dans un bidonville, dresse un premier bilan de cette rentrée dans un contexte de crise sanitaire qui a encore aggravé les inégalités.
Les Régions attendent plus et mieux de l’État
Lors de leur conférence de presse de rentrée, le 16 septembre, les Régions ont souligné le rôle important qu’elles ont joué pour assurer « la continuité pédagogique » dans les lycées et leur « hyper mobilisation » pour garantir aujourd’hui la sécurité sanitaire. Elles en ont aussi appelé à l’aide de l’État dans deux secteurs au coeur de leur engagement. Dans le numérique éducatif d’abord, elles réclament davantage d’investissement. Dans l’apprentissage ensuite, elles tirent la sonnette d’alarme, brandissant le risque de voir disparaître des CFA, notamment ruraux, avec la mise en oeuvre de la réforme Pénicaud qui les a privées de cette compétence.
La FSU demande le maintien de l’Observatoire de la sécurité des établissements
« Les activités d’un organisme indépendant et collégial sont indispensables au progrès des politiques de préventions des risques, de diffusion de la culture du risque et de mise en oeuvre de l’accessibilité », rappelle la FSU dans un communiqué. « Dans le contexte actuel – de l’ incendie d’une usine classée « Seveso » à Rouen, de la pollution au plomb autour de la cathédrale Notre-Dame, des problèmes liés à la présence d’amiante dans de très nombreux établissements scolaires, de l’importance des procédures de sécurité dans les ateliers dans la voie professionnelle et technologique, de la sécurité des installations sportives sans compter la montée des risques majeurs de causes naturelles liées au dérèglement climatique – la suppression de cet observatoire est irresponsable. Cet observatoire réalise un travail essentiel pour mettre en évidence les progrès mais aussi les retards en matière d’accessibilité des locaux et équipements d’enseignement utilisés par les personnes en situation de handicap ». ON doit à l’Observatoire, présidé par JM Schléret, la mise en évidence de l’amiante dans les établissements scolaires ou encore des données précises sur le manque de points d’eau dans les écoles en pleine crise sanitaire. C’ets cette source d’information sur la réalité du monde scolaire que le ministère veut faire disparaitre. Sa disparition mettrait pourtant en danger les personnels et les élèves.
Crise sanitaire
La gestion sanitaire des écoles assouplie
Dans un avis rendu le 17 septembre, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) modifie la définition des cas contacts et par suite la mise en quarantaine des enseignants au contact d’élèves porteurs du Covid. Cet avis tombe à pic alors que les cas de Covid se multiplient chez les élèves et chez les enseignants et que la question de leur remplacement devenait insoluble. Cette modification très importante arrive alors que l’inquiétude est forte dans les établissements.
La gestion sanitaire du ministère attaquée
Alors que beaucoup d’enseignants sont inquiets pour leur santé compte tenu de leurs conditions de travail et des insuffisances du protocole, la publication d’une lettre de l’Agence régionale de santé estimant les masques fournis par le ministère insuffisamment protecteurs suscite une mobilisation syndicale. Elle est particulièrement embarrassante pour le ministre alors que l’épidémie progresse rapidement et qu’un Conseil de défense se tient le 11 septembre.
Crise sanitaire : Tout va au mieux…
« Cette rentrée est la meilleure possible ». Invité sur LCI le 16 septembre, JM Blanquer a largement minimisé l’impact de la crise sanitaire. Il a précisé qu’une attestation sur l’honneur des parents suffit pour le retour en classe d’un enfant malade ou cas contact.Même le 12 mars, quand il a été désavoué par le président de la République, « c’est la doctrine sanitaire qui a changé, pas moi ».
Personnels fragiles ou malades, enfin la circulaire
Une circulaire en date du 14 septembre applique enfin dans l’Education nationale la circulaire du 1er ministre du 1er septembre. Elle précise que dans le cas de contre indication du port du masque les personnels sont en télétravail ou en congé maladie ordinaire. Pour les personnes à risque (définies de façon restrictive parle décret du 29 août 2020) l’administration a le choix entre le télétravail ou l’autorisation spéciale d’absence (ASA). Pour les autres personnes vulnérables (au sens du décret du 29 août) elles sont en télétravail ou en présentiel avec masque ffp2 fourni par l’administration. Cette situation concerne particulièrement les enseignants. Leurs horaires peuvent être aménagés pour éviter les transports en heure de pointe. Les personnels en isolement exercent en télétravail ou bénéficient d’une ASA. Les parents d’enfant malade ou isolé sont en télétravail ou en ASA. Le ministère imagine de mettre des enseignants en télétravail en réunissant les élèves dans les locaux scolaires avec un surveillant et le professeur à distance qui fait cours…
Covid : Le gouvernement dans ses contradictions
« Notre stratégie ne varie pas : lutter contre le virus en évitant de devoir mettre entre parenthèses notre vie sociale, culturelle, économique, l’éducation de nos enfants ». Entre le sanitaire et l’économique, le gouvernement semble donner la priorité à l’économie, à rebours de son choix de mars 2020. De son allocution du 11 septembre on retient surtout l’abaissement de la quarantaine à seulement 7 jours, ce qui devrait ramener au travail et dans les écoles davantage de personnes. Des enseignants remarquent que les invitations du 1er ministre à la distanciation sont contredites dans les faits. La tension sur les emplois enseignants et territoriaux sont déjà dans les écoles. Les premiers droits de retrait aussi.
Le CHSCT demande des masques chirurgicaux pour le premier degré
Le 11 septembre, le CHSCT ministériel a adopté un avis sur l’urgence à doter les professeurs du 1er degré de masques chirurgicaux. « En l’absence d’obligation de distanciation physique, seul le port du masque est à même d’agir sur la circulation épidémique », dit cet avis. « Or, les autorités de santé alertent sur l’inefficacité du masque en tissu fourni par le ministère en termes de protection des élèves comme des personnels. L’ARS de Bretagne signale que la « protection [est] insuffisante envers les enfants » et que les personnels sont considérés comme « contacts à risques » si un enfant est testé positif. Cette décision s’appuie sur les recommandations de Santé Public France. Le ministère de l’Éducation nationale ne remplit donc pas ses obligations d’employeurs en exposant sciemment ses agent-es à des situations à risques pour leur santé. L’ARS de Bretagne préconise de doter les personnels en contact avec des élèves de masques chirurgicaux. Le CHSCTMEN demande que le sujet soit particulièrement expertisé en toute urgence et dans l’attente de mettre immédiatement en œuvre cette préconisation dans toutes les écoles de manière préventive. » La FSu a également alerté sur le manque de remplaçants 10 jours après la rentrée.
Bordeaux , Marseille : Sorties scolaires interdites
Dans le cadre de nouvelles mesures restrictives, les préfets de Gironde et des Bouches-du-Rhône ont pris le 14 septembre des décisions qui affectent la vie quotidienne. Parmi celles-ci, l’interdiction des sorties scolaires jusqu’à nouvel ordre. Les événements liés à la Journée du patrimoine sont également annulés. Le port du masque devient obligatoire à moins d e50 mètre d’un établissement scolaire.
Covid : Les isolements multipliés par deux en une semaine en Angleterre
Selon le Guardian, le nombre d’enseignants mis en isolement suite à leur exposition à des élèves malades a doublé en une semaine. Dans la seule Angleterre ils seraient déjà 25 000. Cette croissance exponentielle liée à celle de la maladie met les écoles anglaises sous pression. Le nombre d’élèves utilisateurs de l’enseignement à distance mis en place par le gouvernement a doublé. La France vient d’apporter une réponse au problème en réduisant la possibilité de mettre les enseignants à l’isolement.
Le coût économique des fermetures d’écoles évalué par l’OCDE
Alors que la question des fermetures d’école redevient d’actualité avec la montée de la seconde vague, Eric A. Hanushek et Ludger Woessmann publient pour l’OCDE une étude sur le coût économique des fermetures d’écoles durant la crise du Covid 19. Selon eux, chaque année d’école supplémentaire augmente le revenu d’une personne de 7 à 10%. Par suite la perte d’un tiers de l’année devrait coûter à chaque élève 3% de son revenu dans le futur. Pour le pays où la fermeture a lieu, ces fermetures fournissent une main d’oeuvre moins bien formée. A terme cela se traduirait par un recul de 1.5% du PIB pour un tiers d’année en moins. L’étude se base sur des cas réels. Ainsi l’expérience des années scolaires courtes en Allemagne dans les années 1960 montre que même quand elle est pensée en avance la réduction du temps scolaire a un impact économique évalué à une perte de revenu de 5% dans cet exemple. Pour l’OCDE « il faut prendre des mesures concrètes pour assurer l’éducation de tous… Il est important de s’assurer que les écoles deviennent meilleures qu’avant la crise sanitaire ».
Métier enseignant
Concours : Des syndicats contre l’oral de titularisation
« Des objectifs affichés à la composition du jury, en passant par le statut de cet “entretien” – dans lequel le ou la stagiaire doit présenter une situation professionnelle vécue, tout fait problème. Alors que l’année s’annonce particulièrement difficile pour toutes et tous et en particulier pour les débutant·es, cet oral représente une charge de travail supplémentaire pour les stagiaires, lesquels sont soumis à un stress et une pression constante du fait de conditions de stage très exigeantes. D’autre part, cela va accroître inutilement les charges des personnels d’encadrement et des formateurs ». La décision de créer un oral de titularisation pour remplacer l’oral du concours qui n’a pas eu lieu du fait de l’épidémie mobilise les sydnicats de la Fsu, la Cgt et sud éducation.
Melle : Des sanctions pour 4 professeurs
Finalement ce ne sont pas 3 professeurs qui sont poursuivis par le rectorat de Poitiers dans l’affaire de Melle. Selon Sud Education, une quatrième enseignante est elle aussi convoquée pour conseil de discipline en octobre. » Le rectorat et le ministre Blanquer choisissent donc de franchir un cran supplémentaire dans la répression », écrit Sud Education. « Face à cet exemple emblématique de la répression anti-syndicale dans l’éducation, SUD éducation appelle à participer à un rassemblement national à Poitiers à l’occasion de la tenue des CAPA disciplinaires le lundi 12 octobre à 13h ». Ces enseignants sont poursuivis pour avoir participé à des à des manifestations contre la mise en place des E3C dans leur établissement. Le ministre veut également obliger les élèves n’ayant pas passé les E3C de janvier 2020 à les repasser cette année…