Depuis l’annonce, le 12 mars 2020, de la fermeture de toutes les écoles par le président de la République, les enseignants, les élèves et leurs parents ont vécu des moments inédits où l’école disparaît et où il faut inventer à partir de rien un nouveau lien pédagogique. Du confinement au déconfinement partiel puis total, trois mois hors norme dont on mesure encore mal toutes les conséquences.
12 mars : Fermeture de toutes les écoles et les établissements scolaires
C’est une décision historique et un soulagement. Annoncée par E Macron le 12 mars au soir, la fermeture de toutes les écoles et tous les établissements scolaires a été commentée un peu plus tard par JM Blanquer. Pour le ministre, tout est prêt : « nous y sommes préparés ». Mais pourquoi cette fermeture ? Que vont faire les enseignants et les élèves ? Est-on vraiment prêt ?
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Pour l’OCDE, l’École française à la traîne pour relever le défi de la crise sanitaire
« On a vu que la France n’avait vraiment pas à rougir en matière d’enseignement à distance ». Répondant à la question d’un député le 19 mai JM Blanquer a mis en avant la réponse française à la crise sanitaire, et particulièrement le CNED, comme une sorte de modèle pour les autres pays. Ce n’est pas l’avis de l’OCDE qui, partant de ses propres données, pointe surtout des insuffisances françaises. Et pose, à sa façon, la question des leçons à tirer de la crise portée par le Covid-19.
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Continuité : La revanche du smartphone
Alors que les enseignants cherchent à assurer, avec des outils souvent improvisés, la « continuité pédagogique », leur préoccupation première devient le décrochage. Isolés de leurs camarades, face à des modes d’enseignement distanciés, sans le soutien direct de l’enseignant, de nombreux jeunes ont déjà disparu du radar de leur établissement. Et plus la crise durera, plus leur nombre augmentera. Dans l’urgence, on se rend compte que le seul outil efficace pour joindre et faire travailler tous les élèves confinés chez eux c’est le smartphone. Avec retard, la France redécouvre avec une catégorie d’élèves la nécessité de réfléchir à l’éducation d’urgence.
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Stéphane Bonnery : La continuité pédagogique et les mensonges
« Si le virus provoque une telle déstructuration de notre société, c’est qu’il y avait déjà un souci, celui de la déstructuration du service public mené par les politiques depuis des années ». Professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris 8 (Saint Denis), Stéphane Bonnery questionne la continuité pédagogique tant vantée par le ministre. Il l’accuse de profiter de la crise actuelle pour faire passer en force ses réformes. « Concernant le bac, j’accuse nommément Blanquer de faire exprès de jouer la montre. Plus le temps passe, plus il aura l’occasion de dire qu’il n’y pas d’autres solutions que le contrôle continu. Contrôle continu qu’il a en tête depuis bien longtemps et qu’il faut tout faire pour éviter car il amplifierait les inégalités ». Entretien.
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Philippe Champy : Premières leçons du confinement
Peut-on à chaud tirer de premières leçons de ce que l’expérience inédite du confinement a pu engendrer chez les professionnels de l’éducation, les élèves et leurs parents ? Certaines pratiques minoritaires se sont-elles généralisées, de nouvelles ont-elles fait leur apparition ? Les rapports entre professeurs, élèves et parents ont-ils évolué, les représentations des uns et des autres ont-elles changé ? Comment l’institution Education nationale sur le terrain a-t-elle vécu et vit cette épreuve ? Pour commencer à y répondre, on dispose d’une multitude de témoignages, de prises de position, d’expressions de toutes sortes qui permettent d’avoir un premier retour. Mais il est beaucoup trop tôt pour se faire une idée plus fine et plus précise en l’absence d’enquêtes qui permettraient de mieux prendre la mesure des réalités dans leur diversité.
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L’école à distance à l’heure du déconfinement : Premier bilan
À l’heure du déconfinement et de la nouvelle période qui s’ouvre, entre enseignement/apprentissage, mi-présentiel/mi-distanciel, que sait-on exactement de la façon dont les enseignants et leurs élèves s’y sont pris pour s’efforcer de faire face, “malgré tout”, à cette situation inédite et aux contradictions qui l’accompagnent depuis le début des premières prescriptions ? Perrine Martin, Christine Félix, Pierre-Alain Filippi et Sophie Gebeil (Aix-Marseille Université) présentent les résultats saillants d’une recherche en cours portant sur les élèves et les enseignants des 1er et 2d degrés.
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12 mai : Des professeurs, des élèves, des écoles sous contraintes
Drôle d’école. Le 12 mai, c’est le grand test. Après deux mois d’enseignement à distance, des professeurs des écoles ont accueilli des élèves dans leur classe. Une journée pas comme les autres dans des écoles totalement réorganisées en fonction du protocole sanitaire. Des professeurs pas comme d’habitude, entre plaisir, envie de bien faire et multiples contraintes.
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2 Juin : Second degré : Une vraie fausse reprise
« À partir du 2 juin toutes les écoles seront ouvertes ». En s’exprimant le 28 mai à la suite du premier ministre, JM Blanquer a dressé le portrait d’une École qui s’ouvrirait le 2 juin à toutes les familles qui le souhaitent. Cela concerne en priorité le second degré avec la réouverture proclamée des collèges de l’ex zone rouge et des lycées en zone verte. Mais la réalité est bien différente ce mardi matin. On est loin de la réouverture générale promise aux français.
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22 juin : Premier degré : La reprise c’est aussi du bonheur
Lundi 22 mai, une grande majorité des élèves est retournée à l’école. Malgré les cafouillages, un protocole sanitaire illégal jusqu’à quelques minutes de la réouverture des écoles, le sentiment qui prédomine après deux jours d’école « normale » n’est autre que le bonheur. Le bonheur de se retrouver, de retrouver un semblant de vie « normale » pour les enseignants, les élèves et leurs parents. Marie-France*, Édouard et Virginie* témoignent.
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22 juin : Les élèves reviennent au collège Flaubert mais pas tous
Impatience des élèves de revoir les copains, joie des enseignants de retrouver leurs élèves, non dénuée d’une certaine appréhension avec les contraintes qui demeurent… La reprise des cours avec tous les élèves, censée marquer la deuxième phase du déconfinement, s’est déroulée hier dans le bon ordre et dans la bonne humeur au collège Gustave Flaubert, à Paris (13ème). Les enseignants et le personnel étaient quasiment au complet mais pas tous les élèves. Sur un total de 560 élèves, 355 (63%) étaient présents contre 280 (50%) la semaine passée. Une progression sensible mais, malgré l’annonce du caractère obligatoire de la reprise scolaire, l’établissement n’a pas fait le plein. Reportage.
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