« C’est joli, la continuité. Le mot est presque doux mais on doit l’interroger… Nous sommes 99% à être insatisfaits de ce que nous avons fait. Il y a plusieurs raisons à cette insatisfaction. La première est que pour un mathématicien, le mot continuité résonne : surviennent à nos esprits des images, des représentations, un concept. Or, avant le 13 mars, il y avait école, et après, il n’y en avait plus. Appelons ça une rupture. » Cette rupture l’Apmep veut la penser à l’abri de la rhétorique ministérielle.
« Avec les moyens du bord, nous avons bricolé des pis-aller, utilisé nos outils personnels, géré comme il était possible le lien maître-élève, fait tenir la barque plus ou moins à la surface de l’eau. Nous avons géré cette rupture pédagogique par des relations en pointillés… Nous avons pris conscience du défaut éthique des outils numériques malgré leur richesse, et inventé une manière de les intégrer tout de même dans notre travail éducatif. Nous avons également eu sous les yeux la preuve que la socialisation des apprentissages est illusoire dans un enseignement à distance. Loin des yeux, loin du cours… Analysons ce que nous avons fait, ce qu’il faut garder, ce qu’il ne faut pas, ce que nous faisions, ce qu’il vaut mieux ne plus faire, et posons les contours de ce que nous désirons que soit notre métier. Ce travail, nous pouvons le faire grâce à la force collective de l’APMEP. Et nous savons d’expérience que si nous laissons opérer le ministère, cela se fera avec des détournements de sens, de la communication ambiguë, un jeu de langage qui dit tout le contraire de ce qu’il signifie. »