« La crise que nous vivons a suscité dans notre pays un intérêt nouveau pour son école et une considération accrue pour tous ceux qui y travaillent, quel que soit leur statut. Il importe que cet élan ne retombe pas et soit mis à profit ». Dans un nouvel avis, publié le 28 mai, L’impact des inégalités économiques et sociales a été multiplié par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) alerte sur les risques d’accroissement des inégalités du fait de l’épidémie et invite l’Ecole à ne pas louper le déconfinement. Pour cela il faudrait écouter les acteurs de terrain et les parents…
Montée des inégalités
« La crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19 et les mesures mises en oeuvre pour y remédier jettent une lumière crue sur les nombreux dysfonctionnements de l’institution scolaire. Mais la crise suscite également des initiatives multiples et des rapprochements fructueux ». La CNCDH dresse un bilan qui n’ets pas que négatif de la crise sanitaire.
Pourtant la « continuité pédagogique » n’en a pas été une et spécialement pour les familles défavorisées. « S’il était normal que le ministère cherche à pallier les dommages créés par la fermeture des établissements scolaires, et si un indéniable effort a été fait par ses services dans ce but, la mise en oeuvre a largement témoigné d’une méconnaissance des réalités sociales et familiales. Le professionnalisme et le dévouement du personnel éducatif ont été essentiels pour assurer cependant une continuité du service public d’éducation », estime le CNCDH. » Le confinement et l’injonction de continuité pédagogique faites aux parents ne pouvait dans ce cadre que créer un désarroi rarement exprimé et dont les répercussions sur les jeunes peuvent être dramatiques. Les familles devraient bénéficier des moyens assurant à leurs enfants un bon cadre favorisant leur intégration à l’école. Ce soutien a été, plus encore que d’ordinaire, insuffisant car elles ont dû faire face à des difficultés matérielles accrues ».
Fabriquer du commun
Si le confinement a augmenté les inégalités face à l’école, il a aussi mis en danger l’école comme espace de socialisation. » Le confinement a aussi mis en évidence le rôle essentiel de l’école dans l’établissement de liens de solidarité, plus particulièrement pour les familles les plus vulnérables, à travers notamment l’aide aux cantines ou le bénéfice de l’inclusion dans des réseaux d’entraide ou de l’aide d’une assistante sociale. Dans certaines écoles, parents et équipes éducatives se sont ainsi mobilisés pour défendre ce droit en assurant un soutien pour la continuité scolaire mais aussi pour des aides sociales. Pourtant l’absence de service de travail social dans les écoles maternelles et primaires comme cela existe dans les collèges et les lycées a été durement ressentie ».
Le déconfinement porte aussi des risques notamment parce que le protocole sanitaire limite le nombre d’enfants qui pourront revenir à l’école. Il y a un risque de marginalisation des plus démunis. D’autant, on l’a compris, que pour lui l’institution scolaire semble assez aveugle devant les inégalités sociales.
Un bilan social qui associe les parents
Le CNCDH invite à tirer parti du positif de la crise et fait des recommandations en ce sens. La commission recommande au ministère de l’éducation nationale « de réaliser une analyse statistique sur le décrochage scolaire et l’impact qu’a eu le confinement sur le renforcement des inégalités à l’école » et « d’établir un véritable bilan de la période de confinement en impliquant dans sa réalisation les élèves, les familles et la communauté éducative. Ce bilan devra porter une attention particulière à l’usage du numérique et aux différences entre les territoires et les sections ».
Elle invite « qu’en matière de coéducation et de coformation, soient développés les échanges parents-professeurs, fondés sur le croisement des savoirs et des expériences, ainsi que sur les liens avec les acteurs associatifs qui, notamment dans les QPV et / ou les ZEP, facilitent ces échanges parents- professeurs et participent de la réussite à l’école ».
Pour réussir le déconfinement et accompagner les élèves qui en ont besoin la commission demande des créations de postes et » de mettre en place dans toutes les communes un véritable service du travail social dans les écoles maternelles et primaires comme cela existe dans les collèges et les lycées ».
F Jarraud