Et si on libérait l’écriture du confinement que l’Ecole si souvent lui impose ? Et si on l’émancipait des codes traditionnels de la rhétorique, de l’exercice d’application, des pratiques d’évaluation ? A la lumière de nombreux projets menés par des enseignant.es de lettres, la période actuelle a libéré du temps et de la créativité pédagogiques pour faire écrire davantage les élèves, les amener à une écriture moins normée et plus vivante, travailler de l’intérieur même du langage la relation aux mots, au monde, à soi. Ecriture libre ou à contraintes, poétique ou autobiographique, textuelle ou vidéo : témoignent ici une dizaine d’enseignantes qui, au collège et au lycée, ont ainsi lancé des défis, mis en place des rituels ou proposé des projets de classe. Ces propositions, inspirantes, invitent peut-être, par-delà les temps présents, à emprunter de nouveaux chemins : à oser la « discontinuité pédagogique » ?
Sandrine Pons : Ma vie confinée mode d’emploi en 3ème
« Le 3 avril, on apprend l’annulation de l’épreuve du brevet des collèges. Dès lors, comment soutenir auprès des élèves de 3ème l’intérêt à poursuivre le travail de continuité pédagogique en français ? Comment maintenir un entraînement régulier à la production d’écrit qui soit à même de les « nourrir » culturellement et qui ne soit plus celui des exercices d’écriture codifiés du brevet ? Comment faire pour que l’écriture soit aussi celle qui maintienne un lien psychologique, social entre des élèves que je savais ravis par exemple de se retrouver connectés ensemble à la classe virtuelle du professeur d’histoire ? Voici comment est né le feuilleton « Ma vie confinée-mode d’emploi ».
Un feuilleton collectif sous forme de défis d’écriture pour que chacun puisse écrire et partager avec les autres ce qu’il vit et ressent pendant cette période de confinement. Un feuilleton pour découvrir à chaque fois ou presque un auteur de la littérature, sa façon d’écrire et s’en inspirer pour écrire son propre texte.
Je propose chaque semaine une ou deux consignes que je transmets le dimanche soir à mes élèves via le classeur pédagogique de notre ENT. Les élèves ont la semaine pour écrire leur(s) texte(s) et me les renvoyer sur Moodle dans le cours qui porte le nom du feuilleton. Les productions sont ensuite corrigées par mes soins et partagées avec les élèves, parents ou professeurs de la classe grâce à l’espace Blog de classe de notre ENT.
Les élèves ont été amenés à suivre autant d’auteurs différents que Georges Pérec et ses « Notes brèves concernant mes objets qui sont sur ma table de travail », Julio Cortazar et ses manuels d’instruction, Raymond Bozier et ses « Fenêtres sur le monde », Nathalie Sarraute et sa tentative de restituer de façon brute les paroles entendues dans « Disent les imbéciles », Philippe Delerm et ses « plaisirs minuscules ». L’occasion a été saisie de les inviter à interpréter à leur façon d’autres défis lancés sur Twitter ces dernières semaines (# tranches poétiques, # un livre une place).
J’avoue ressentir une frustration à devoir faire tout cela à distance, sans avoir la possibilité de leur présenter un peu plus largement les auteurs ou leur montrer les ouvrages en vrai. Tous ne se saisissent pas de la même façon des consignes non plus, les productions sont inégales, les consignes parfois mal interprétées. Mais globalement quel bonheur de les lire, de retrouver le talent de certains et de découvrir les talents d’autres à qui la distance permet de s’exprimer plus librement que dans la classe. »
Yoan Fontaine : Haïkus vidéo d’un printemps confiné en 2nde
« Un projet d’écriture d’appropriation est mené avec une classe de 2nde : les élèves doivent écrire un haïku qui exprime leur relation à l’espace et au temps, à leur monde environnant, au printemps naissant. Ils réalisent ensuite une vidéo de 10 secondes au cours de laquelle ils lisent de façon expressive leur poème en filmant un lieu, un paysage, un objet… Ils justifient leurs choix par un texte argumentatif.
L’activité est proposée dans le cadre d’une séquence sur le thème de la poésie et le rapport au temps qui passe : expression du regret, invitation au carpe diem, urgence d’aimer, concentration sur la vie spirituelle, contemplation de la beauté du monde… La concision du haïku invite à travailler des compétences de lecture et d’écriture pour saisir sa densité poétique : contrainte créatrice de la versification, jeu des images, travail des sonorités et des rythmes, art de l’ellipse et des allusions, justesse des sensations, précision de la ponctuation. Sa pratique permet d’approfondir sa propre perception du monde environnant, situation favorisée dans la période de confinement par l’arrêt du temps et des déplacements. C’est ainsi l’occasion de porter un autre regard sur le monde, contempler, ressentir, méditer, saisir la beauté de ce qui nous est familier mais se dérobe souvent dans l’agitation quotidienne. Il s’agit alors de réinvestir de façon sensible l’intérieur d’une pièce de la maison ou d’un appartement, un seuil comme une porte ou une fenêtre, un espace extérieur proche avec une cour, un jardin, une rue…Les élèves comparent d’abord plusieurs poèmes de Matsuo Bashō en lien avec les saisons. Ils les mettent en relation avec des haïkus occidentaux du XXe siècle. Ils définissent alors les règles d’écriture et les thèmes abordés.
Le travail est ensuite mené par étapes. Les élèves choisissent un lieu, un moment, un état d’esprit puis récoltent des mots pour exprimer des sensations auditives, olfactives, visuelles, tactiles, gustatives, qui serviront de matériaux pour l’écriture. Ils réalisent une première version du poème pour traduire leur perception d’un paysage et d’un état d’âme. Le texte est retravaillé pour éviter les lieux communs, effectuer des rapprochements originaux et expressifs, approfondir les effets poétiques. Une forme fixe est imposée, au choix : 5/7/5 ou 7/5/7 syllabes. Le dictionnaire des synonymes en ligne CNRTL sert à enrichir la palette lexicale. Une fois le texte stabilisé, les élèves tournent leur vidéo, soit en un plan séquence, soit en trois plans distincts, chacun correspondant à un vers. Le texte lu sur les images doit être clairement audible et en accord avec l’environnement sonore. La lecture fait l’objet d’une attention particulière, puisqu’il s’agit de bien prendre le temps de lire le poème afin de donner à ressentir l’intensité des émotions et des perceptions évoquées en si peu de mots.
Voici des exemples de productions : « Feuilles bleues du vaste ciel, / Tombent des nuages / Et ruissellent ouvertes au vent » ; « Souffle à faire danser les feuilles / Eclats des oiseaux / L’envol d’une saison nouvelle » ; « Lourds nuages blancs / Emportant si loin l’hiver / Me voilà en vie » ; « Une fenêtre close / Silence dedans et dehors / Un rayon sur moi » …
Les élèves prolongent cette activité par une lecture cursive des haïkus de Matsuo Bashō, en consultant le site Babelio qui lui est consacré. Ils réalisent ensuite sur leur carnet de lecteur une petite anthologie constituée de cinq poèmes, en justifiant leurs choix par une approche sensible : « Dans ce poème, j’ai apprécié… », « J’aime la façon dont le poète… », « Ce texte a retenu mon attention car… », « Il m’a marqué parce que… »
Les productions sont partagées grâce à l’ENT, les vidéos étant suffisamment brèves pour pouvoir être intégrées. »
Yoan Fontaine dans Le Café pédagogique
Estelle Plaisant-Soler – Julie Lerouvillois : Rituels créatifs en REP
« Nous enseignons toutes les deux au collège Paul Féval, à Dol-de-Bretagne. C’est un collège REP de zone rurale. Nombre de nos élèves doivent surmonter des difficultés matérielles importantes pour travailler en distanciel. Difficultés d’équipement : un seul ordinateur pour une famille de plusieurs enfants, pas d’imprimante, et même certaines familles pourtant bien équipées la connexion Internet en zone blanche est insuffisante pour une connexion convenable à une classe virtuelle. Difficultés d’accompagnement : parents au travail ou dans l’impossibilité d’expliquer à leurs enfants les notions qu’ils ne parviennent pas à comprendre seuls. Pour ne perdre ni décourager nos élèves, nous avons fait le choix de privilégier pédagogie modeste, très ritualisée, centrée sur l’expérience partagée du quotidien plutôt que la multiplication des polycopiés et des cours magistraux à distance. Nous entendions d’abord maintenir un lien étroit entre l’école et l’élève, malgré le confinement, par une implication positive et bienveillante des familles.
Estelle : Pour maintenir un lien quotidien avec la littérature et l’écriture, j’ai choisi d’envoyer chaque jour un poème à lire en famille avec une activité d’écriture facultative, en commençant par des textes qui transfiguraient les objets ou les expériences familières des élèves en période de confinement : Fenêtres ouvertes de Victor Hugo, Regarder d’Eugène Guillevic, Le Savon de Francis Ponge, Le Buffet d’Arthur Rimbaud, etc.
Après quelques jours d’adaptation hasardeuse à la continuité pédagogique, les élèves se sont progressivement approprié ce rituel poétique. Trois d’entre eux ont apparemment inscrit la lecture et l’écriture poétiques au rituel du petit déjeuner, avec l’envoi d’un poème matinal en réponse. Beaucoup d’autres, qui n’ont que peu ou pas écrit, attendaient malgré tout le poème du jour. Enfin, j’ai eu plusieurs retours de parents qui ont apprécié de partager une activité scolaire créative avec leur enfant : écrire un poème sur le chat de la maison, ou, par exemple sur un dîner partagé en famille en s’inspirant du Repas de Guillaume Apollinaire. Les élèves qui le souhaitaient pouvaient ensuite lire les productions de leurs camarades publiées sur un blog. Une activité d’écriture poétique a eu plus de succès que les autres : l’écriture de devinettes métaphoriques inspirées des Histoires naturelles de Jules Renard, particulièrement ludique et collective, a donné lieu à beaucoup d’échanges.
Julie : J’ai privilégié des pratiques d’écriture quotidiennes. Partager son quotidien n’est pas chose aisée pour les élèves. Se livrer sur sa vie personnelle, son ressenti, … le tout avec une maîtrise du texte narratif qui peut se révéler être très inégalitaire, à l’image de la vie des élèves durant ce confinement… Alors pourquoi pas une bonne recette de cuisine ? J’ai donc invité les élèves à partager une recette :
– à la manière comique de Bernard Friot, dans « Recette de cuisine » que nous avions déjà lue dans les Histoires pressées avant le début du confinement,
– à la manière « perso » : écriture prescriptive ou injonctive, mise en forme libre, accompagnée de photos, d’illustrations, de conseils, de retours des testeurs.
– Il était possible aussi pour les élèves de jouer les animateurs cuisto-radio et d’envoyer un « tuto audio ».
Les idées n’ont pas manqué et les projets post-confinement non plus : recettes dans différentes langues, création d’un blog culinaire, présence de « like » ou encore recherche de recettes livrées dans divers romans. Ah la fameuse madeleine….
Ces activités d’écriture créatives, très modestes, ont permis de garder un contact régulier avec un certain nombre d’élèves, et pas forcément seulement ceux qui étaient étiquetés « bons élèves » avant le confinement. Mais le travail distanciel s’est avéré très inégalitaire et nous avons ressenti une perte de contact avec beaucoup trop d’élèves. Notre objectif prioritaire du retour sera de raccrocher au travail scolaire ces élèves égarés. »
Le blog « Les grands lecteurs » du collège Paul Féval, à Dol-de-Bretagne
Thibaud Hayette : Paysages verlainiens en 3ème
« J’avoue être dépité par cette période peu propice à un enseignement de qualité, malgré tous mes efforts. J’ai malgré tout essayé de « jouer » avec le confinement en proposant à mes élèves de l’écriture poétique (propice à la situation je crois) notamment.
Nous avons travaillé sur un texte de Verlaine « Le paysage dans le cadre des portières », extrait du recueil La bonne chanson. J’étais intéressé par la vision poétique du paysage (problématique du programme de 3ème) à transposer en « Le paysage dans le cadre de ma fenêtre' ». Difficulté de rapporter les sensations à travers un espace clos et non-mouvant (contrairement au texte de Verlaine) avec contraintes : utilisation des sensations (malaise du confinement), la perception impressionniste du paysage (nous avons travaillé sur des toiles de Monet et Turner pour lequel il devait y avoir une exposition à Paris en ce moment) et une dernière strophe plus enjouée avec évasion poétique.
Ce qui m’intéressait, c’était la collaboration avec la professeure d’Arts Plastiques qui avait demandé aux élèves une production photographique, « Le temps passe par la fenêtre », autour de la perception du temps qui s’écoule.
Extrait d’une création d’élève : « Le paysage dans le cadre de ma fenêtre / Est tellement gris que la pluie pourrait naître / Avec des arbres, des feuilles et des fleurs / Ces feuilles que, doucement, le vent effleure / Le ciel est si sombre qu’il me fait frissonner / Et derrière cette fenêtre, j’ai l’air d’un prisonnier (…)
Nous avons créé une exposition virtuelle sur l’ENT qui mêlait images et textes poétiques. »
Thibaud Hayette dans Le Café pédagogique
Patricia Bonnard : Écriture quotidienne au long cours en 4ème
« De cette période étrange, aussi extra ordinaire qu’incroyable, j’ai souhaité que mes élèves gardent une trace, et que cette trace soit tangible. Quoi de mieux que la tenue d’un journal ? N’est-ce pas ce que, d’une certaine manière, les adolescents font en partageant sur Instagram, Snapchat ou autres, leur quotidien agrémenté de photos, mini- films ou chanson ? Sauf que j’ai souhaité que ce journal ne soit pas virtuel, mais qu’au contraire, il soit couché sur le papier. Et agrémenté si possible, inspiré des « bullet journal ».
J’ai donc procédé en plusieurs étapes. D’abord une vidéo de présentation sur mon blog qui reprend les informations données aux élèves sur Pronote. Puis un temps d’écriture « calibré » : les NDSL (Nulla Dies Sine Linea : pas un jour sans une ligne comme le recommandait Pline l’ancien). Ainsi chaque semaine, les élèves doivent m’envoyer leur semaine précédente, qui donne lieu à une première évaluation et un retour (pour ce faire, j’ai utilisé l’application iDoceo qui me permet d’évaluer facilement, tout en intégrant un commentaire détaillé, et que je peux leur renvoyer par mail). Enfin la collecte des « Dans ma bulle » : tous les quinze jours, les élèves m’envoient la version « illustrée » de leur quinzaine.
On aboutit ainsi à un travail qui a donné lieu à une réflexion, sur soi et les autres, à une correction (puisque les textes préliminaires ont été commentés) et à une création. Il s’agit de dépasser le principal défaut de ces textes, à savoir s’en tenir à une énumération (« aujourd’hui j’ai fait de la pâtisserie », « aujourd’hui j’ai repensé à mon voyage en Irlande l’an passé ») pour aller vers l’analyse de ce que ces éléments ont fait surgir (la gourmandise, la nostalgie…).
Les retours sont plutôt positifs. À mon niveau d’enseignante : ce sont des travaux que j’ai plaisir à découvrir, à lire, qui sont souvent drôles, originaux, qui me font découvrir des séries nouvelles, des chansons, des applis… Mais aussi pour les élèves qui sont amenés à « regarder autrement » cette période, à y trouver de la richesse, faire des découvertes et tenter des expériences (« J’ai fait une petite vidéo pour vous présenter mon bullet journal. Je suis désolée, je n’ai pas pu enregistrer avec le son. Et j’ai pris les photos demandées. Qu’en pensez-vous ? »). Ou encore chez les parents, ainsi ce témoignage de maman : « Il a pris plaisir à le faire. Je vous remercie de cette initiative qui nous permettra à tous de ne pas oublier cette période à travers le travail de nos enfants. »
Patricia Bonnard dans Le Café pédagogique
Caroline Allingri-Machefer : Des poèmes de confinement en 4ème
« Les vacances pendant le confinement ont été l’occasion de revenir sur les acquis de l’année tout en permettant l’expression des ressentis du moment. Les élèves ont été amenés à écrire des « poèmes de confinés ». La consigne était ouverte pour permettre aux élèves de s’exprimer avec créativité : « Ecrivez un poème de forme libre qui s’attachera à un aspect de votre vie pendant le confinement. Vous pouvez être positif ou négatif. Evitez les listes, privilégiez le développement d’un élément. Pensez à votre lecteur et à tout ce qui a été lu/écrit pendant l’année sur la poésie. »
En effet, ce travail s’est appuyé sur des expériences de lecture et d’écriture faites au fil de l’année. A l’occasion de différentes séquences, les élèves de trois classes de quatrième d’un collège rural classé REP ont lu, entendu et écrit de la poésie. La première séquence sur Théophile de Viau et ses écrits de prison a donné lieu à une actualisation du recueil : les élèves se sont mis dans la peau de prisonniers du XXIe siècle et ont écrit des poèmes lyriques en alexandrin. La poésie a alors été vue comme expression d’un ressenti, de sensations, notamment grâce à des images venues d’un imaginaire personnel ou collectif. Parallèlement à une séquence sur l’écologie, les élèves-poètes ont écrit un haïku sur un arbre de la cour du collège pour renouveler notre vision de ce lieu auquel nous ne faisons plus attention. On avait alors insisté sur la conception de la poésie comme voix singulière qui porte une attention soutenue au monde. Enfin, l’écoute du slam « Dear futures generations sorry » de Prince E. A. ainsi que de poèmes contemporains a permis d’insister sur l’importance de la mise en page et du rythme en poésie. La poésie a aussi été vue comme lieu d’associations de mots, d’idées, de sons. Cela a donné lieu à des portraits poétiques de membres de la communauté éducative en guise d’article pour le journal du collège. On a engagé les élèves à s’écouter, à écouter les mots qui leur venaient spontanément, les uns en évoquant d’autres. Cette mise en activité de fin d’année a été facilitée par toutes ces expériences préalablement accompagnées en présentiel.
Les poèmes de confinés ont été écrits en autonomie, mais le numérique a permis un échange pendant les vacances via Pronote : il suffit souvent de relancer l’élève en faisant remarquer une trouvaille (une métaphore à filer, un son qui attend son écho, une bonne idée pas développée, un effet de ton à accentuer…). Cela peut aussi être fait sur Framapad. D’autre part, le travail a été valorisé par un Calaméo, liseuse qui permet de créer des livres numériques en quelques clics, publié sur le site du collège. La visibilité du travail est un facteur de motivation qui ne cesse de montrer son efficacité.
Le professeur sème souvent des petits cailloux dont il ne voit pas toujours où ils mèneront. Cependant, il semble que ce rythme de vie ralenti par la maladie et ces expériences de la parole poétique aient fait éclore des voix qui résonnent bien mieux qu’en début d’année. »
Caroline Allingri-Machefer dans Le Café pédagogique
Julie Véra : Une chaîne d’écriture video en 2nde
« Pour changer des exercices du commentaire de texte et de la dissertation – d’autant plus difficiles pour les élèves en distanciel -, j’ai proposé à ma classe de 2nde de faire une chaîne de vidéos. Dans le cadre de la séquence sur Le Tartuffe de Molière, je souhaitais au départ que la chaîne s’appuie sur une réplique ou un extrait plus long d’une pièce de Molière : un élève choisissait un extrait d’une œuvre, sorti de son contexte, puis nominait un autre élève qui devait lui répondre en vidéo avec un autre extrait d’une pièce de Molière et ainsi de suite pour former une sorte de « cadavre exquis » théâtral.
L’objectif était de travailler le théâtre et de varier les pratiques pour remotiver les élèves qui commençaient peu à peu à décrocher et qui se lassaient du travail écrit et des classes virtuelles. Après concertation avec eux, nous avons décidé de changer les contraintes : exit Molière (à mon grand désespoir !) et à la place : improvisation et mot à placer. Nous avons constitué une liste de mots dans laquelle piocher. Le hasard a choisi le premier élève qui a lancé un sujet avec sa première vidéo et désigné un camarade… Bien entendu, je me suis prêtée au jeu en participant à la chaîne.
Nous en sommes actuellement à la vingtième vidéo et le résultat est déjà étonnant ! Les élèves se sont révélés dans des mises en scène épatantes ! Par ailleurs, le caractère collectif et solidaire de cette activité a été très apprécié en cette période de confinement et de distanciation sociale. »
Julie Véra dans Le Café pédagogique
Blandine Bihorel : Ecritures poétiques en 3ème
« Dans la cadre d’une séquence débutée en classe sur le monde moderne en poésie, les élèves avaient étudié un groupement de textes poétiques à partir d’un Genially. La mise en commun de leur étude s’est faite, dès le début du confinement, en classe virtuelle. Ils ont ainsi étudié différentes figures de style (métaphore, anaphore) avant d’avoir pour consigne d’écrire à leur tour un poème sur un thème, un lieu, qui leur tient à cœur.
L’écriture s’est faite à distance : les poèmes ont été envoyés par l’intermédiaire de l’ENT, annotés par le professeur, puis modifiés par les élèves. Ces derniers ont fait preuve d’une grande créativité en travaillant leur texte, en l’illustrant. Avant la mise en forme finale, chacun a pu lire et commenter les poèmes de ses camarades par l’intermédiaire de l’ENT. Dernière étape, l’enregistrement …via le site Vocaroo, très pratique pour récupérer des fichiers audio et les intégrer directement dans le Genially final.
Ce n’était pas le sujet imposé, mais beaucoup ont exprimé leur inquiétude face à la situation actuelle (virus et confinement) et se sont bien impliqués dans le travail. J’ai trouvé que certains étaient plus créatifs qu’en classe, et surtout les échanges entre eux, et avec moi ont été très constructifs. »
Blandine Bihorel dans Le Café pédagogique
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut