La reprise
Reprise des cours : Ce que vous nous dites
Est-ce une bonne idée de reprendre le 11 mai ? Qu’en pensez-vous ? Le Café pédagogique a sondé ses lecteurs enseignants à travers deux réseaux sociaux : notre groupe Facebook et notre fil Twitter. Cette consultation express sur 24 heures ne prétend pas valoir un véritable sondage d’opinion. Mais, avec près de 10 000 réponses (9303 pour le premier sondage), elle atteint un volume de réponses qui fait qu’on ne peut pas l’écarter. Et ce que vous dites c’est que cette reprise n’a pas d’intérêt pédagogique mais que vous rejoindrez malgré tout l’Ecole le 11 mai la peur au ventre…
E. Philippe : La reprise de l’Ecole c’est pour les petits
Comment savoir si votre enfant retournera à l’Ecole ou pas ? C’est simple : dès qu’il est assez grand pour se passer de vous, dès la 4ème en fait, il n’y va pas. Ce schéma, cousu de fil blanc, a été présenté le 28 avril par E. Philippe à l’Assemblée nationale et précisé un peu plus tard par JM Blanquer devant TF1. Tous deux ne sont pas fiers : « Je veux laisser le maximum de souplesse au terrain », dit E. Philippe. Le gouvernement renvoie les questions difficiles, et les responsabilités du déconfinement qui les accompagnent, aux familles et aux autorités locales. Nul ne sait si les collégiens de 4ème et 3ème rentreront. Quant aux lycéens c’est encore moins sur. Les enseignants du premier degré seront les premiers à rentrer. Tout cela interroge sur la finalité de la décision gouvernementale.
Reprise : Les syndicats unanimes à exiger des règles sanitaires
« Il y a une contradiction entre la prudence du gouvernement et l’empressement à rouvrir les écoles », estime Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, premier syndicat du premier degré. « La reprise dans les écoles est impossible », estime le Se Unsa. Les syndicats, qui voient le ministre ce 29 avril, exigent un protocole sanitaire nationale. Ils veulent aussi un temps de préparation du retour en classe.
Reprise : Blanquer se cramponne au 11 mai
« Le 11 mai c’est la pré-rentrée. Les premiers élèves c’est à partir du 12 mai ». Sur BFM, puis lors d’échanges avec les syndicats le 29 avril, JM Blanquer a confirmée que la réouverture des écoles aurait bien lieu le 11 mi, jour fixé par le président de la République. De nombreux syndicats jugent la date prématurée au regard de toute la réorganisation matérielle et pédagogique à réaliser d’ici là. Mais le ministre ne veut pas en démordre.
Reprise : Le protocole sanitaire des écoles
Annoncé par le ministre, le protocole sanitaire national est aussi une exigence des syndicats. Le Café pédagogique s’est procuré le protocole des écoles élémentaires et maternelles qui ouvriront leurs portes à partir du 11 mai. Le texte définitif, qui sera probablement très proche de la version que nous publions, doit être rendu public le 1er mai. Le protocole donne des instructions précises dans tous les cas de figure : accueil des élèves, aménagement des classes, récréations, restauration, nettoyage, circulations. Bien sur il fixe des principes nationaux qui doivent être déclinés localement. Mais, pour le ministre, une école qui ne peut pas respecter le protocole ne peut pas ouvrir. D’où l’intérêt de bien le connaitre.
Reprise : Le gouvernement organise le retour massif des élèves en juin
Le retour des enfants à l’école se fera « sur un principe de volontariat des parents et sans obligation », a expliqué Emmanuel Macron lors d’une visioconférence avec des représentants des maires le 23 avril. Il parlait juste du retour. Car à partir du 1er juin les règles d’indemnisation des parents au chômage pour garder leur enfant vont changer. La ministre du travail a annoncé qu’à partir du 1er juin les parents voulant garder leur enfant à la maison devront fournir une attestation justifiant que l’école ne peut pas accueillir l’enfant. Sans cette attestation, impossible de bénéficier de l’indemnisation du chômage partiel. Le gouvernement fait le choix de remplir les écoles en juin (et probablement de reconfiner en juillet).
Reprise : Le « non mais » du Conseil scientifique
Dans deux avis rendus au gouvernement les 20 et 24 avril, mais que celui-ci n’a rendu public que le 25 au soir, le Conseil scientifique Covid-19 émet un avis défavorable à la réouverture des écoles et établissements scolaires avant septembre mais propose des consignes pour la réouverture. Dans une lettre adressée au gouvernement le 17 avril, une large intersyndicale de l’enseignement lui avait demandé de suivre l’avis du Conseil scientifique. Elle se trouve maintenant face à la position ambigüe du conseil. Le gouvernement fera connaitre son plan pour l’école le 28 avril.
Reprise : Maires et régions posent des conditions
« Les Régions ont été entendues et prendront toute leur part », écrit l’association des régions (ARF). Mais les régions posent en fait des conditions. « S’agissant des lycées dont l’éventuelle réouverture est renvoyée à une décision fin mai, les Régions souhaitent qu’une réunion de travail ait lieu rapidement avec le Ministre de l’Education nationale pour évaluer le sens d’une réouverture aussi proche de la fin de l’année scolaire, ainsi que les spécificités des lycées professionnels ». L’ARF se soucie aussi des transports scolaires. « La décision de maintenir une distanciation sociale dans les transports scolaires, particulièrement complexe dans son organisation dont l’offre n’est pas extensible (un tiers des élèves prennent en temps normal les lignes régulières) et le fait d’organiser une offre de service répondant aux besoins des familles supposent une très grande anticipation et la confirmation d’une coordination en amont avec les autorités académiques département par département. Ce n’est qu’en confirmant ces principes que les Régions pourront faire le nécessaire pour être à ce rendez-vous également. » Bien davantage en première ligne, et alors que plusieurs maires ont décidé de ne pas ouvrir les écoles le 11 mai, l’AMF (association des maires de France) est longtemps restée muette. Dans un long document elle envisage maintenant la reprise mais exige que les enseignants soient testés.
Rodrigo Arenas : Reprise : Avant le comment, si on se demandait pour quoi ?
Alors que le ministère accélère la rentrée pour tous les élèves volontaires, Rodrigo Arenas, co-président de la Fcpe, première association de parents d’élèves, montre qu’à l’issue d’une année exceptionnelle, les besoins des élèves ont éclaté. Il appelle non pas à une rentrée mais à trois reprises différentes selon les besoins pédagogiques des élèves.
Comment la Belgique rouvre ses écoles
Une circulaire organise la reprise des cours dans le système éducatif francophone belge à partir du 18 mai. Il prévoit une reprise très progressive des cours. Les maternelles ne rentrent pas. Ne reprennent le 18 mai que les élèves de fin du primaire (12 ans) et de terminale à raison de 2 jours par semaine. Comme en Italie, le déconfinement scolaire n’est pas lié au déconfinement économique. A partir du 25 mai, et en fonction de la situation, les élèves de CP et éventuellement de CE1 reprendront 1 jour par semaine ainsi que les élèves de 2ème année du secondaire (14 ans) à raison de 2 jours par semaine. Dans chaque phase les élève sne seront pas plus de 10 par classe. Chaque élèves disposera de 4 m² de surface libérée et le professeur de 8 m². Les cours en salle spécialisée (physique chimie) sont supprimés. Elève set enseignants doivent porter un masque en tissu toute la journée (à partir de 12 ans). Les mouvements dans les établissements doivent être limités au maximum ce qui implique de déjeuner en classe. Dans les autres classes, le téléenseignement continue sans évaluation.
Suisse : Reprendre mais pourquoi et comment ?
Alors que l’école suisse va reprendre le 11 mai selon des modalités cantonales, la Société pédagogique vaudoise, syndicat des enseignants du canton, interroge les autorités sur les objectifs de la reprise. Dans un « plan d’action » en 10 points sur la reprise, la SPV consacre la moitié des points aux conditions pédagogiques. » Instaurer les objectifs pour les semaines restantes afin que les élèves puissent prioritairement recréer du lien avec leurs camarades et leurs enseignant·e·s. Permettre un suivi pédagogique des élèves ne retournant pas en classe via l’enseignement à distance… Prendre en compte les effets du confinement sur les apprentissages des élèves dans le cadre de la rentrée scolaire 2020. Proposer une adaptation des programmes afin de prendre en compte les lacunes dans les apprentissages induites par une année écourtée. Débloquer d’importants moyens financiers afin d’organiser la mise en place pour l’année scolaire 2020-2021 un dispositif de soutien scolaire exceptionnel pour tous les élèves qui en ont besoin ».
Azzedine Taïbi : Je ne rouvrirai pas les écoles de Stains
» Si le virus se propageait, qui en serait responsable ? Ma responsabilité de maire serait clairement engagée. La Seine-Saint-Denis paie déjà une lourde tribu à ce virus, ne l’amplifions pas ». Maire de Stains (93), Azzedine Taïbi annonce que les écoles de son territoire ne rouvriront pas le 11 mai. Il explique pourquoi.
Une majorité de français contre la réouverture des écoles
Selon un sondage Odoxa – France Info – Le Figaro, 63% des français sont hostiles à la réouverture des écoles et établissements à partir du 11 mai. Seulement 36% trouvent qu ec’est une bonne décision. Pour 62% des parents ayant des enfants scolarisés, cette décision n’a été prise que pour permettre le retour au travail des parents. C’est aussi l’opinion de 60% des français. Seulement 21% des parents y voient une décision dictée par des considérations sociales comme le prétend le gouvernement. Seulement 36% des parents renverront leur enfant à l’école. 82% des français juge positif le droit donné aux parents de ne pas envoyer leur enfant à l’école à partir du 11 mai et 69% pensent que cela sera appliqué. Si 80% sont d’accord avec le respect des gestes barrières dans les établissements seule une minorité croit que cela sera appliqué et le pourcentage est encore plus faible pour la garantie d’un maximum de 15 élèves par classe. Une majorité des français (69%) sont pour le retour des enseignants en classe mais seulement 50% croit cela réalisable.
Reprise : Le terrain résiste
La décision du maire de Stains (93) de ne pas rouvrir les écoles le 11 mai n’est pas isolée. D’autres collectivités locales, mairies, région, marquent leurs réticences à participer à ce qui semble être une aventure sanitaire. Les chefs d’établissement s’inquiètent de leur responsabilité. Le Se-Unsa « refuse une reprise précipitée ».
Les inspecteurs d’académie s’interrogent sur leur responsabilité individuelle dans la reprise
La question de la responsabilité pénale suite à la reprise des cours est posée depuis des semaines par les personnels de direction. Les inspecteurs d’académie la posent aussi maintenant à travers leur syndicat SIA. » La protection juridique de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales en charge des écoles, collèges et lycées est un grand sujet d’inquiétude. Comment faire en sorte que chaque intervenant, en contact direct ou indirect avec les enfants, leurs parents ou tout membre de la communauté éducative suite à une transmission identifiée de la maladie ou, plus simplement, face à des observations ponctuelles de non-respect des normes ne voie pas sa responsabilité individuelle engagée ? », écrit le SIA. « La mise en œuvre en milieu scolaire des mesures sanitaires sera complexe et obligatoirement inégale. La différenciation territoriale pourrait donc être une des clés d’entrée. Dans ce cas, le refus d’ouverture par un DASEN ou un chef d’établissement sera-t-il considéré comme du bon sens ou un acte de désobéissance ? » Le SIA pose aussi la question du sens de la reprise. » Quel public accueillir, quand l’accueillir, comment l’accueillir et pour faire quoi quand il ne restera que 6 à 8 semaines voire moins pour certains ? »
L’Italie repousse la réouverture des écoles en septembre
« L’école est au centre de nos pensées et rouvrira en septembre. Mais tous les scénarios préparés par un comité d’experts prévoyaient des risques élevés de contagion en cas de réouverture des écoles. C’est la santé de nos enfants qui est en jeu ». Le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a annoncé le 26 avril le maintien de la fermeture des écoles jusqu’en septembre. En même temps il a annoncé le déconfinement des activités économiques à partir du 4 mai, y compris les bars et restaurants avec des mesures de sécurité sanitaire y compris le port du masque.
41% des élèves et enseignants d’un lycée infectés
La première étude sérologique réalisée par l’Institut Pasteur, sous la conduite du professeur Arnaud Fontanet, montre le fort taux d’attaque du virus dans un établissement scolaire. Près de la moitié des élèves et enseignants du lycée de Crépy enValois étaient infectés par le Covid-19 début avril.
Le Sénat dénonce « l’impréparation et l’improvisation » de la reprise des cours
» Une impression d’impréparation et d’improvisation plus de 10 jours après l’annonce de cette réouverture ». Présidé par Jacques Grosperrin (LR), le groupe de travail du Sénat sur les modalités du retour des élèves en classe ne cache pas son désarroi devant l’absence de méthode et de concertation dans la façon dont le gouvernement prépare le retour des élèves en classe. Il invite à définir une doctrine sanitaire puis à organiser la rentrée avec les élus locaux en laissant du temps aux enseignants pour appliquer le protocole.
Reprise : Québec prépare une transition longue
Il n’y aura pas de retour rapide à la normale. Le ministre de l’éducation de Québec, François Legault, a pris tout le monde de court en annonçant la prochaine réouverture des écoles. Selon Le Devoir, celle-ci se fera par région en commençant pas les moins touchées par l’épidémie. Les parents ne seront pas obligés d’envoyer les enfants à l’école et l’enseignement à distance perdurera. Surtout il envisage une période de transition de 12 à 18 mois, jusqu’à la mise à disposition d’un vaccin, où l’offre scolaire sera réduite avec un retour en classe à temps partiel pour la moitié des élèves. Les sydnicats enseignants ont réagi vivement à cette annonce. « Les profs et les élèves ne serviront pas de rats de laboratoire », a dit Sylvain mallette, président de la FAE.
L’Ecole d’après
L’Ecole d’après : Jean Paul Payet : » L’école a raté l’occasion de se renouveler »
« L’école à la maison aura finalement produit deux logiques opposées : le bachotage, pour les familles familières de l’école, le décrochage, pour les familles qui sont éloignées de ses codes.». Sociologue (université de Genève), Jean Paul Payet a analysé les rapports entre l’école et les familles dans « École et familles. Une approche sociologique » (2017). Avec le confinement revient l’injonction à la collaboration faite aux parents. Une injonction qui oublie bien souvent que tous les parents ne sont pas logés à la même enseigne. Il analyse pour nous les enjeux de la continuité pédagogique
Dominique Bucheton : Pour des Etats généraux de l’Ecole
» Demain, il faut mettre fin à cette gouvernance autoritaire, irresponsable, aveugle, incapable dans l’imprévu de la situation dramatique de s’appuyer sur l’expérience de tout le corps enseignant, ses syndicats, ses associations, ses chercheurs pour prendre les décisions ajustées. Demain, oui, la communauté éducative doit réaffirmer sa place pour réfléchir aux missions de l’école. » Dans les circonstances exceptionnelles que traverse l’Ecole, Dominique Bucheton, Richard Etienne, Viviane Youx, Présidente de l’AFEF, les collectifs Lettres Vives et Questions de classe(s) appellent à des Etats généraux de l’école « pour discuter, responsabiliser, partager les idées, inventer l’école de demain tous ensemble ».
Patrick Rayou – Luc Ria : L’Ecole à l’épreuve du confinement
Continuer malgré tout l’école oblige à accentuer, en un temps très bref, le partenariat préconisé depuis longtemps entre enseignants et parents. Cela crée aussi un appel à davantage d’autonomie de la part des élèves, compétence dont de nombreuses recherches montrent qu’elle se construit de façon différente selon leurs milieux d’origine. Faire ses devoirs se double désormais de la nécessité d’assimiler hors de la présence des professeurs les notions sur lesquelles il faut s’exercer. Comment les enseignants d’une part, les parents d’autre part assument-ils cette migration vers les familles de la part des apprentissages qui se déroulent d’ordinaire dans la classe ? Notre contribution à deux voix tente de montrer des effets de la crise sanitaire au niveau de la réorganisation du travail des enseignants (Luc Ria) et du traitement par les familles (Patrick Rayou) de cette demande accrue de contribution à la scolarité.
L’Ecole d’après : Jean Perbet : Où se situent les inégalités en période de confinement?
Dans cette période extraordinaire, mes tentatives d’enseignement à distance m’amènent à prendre encore plus conscience de l’écart dans les représentations de ce qu’est « apprendre » chez mes élèves. Lorsqu’on parle des élèves qui « décrochent » pendant cette période, les raisons évoquées sont souvent soit matérialistes (manque de matériel informatique), soit de soutien familial (manque de suivi familial). Analyses fatalistes en terme de manques que l’on retrouvent fréquemment, confinement ou pas.
Métier enseignant
Le ministère impulse des « classes préparatoires au professorat des écoles »
» Nous sommes en train de revenir 30 ans en arrière avant la création des IUFM ! » C’est le sentiment du Sgen Cfdt et de l’Unsa éducation qui réagissent dans un communiqué commun à une information de l’AEF. Le ministre a chargé l’inspecteur général de philosophie Mark Sherringham d’une mission d’accompagnement des recteurs dans la mise en place des Inspe et la définition des classes préparatoires. En pleine crise sanitaire, JM Blanquer réveille deux fantômes de la rue de Grenelle. Le premier c’est Mark Sherringham, ancien conseiller du premier ministrev Raymond Barre, puis de François Fillion quand il était ministre de l’éducation, puis de Xavier Darcos. Figure des traditionnalistes, il a participé à la mise en place de la très paradoxale loi de 2005 qui a imaginé un socle commun pour mieux le geler. L’autre fantôme c’est celui des écoles normales. Ces classes préparatoires matérialisent la main mise du ministère sur la formation des enseignants. » La création sans concertation de ces CPPE rendra encore moins lisibles les voies d’accès au métier de professeur des écoles et va concurrencer les dispositifs de préprofessionnalisation mis en place dans les licences. Il s’agit là d’un dispositif parallèle et concurrent et d’une décision unilatérale pour le moins paradoxale alors que nous travaillons à l’universitarisation de la formation des enseignants du premier degré depuis les années 90″, écrivent Sgen et Unsa. » Nous rappelons que depuis le confinement décrété le 17 mars, et l’annonce du Président de la République de suspendre les réformes en cours, toutes les réunions sur la formation des enseignants ont été suspendues, en particulier celles portant sur la modification de l’arrêté du 27 aout 2013 et qui prévoyait dans sa dernière version travaillée le 4 février 2020 une possibilité de décliner l’alternance sur les deux années du master MEEF », disent-ils. En pleine pandémie, JM Blanquer poursuit sa vision de l’Ecole et avance son projet.
Numérique
Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement 6
Les demeures de l’incertitude sont nombreuses suite à l’annonce de l’hypothétique reprise du 11 mai et les propos médiatiques tenus depuis quelques jours. Entre des parents angoissés, des enseignants apeurés, des élèves insouciants, des politiques pressés, et une population « fatiguée » les hypothèses vont bon train. Les commentateurs, patentés ou non, s’autorisent des sorties qui montrent davantage leurs états d’âmes, leurs angoisses, et parfois leur ignorance qu’une analyse certes critique mais suffisamment bienveillante compte tenu de ce que l’on ne sait pas (habituellement on dit plutôt de ce que l’on sait, inversion brutale).
Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement 7
Entre la crainte et l’espoir, chaque élève, chaque enseignant chaque éducateur espérait la fin d’un cauchemar et le retour à la vie d’avant. Aucun pays, ou presque, dans le monde ne l’envisage. Après plusieurs semaines d’école à distance, le retour en présence n’est pas vraiment là, même pour les classes supposées redémarrer progressivement dès le 11 mai. Ainsi le redémarrage se ferait d’abord progressivement : Une partie du primaire (GS, CP, CM2) pour certains, selon les choix locaux pour d’autres le 11 mai, puis la moitié du collège (6è 5è) le 18 mai. Cela va permettre une distance suffisante dans les établissements occupés à raison d’une classe sur deux (environ). Comme de plus le volontariat sera de mise, il est probable qu’il sera à peu près possible de tenir les mesures sanitaires recommandées… Mais restent les autres élèves : les oracles de la reprise arborent déjà leur toge de plaidoyer pro ou anti numérique, pro ou anti e-learning, visio-conférence et autres padlet, ou école à la maison. Les autres arguent des inégalités à distance pour envisager une vraie reprise et sans numérique. Chacun essaie déjà de se placer pour l’après. A y relire de plus près, « il n’y a plus d’après » (comme le chantait Guy Béart), c’est le présent qui s’impose. Et pour le dire simplement, après 6 semaines d’enseignement à distance, par tous les moyens, il faudra continuer pour la plupart des enseignants comme pendant les semaines précédentes. C’est d’ailleurs ce que confirme le ministre de l’éducation dans les précisions qu’il a apportées au discours du premier ministre quelques heures après.