Comment un site internet peut-il devenir un outil pédagogique complet ? Yann Culus, enseignant de SVT au lycée Sédar Senghor de Magnanville (78) développe un site et des applications précieuses pour les collégiens et les lycéens. Reconnaissance des arbres, détermination des minéraux mais aussi la reproduction des plantes à fleurs, les applications de Yann Culus sont le fruit d’une grande réflexion et surtout d’un long travail avec le logiciel Construct 2. L’enseignant partage aussi ses cours de SNT et d’enseignement scientifique en ligne. Convaincu du « bien-fondé des outils numériques et de leur plus-value pédagogique », l’enseignant convient « qu’il ne s’agit pas cependant de remplacer les travaux pratiques sur le réel ». Son prochain logiciel sera consacré à la pandémie de grippe espagnole de 1918. Tout un programme !
Que trouve-t-on sur votre site ?
Mon site a pour première intention de mettre à disposition des élèves l’intégralité de mes cours de SVT, d’enseignement scientifique et de SNT, tous niveaux confondus. On y trouve également les corrections des travaux pratiques et de certains devoirs, ainsi que des aides techniques pour réaliser les activités expérimentales (ExAO, colorations, utilisation des principaux logiciels de SVT comme Mesurim, Sismolog, Libmol, Anagène…). C’est un outil pédagogique qui devient particulièrement intéressant en cette période de confinement, puisqu’il permet de poursuivre les exigences des programmes. Le forum intégré au site permet enfin de répondre aux questions des élèves.
Une grande partie du site est cependant destinée aux élèves de terminale S, tronc commun et spécialité. Je leur mets à disposition plusieurs outils de révision : des fiches et des vidéos, 2 applications mobiles créées grâce au site Glide, ainsi qu’une série de fiches méthode pour réussir les exercices écrits du bac et les ECE.
Une autre partie du site regroupe des informations sur l’orientation post-bac (fiches métiers, filières de formation scientifique), et des liens vers ParcourSup, Terminales 2019/2020, Choisir la spé SVT, Les études de santé… Enfin, j’y propose une liste de logiciels utiles en SVT, ainsi que mes propres applications.
Le dernier né de vos logiciels permet une initiation à la pétrographie. Que propose concrètement ce programme aux élèves ?
L’étude des roches et de leurs minéraux n’est pas une partie évidente pour des élèves de lycée. Les programmes nous obligent à aller vite. Certains s’en sortent très bien, d’autres auraient besoin d’y passer un peu plus de temps. C’est avant tout pour ces élèves-là que j’ai conçu ce logiciel.
Le premier objectif était donc de faire des rappels sur ce qui avait été vu en cours ou en TP : le microscope polarisant, les notions de base de la minéralogie optique et les principaux minéraux nécessaires pour identifier la plupart des roches étudiées au lycée. De nombreuses photographies interactives illustrent par ailleurs leurs caractéristiques à l’œil nu et au microscope polarisant.
Le deuxième objectif était que les élèves puissent, sans microscope et en autonomie, s’entrainer à identifier les minéraux des roches étudiées en classe. C’est pourquoi le logiciel a une partie « entrainement » très guidée, qui indique à l’élève s’il se trompe et lui laisse la possibilité de se corriger. Enfin j’ai ajouté une partie « examen » pour les enseignants puissent évaluer leurs élèves sur des images de la base de données du logiciel, ou sur des images capturées en classe sur les microscopes.
Avec quel(s) outil(s) concevez-vous vos logiciels ?
J’ai commencé en 2009 à programmer des petits logiciels dans le cadre d’un projet de jeu avec un collègue de français. J’utilisais à l’époque le logiciel Médiator de Matchware. Les fonctionnalités étaient limitées mais il m’a permis de faire la première version de FleurOfruit et le site web de mon établissement. En 2016, je suis passé au logiciel Construct 2 de Scirra qui permet notamment de coder des jeux en html5, donc fonctionnels sur ordinateur, tablette ou smartphone, et avec tous les systèmes d’exploitation (macOS/iOS, GNU/Linux, windows, Androïd…). J’utilise Photoshop pour le graphisme.
Il a fallu visionner des heures de tutoriel sur internet et se former sur des sites ou dans des livres. Et je mets généralement une année pour finir une application. La création est un vrai plaisir mais il ne faut pas compter son temps.
Avec la fleurOfruit, la reconnaissance des arbres et maintenant les minéraux, vous proposez toujours des logiciels très documentés. Comment percevez-vous l’évolution du métier ces dernières années ? Le côté naturaliste résistera-t-il au numérique ?
Le numérique occupe une place de plus en plus importante à l’école, notamment avec les équipements mobiles individuels qui sont arrivés en masse dans les collèges des Yvelines depuis quelques années, et aujourd’hui dans les lycées d’Ile de France. Cela fait 20 ans que j’enseigne et je suis convaincu du bien-fondé des outils numériques, de la plus-value pédagogique et des avantages qu’ils apportent pour l’apprentissage et l’acquisition des compétences.
Nous utilisons tellement de logiciels dans nos activités en classe, qu’une salle de SVT sans ordinateur n’est tout simplement plus concevable aujourd’hui. Il ne s’agit pas cependant de remplacer les travaux pratiques sur le réel que nous continuons d’ailleurs de privilégier en sciences expérimentales. Il me paraît en revanche important d’apporter des outils variés, ludiques, innovants, motivants, accessibles en dehors de la classe. L’élève gagne en autonomie ; l’enseignant quant à lui dispose de davantage de liberté pédagogique pour organiser sa progression.
Entretien par Julien Cabioch
Logiciel sur le virus de la grippe espagnole
Application « Révisions TS tronc commun »
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