Comment permettre aux lycéens de réinvestir des connaissances dans une production numérique ? Karine Gueho-Liguet et Sylvie Fortin, enseignantes de SVT au lycée Sévigné de Cesson-Sévigné (35), proposent à leurs élèves de réaliser une vidéo en stop-motion sur le thème de l’immunité. Etre créatif tout en gardant une certaine rigueur scientifique fait partie des consignes données aux lycéens. « Certains élèves comprennent mieux les concepts en manipulant. La modélisation est alors un facilitateur d’apprentissage », soulignent les enseignantes. Leur idée a déjà fait des émules dans l’académie de Rennes.
Quel défi proposez-vous à vos élèves ?
Le défi pour nos élèves est de réaliser à la maison, avec des objets variés qu’ils trouvent, une vidéo de vulgarisation scientifique tout en gardant une certaine rigueur scientifique.
Quelles consignes sont données aux élèves ? Et quelles connaissances étudiées en classe ?
Nous leur avons proposé une vidéo d’un stop-motion sur la phagocytose de niveau cycle 4 sans légende et une animation plus détaillée. Puis, on leur a demandé de faire mieux. Pour les aider, nous avons fait un exemple de modélisation d’une première image faite avec de la laine, des pinces à linge, des pièces de monnaie et des bonbons… Et nous avons placé les légendes des éléments qui devaient apparaître dans le stop-motion.
La consigne de départ était : « voici une idée de modélisation avec les éléments qui doivent apparaître dans votre film …Vous pouvez utiliser le matériel que vous voulez ( pâte à modeler, perles, pâtes, ficelles…) pour illustrer ces éléments. Soyez créatifs….curieux… »
Les connaissances étudiées en amont concernaient toute la partie « réaction immunitaire innée ». C’est donc un travail de réinvestissement des connaissances sur le déroulement de la phagocytose pour les illustrer en stop-motion qui est demandé. En terme de savoir-faire, ils avaient déjà travaillé le format stop-motion en classe par groupe de 4 pour illustrer les étapes de la méiose.
A quoi ressemblent les productions réalisées ?
Ils ont trois semaines pour réaliser leur film (deux semaines de vacances et une semaine de continuité pédagogique). Mais certains, notamment des élèves d’habitude très discrets en classe, nous ont déjà posté sur le padlet leur image de départ avec les éléments demandés.
En quoi votre proposition est une source de motivation chez les lycéens ?
Le côté défi, d’abord. Nous avons maintenu la continuité pédagogique toutes les semaines passées grâce à des classes virtuelles, lors desquelles ils ont dû réaliser un schéma, un exercice de type bac, un TP Rastop, tout en collaborant à distance. A chaque fois, ils nous ont bluffé par leur assiduité, leur investissement, les retours de travaux de qualité. Il fallait qu’on mette la barre encore plus haut.
Et puis, c’est aussi une utilisation du numérique différente qu’ils apprécient. Certains élèves comprennent mieux les concepts en manipulant. La modélisation est alors un facilitateur d’apprentissage. Cela met également en valeur le côté créatif de certains élèves, ce qui renforce leur estime de soi.
Ils ont aussi la possibilité d’enregistrer en voix off des commentaires sur leur vidéo. Ce qui leur permet de travailler les compétences orales en vue de la préparation du grand oral de Bac.
Quels retours ?
Notre inspecteur a partagé dans sa lettre d’actualités des SVT notre activité. Une collègue du lycée Joliot-Curie de Rennes, emballée par l’idée, nous a transmis dans la journée son image initiale faite avec des vis, câbles électriques et écrous, version « bricolage » comme elle l’a appelée. Elle va lancer le même défi à ses élèves. Ce retour rapide d’une collègue, nous a fait très plaisir.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Une vidéo sur l’application que nous avons choisi
Le genial.ly «fiche technique sur la réalisation du stop-motion »
Dans le Café