Au lycée Robert Doisneau de Corbeil-Essonnes s’il y a bien une valeur qui dure c’est le vivre ensemble. Depuis de nombreuses années l’équipe EPS affiche et démontre que la grande mixité de son public est une force et non un frein. Ainsi, plus de 1400 élèves, chaque année (2nd et 1ère) dansent ensemble, courent ensemble et accueillent au sein même de leur classes des élèves en situation de handicap. Pourtant, malgré cette grande réussite, les moyens nécessaires à ces actions vont être supprimés…
Un projet pensé et réfléchi autour du Vivre ensemble
Tout le monde connaît le principe de la poupée Russe ; et bien ici, au lycée Robert Doisneau, les projets sont pensés et réfléchis de manière à ce qu’ils aient une cohérence et une continuité. Le vivre ensemble s’opérationnalise dans chaque classe et dans chaque niveau. Tout d’abord, il y a la journée d’intégration en forêt de Fontainebleau puis le Bal Doisneau (en octobre), mais aussi l’accueil d’élèves en situation de handicap au sein des enseignements grâce au « projet Intégration et handicap ». Le vivre ensemble est également pensé et ouvert vers l’extérieur à travers la course du coeur. Loin d’une juxtaposition d’actions, c’est un véritable savoir-faire qui permet de créer les conditions d’un vivre ensemble et d’un engagement citoyen.
Le Bal Doisneau depuis près de 30 ans
Comment faire danser 1400 élèves ensemble au sein d’un bal à travers des danses traditionnelles collectives ? Facile selon vous ? Et bien, il fallait y penser mais allez demander à des élèves garçons de se tenir la main, devant tout le monde, d’apprendre une danse, de mélanger des classes de lycée professionnel et de lycée général. C’est plus qu’un défi, c’est un véritable apprentissage. Pourtant, ce travail colossal qui s’organise à travers plusieurs séances de travail pendant 15 jours débouche chaque année avec son côté magique sur une véritable réussite, celle de ce bal qui permet de co-apprendre plusieurs danses ensemble, et de faire danser tous les élèves ensemble.
Le projet intégration et handicap
Il y a différentes façons d’intégrer ou d’inclure des élèves en situation de handicap. Au lycée Doisneau, le choix a été fait que ce seront les élèves eux-mêmes qui proposeront des adaptations en lien avec les différents handicaps. Ainsi, l’accueil ne se décrète pas mais il s’enseigne en amont afin de penser avec les élèves les meilleures conditions pour dépasser le vivre ensemble dans le but de l’ancrer sur « l’apprendre ensemble ». Dès lors, ce sont quasiment tous les types de handicap qui intègrent les cours d’EPS, des fois pour 2 séances, d’autres fois pour une demi cycle voire même pour un cycle entier.
La course du coeur
Là encore, comment faire courir 1400 élèves pendant 1heure au profit d’une association « école du monde »? C’est l’immense défi que l’équipe EPS du lycée Doisneau de Corbeil-Essonnes se lance chaque année. En associant engagement citoyen et engagement physique, le défi est d’apprendre tout d’abord aux élèves à courir au moins 30 minutes pour ensuite réussir le jour J à se relayer et rejoindre collectivement la ville de Corbeil à Majunga (madagascar) 8000 km exactement… Et là encore chaque année, la réussite est au rendez-vous avec une forte participation et surtout un véritable engagement de la part de chaque élève. D’ailleurs chaque année même certains élèves dispensés veulent faire leur tour, que ce soit en marchant ou en béquilles…
Une situation ubuesque
Le problème est simple, la direction de l’établissement a décidé de supprimer la 3ème heure d’EPS en seconde, cette même heure permettant aux enseignants de mettre en place toutes ces actions. Cela représente 22 heures dont 10 heures prises en charge par la Cardie. Ainsi, la situation en devient presque risible tant le besoin pour permettre le maintien de cette dynamique n’est que de 12 heures… Vous me direz que cela peut être conséquent, mais lorsque l’établissement compte 2800 élèves et que le volume de la DGH est de 4437 heures, ces 12 heures ne représentent que 0,27% du volume total ! Si le problème ne peut être comptable, c’est bien le « Vivre ensemble » que l’on souhaite assassiner…
Antoine Maurice