S’il est une discipline où des aménagements de la réforme du lycée étaient attendus c’est bien les mathématiques. Depuis des mois, l’association des professeurs de maths (Apmep) proteste, avec d’autres associations de mathématiciens, contre le retrait des maths du tronc commun dès la 1ère et le fait qu’une seule spécialité soit proposée à des élèves qui ont des niveaux et des projets post bac très différents. Pour Sébastien Planchenault, président de l’Apmep, les aménagements décidés par JM Blanquer « ne répondent pas aux besoins ». Il craint notamment que les élèves ne soient pas informés des différenciations pédagogiques importantes que le ministère veut mettre en place.
Les limites de l’option maths complémentaire
Dans la lettre adressée le 6 janvier au Comité de suivi de la réforme des maths, JM Blanquer propose d’offrir dans chaque établissement l’option maths complémentaire en terminale proposant ainsi « des parcours mathématiques divers ». Pour le reste il estime que « la réponse est d’abord d’ordre pédagogique » et il invite à « travailler la constitution des groupes de compétences ».
Concernant l’option maths complémentaires, l’Apmep souligne que ce n’est qu’une option et non une spécialité. Cela veut dire qu’il n’y aura pas de validation du niveau au bac et par suite aucune garantie sur le niveau atteint par les élèves et les contenus enseignés. Dans la réforme du bac, les notes obtenues dans les options ne comptent plus, à l’exception des langues anciennes. « Le choix d’ouvrir l’option sera laissé au chef d’établissement. Les élèves qui souhaiteraient la suivre n’auront pas de recours si on leur refuse l’inscription », souligne S Planchenault. L’Apmep a demandé aussi que des heures soient fléchées sur ces options pour éviter la concurrence avec les autres enseignements, ce que le ministère, lors d’une rencontre en décembre, a refusé.
Quand le ministère introduit une nouvelle spécialité sans le dire
L’autre outil avancé par le ministre avait aussi été évoqué lors d’une rencontre avec le conseiller pédagogique de JM BLanquer en décembre. La « réponse pédagogique » avec des « groupes de compétences » annoncée par le ministre consistera à distribuer les élèves dans des groupes de spécialité différents en fonction de leur projet d’orientation.
Les élèves souhaitant poursuivre des études scientifiques post bac auraient des contenus dans la spécialité maths adaptés à cette orientation. Ceux qui s’orienteraient vers des études commerciales ou économiques auraient d’autres contenus.
« Ca revient à proposer deux spécialités sans le dire », nous a dit S Planchenault. « Mais il faut l’afficher et le dire aux familles. Ca nous inquiète qu’elles ne soient pas informées », ajoute-il. Ce tri des élèves vers des enseignements de facto différents ne sera possible que dans de gros lycées.
Plutôt que céder et créer des spécialités différentes en assumant le coût en postes, le ministère a choisi une différenciation « grise » rendant la réforme encore davantage opaque. Cette différenciation sera appliquée dès la fin de cette année scolaire et non à la rentrée 2020. Selon S Planchenault, les élèves abandonnant la spécialité maths en fin de première auront une épreuve adaptée à leur niveau.
F Jarraud