L’avenir des directeurs d’école va revenir au centre de l’actualité. Après la tentative de les supprimer via la loi Blanquer, après le suicide de C Renon, la question des conditions de travail et du statut des directeurs d’école s’est imposée. Le ministère a lancé en novembre une enquête auprès des directeurs d’école dont les résultats seront connus le 7 janvier.
Sous prétexte d’anonymat, le questionnaire était généreusement ouvert à tous sur la toile et n’importe qui a pu répondre aux questions. Celles-ci étaient parfois fort orientées. Ainsi le questionnaire oriente largement les réponses vers un nouveau statut avec les questions 23 à 26. « Estimez vous que votre autorité est reconnue par » les enseignants, les intervenants, les non enseignants, les IEN : le directeur n’a autorité sur aucune de ces personnes et la réponse ne peut être que négative. Avec la question 26, on y va carrément : « souhaitez vous être associé à l’évaluation des professeurs » :la perche est tendue pour faire évoluer le statut. D’autres questions frôlaient l’indécence par exemple quand il demande aux directeurs s’ils travaillent « moins de 10 heures » par semaine avec un maximum de 30 heures par semaine : les directeurs se plaignent de semaines de 50 ou 60 heures. La question 16 qui veut définir les tâches du directeur omet par contre le harcèlement bureaucratique qui est pourtant ce qui vient en premier dans les propos des directeurs. La question 19 sur les conditions matérielles d’exercice ne concerne pas le ministère mais les communes.
Interrogé par la commission de l’éducation du Sénat en novembre 2019, JM Blanquer expliquait à propos du statut des directeurs d’école qu’il « va essayer de faire émerger le consensus. Ma conviction c’est qu’il faut une boite à outils pour s’adapter aux différentes réalités du terrain ». La formule fait allusion aux conclusions du rapport Rilhac qui demande un vrai statut de directeur pour les grosses écoles sans qu’on sache bien ce que deviennent les autres. La perspective d’utiliser la crise des directions pour mettre en place un nouvel échelon hiérarchique et casser les petites républiques enseignantes mises en place par les fondateurs de l’Ecole semble la plus forte. Poser la question du statut a aussi l’avantage de diviser les syndicats.