» Cet article, au-delà du fait qu’il est une atteinte inacceptable à la dignité et au travail d’enseignant.e.s et de personnels de la République, à ses institutions elles-mêmes, aux élèves de l’établissement et à leurs parents, s’appuie sur une série d’allégations mensongères que nous dénonçons. Il nuit à l’image de l’établissement, et blesse profondément celles et ceux qui y travaillent et y étudient », écrivent les représentants syndicaux Cgt, Sgen Cfdt, Snes Fsu et Sud du lycée Angela Davis de Saint-Denis (93).
A l’origine de cette réaction, deux article publiés par L’Express le 3 décembre. Le premier dénonce une complaisance des enseignants du lycée qui accepteraient en cours des élèves voilées. Le second est une interview de JM BLanquer qui valide le premier article et annonce une enquête de l’Inspection générale dans le lycée. L’ensemble aboutit à une opération de communication ministérielle.
» Ces allégations sont évidemment fausses. Les personnels du lycée et sa direction demandent aux élèves de respecter le principe de laïcité et le règlement intérieur de l’établissement. De même, aucun « atelier racisé », pour reprendre les termes employés dans l’article, n’a été organisé au sein du lycée Angela Davis », écrivent les enseignants du lycée.
Surtout ils marquent leur surprise devant la réaction de l’institution. Le lycée a vu deux de ses élèves agressés à coups de couteau devant le lycée en novembre 2019. Depuis le personnel et les parents demandent des moyens pour lutter contre la violence.
La réponse du ministère est surprenante. L’enquête de l’Inspection générale » nous avait été annoncée par Monsieur le Recteur le mardi 12 novembre comme une réponse à l’agression au couteau d’un de nos élèves aux abords du lycée. En réalité, elle viserait à signaler les « manquements » vis-à-vis de la « neutralité religieuse mais aussi politique » dans l’enceinte du lycée et de prendre les « sanctions disciplinaires qui s’imposent ». »
Dans ce lycée parqué par la violence aux abords de l’établissement, les enseignants estiment que leurs conditions de travail mériterait un bon article. » Il existe des conditions d’enseignement difficiles, bien réelles, qui sont quant à elles passées sous silence : 35 élèves par classe dans les niveaux de première générale qui préparent les épreuves anticipées du baccalauréat, des moyens indigents pour le pôle médico-social qui vient en aide aux élèves confrontés à de réelles difficultés (une assistance sociale et une infirmière pour plus de 1000 élèves, dont plus de 50% sont boursier.e.s, avec un internat de proximité), l’absence d’installations sportives dans un établissement neuf, des moyens de vie scolaire insuffisants pour assurer les missions quotidiennes (deux équivalents temps plein CPE pour tout l’établissement), des moyens quasi inexistants pour la tenue de projets éducatifs et d’options, des situations de violence extrême aux abords du lycée ».
« Il est incompréhensible de voir, par voie de presse, notre ministre envisager des sanctions, avant même que les enseignant.e.s n’aient été auditionné.e.s à ce sujet, et ne pas accorder bienveillance et confiance à ses personnels », écrivent les responsables syndicaux du lycée.