Les Noums sont de drôles de bestioles qui aident les enfants à comprendre et apprendre les nombres et le calcul. Cette méthode de Rémi Brissiaud et DragonBox n’a pas d’équivalent dans l’offre pédagogique jusqu’ici disponible. Elle possède de nombreuses qualités et changera la pratique des enseignants qui voudront bien s’en emparer. Elle sera également une aide précieuse à la formation des professeurs.
Les Noums, c’est quoi ?
Les Noums, ce n’est pas seulement une application, ce n’est pas seulement un fichier : c’est un dispositif didactique et pédagogique, qui permet aux enfants de travailler en mathématiques, en CP et au-delà. Toute l’année est planifiée par une programmation précise et une progression facile à comprendre, et la partie « Labos » permet de travailler d’autres domaines du programme.
Pour enseigner avec les Noums, il faut un support numérique, de préférence des tablettes. Mais utiliser les Noums en classe, ce n’est pas abandonner l’écrit au profit d’une utilisation occupationnelle du numérique : l’outil numérique est mis au service des apprentissages mathématiques. Ce n’est pas non plus abandonner le matériel : manipuler reste indispensable, et permet de multiplier les registres. Si l’école est équipée en tablettes de sorte que les élèves en ont individuellement ou par binôme, c’est formidable. Mais quelques tablettes peuvent suffire, et on peut même exploiter les Noums avec seulement un ordinateur projeté. Bien sûr, la portée et l’efficacité du dispositif seront moindres. Mais l’enseignant permettra aux élèves de changer de registre d’une façon nouvelle, et lui-même se formera sur les plans pédagogique et didactique en utilisant l’application Les Noums. L’exemple le plus frappant à mon sens est l’outil permettant une radiographie des Noums : seul un support numérique permet cette approche. La simplicité apparente de l’idée elle-même en montre toute l’ingéniosité. Mais d’autres outils sont tout aussi précieux : le cache, les barres de mesure déplaçables pour comparer des longueurs, qui permettent de visualiser et apportent ainsi une réponse immédiate.
Les Noums côté élèves
Dans les Noums, on retrouve les principes d’apprentissage et de compréhension chers à Rémi Brissiaud. Pour qui a travaillé avec Picbille, on reconnaîtra ses choix pour transmettre et automatiser les décompositions, dans lesquelles le nombre 5 est un pivot indispensable. On reconnaîtra bien sûr le dénombrement « à la Brissiaud », en évitant le numérotage abusif et contre-productif, mais avec l’intégration des nouvelles technologies pour donner encore davantage de sens et varier les images visuelles, pour varier les images mentales. En tant que formatrice, j’ai vu des élèves travailler avec les Noums, en classe de CP. J’ai été frappée par leur autonomie : le recours à la tablette n’est pas systématique, et ils ont compris que ce qui se joue au final est ce qu’ils pensent, ce qu’ils conçoivent, ce qu’ils portent sur le fichier que vérifie l’enseignante. Souvent, les tablettes sont sur la table, non utilisées. Et puis un enfant se trouve en difficulté, et il s’en saisit, pour expérimenter, confronter ses représentations à ce que lui proposent les Noums, pour déconstruire ses croyances fausses et accéder à la modélisation. On est bien dans le conceptuel. Souvent aussi, les enfants utilisent la tablette pour vérifier leur travail, une fois une question ou un exercice terminé. Ainsi, la tablette apporte une réponse, comble un besoin, qui permet à l’enseignant(e) de se consacrer aux enfants qui ont un réel besoin de sa remédiation personnalisée pour surmonter leur difficulté.
L’application est aussi utilisée, au préalable ou en conclusion, en grand groupe, projetée par l’enseignante, qui présente une activité du point de vue procédural, amène une nouvelle notion, une nouvelle compétence, en interaction avec les enfants, ou résume avant d’institutionnaliser. L’usage des Noums en collectif permet la dévolution des différentes tâches mathématiques ainsi que les verbalisations autour de ces tâches. On est bien sur le chemin de la conceptualisation, avec un grand soin porté à l’explicitation. L’automatisation est elle aussi prévue, mais elle ne remplace pas l’accès au sens. On prend le temps, sur le chemin mathématique tracé par Rémi Brissiaud, de considérer le signe « = », d’aborder la commutativité, d’expliciter des stratégies de calcul. La numération n’est jamais dissociée du calcul.
Enfin, l’application Les Noums permet une différenciation très précise et efficace : on peut réactiver des notions et compétences antérieures, aller plus loin ou choisir d’automatiser davantage en temps réel, en s’adaptant au plus près aux besoins des enfants.
Les Noums côté enseignant
Les Noums constituent un support efficace et simple à déployer pour l’enseignant. Il reconnaîtra des liens avec les boîtes de Picbille, les réglettes cuisenaires, certaines procédures de la méthode dite de Singapour ou d’ACE. Tout en restant fidèle à ses convictions didactiques, Rémi Brissiaud a su intégrer des apports extérieurs à son dispositif. La relation entre nombre et mesure est évidente, ce qui est un autre point fort.
La résolution de problème est intégrée au dispositif, avec les créateurs d’histoires. L’outil permet de mettre en lien des situations et des représentations mathématiques. L’enseignant projette une image, la fait décrire aux élèves, fait émerger un questionnement et enfin amène les élèves à y répondre par un calcul associé. On peut aussi projeter un calcul et demander aux élèves d’imaginer une situation.
Pour l’enseignant, la prise en main est facilitée par le guide du maître en vidéo : des vidéos courtes, réalisées par Rémi Brissiaud, permettent de découvrir chaque module, et d’en comprendre des tenants et les aboutissants didactiques.
Les Noums côté formateur
Pour le formateur, Les Noums est un appui très riche: il permet de présenter une approche parmi d’autres, et d’agrandir le répertoire de méthodes d’apprentissages mathématiques, tout en étant certain de la robustesse didactique. Comme ses objectifs sont clairs et explicités, le support numérique visuel, mis en son et attractif, on peut présenter les Noums de façon efficace. Pour moi qui suis enseignante dans le second degré, pratiquer moi-même Les Noums m’a permis de me professionnaliser, comme c’est le cas pour les enseignants qui l’utilisent en classe. Les Noums me permettent de faire comprendre à des enseignants de mathématiques ou d’autres disciplines les enjeux de la numération à l’école. Or c’est un enjeu fondamental, du point de vue de la continuité des apprentissages et des pratiques : lorsque des enseignants de sciences du second degré comprennent les enjeux de la numération en CP, ce sont certaines de leurs pratiques, langagières ou procédurales, qui sont amenées à évoluer.
Enfin, j’ai aussi été amenée à utiliser Les Noums de façon ponctuelle dans mes classes : pour aider des élèves de classe ULIS, pour intégrer des enfants ne parlant pas encore français, pour remédier à des difficultés anciennes et douloureuses : sur la symétrie, sur les durées, sur la numération aussi (les machines de change, la comparaison, la décomposition), la partie « Labos » est précieuse.
Pour conclure
Les Noums ne sont pas une simple adaptation de Picbille. Ils en sont une évolution forte, adaptée à partir des connaissances actuelles en pédagogie, en didactique et en sciences cognitives. Si les Noums s’adressent pour le moment au cycle 2, les enseignants de tous niveaux peuvent y trouver un outil de remédiation, de formation et de développement professionnel en mathématiques.
Claire Lommé
enseignante de mathématiques en collège (76), formatrice pour le premier degré (RMA, référente mathématique académique), formatrice REP+.
Le blog de Claire Lommé, Pierre Carrée
Noums : chez Dragonbox
Quand son compte a été créé, pour y accéder : https://account.dragonbox.com