C’est une des surprises de la publication des « bleus budgétaires », ces documents destinés au parlement sur le budget 2020 détaillant les dépenses pour chaque mission de l’Etat. Le budget des fonds sociaux passe de 59 millions en 2019 à 30 millions en 2020. Et cela rappelle la même division par deux opérée entre 2006 et 2012, à une époque où JM Blanquer était déjà au ministère.
Les fonds sociaux « sont destinés à faire face aux situations difficiles que peuvent connaître certains élèves ou leurs familles pour assurer les dépenses de scolarité ou de vie scolaire », rappelle le bleu budgétaire. « Ces aides exceptionnelles sont soit financières, soit en nature (financement des dépenses relatives aux transports et sorties scolaires, aux soins bucco-dentaires, aux matériels professionnels ou de sport, aux manuels et fournitures scolaires…). La dotation permet également de prendre en charge les changements de situations des familles en cours d’année scolaire, que le calendrier d’examen des demandes des bourses ne permet pas toujours de couvrir ». S’y ajoutent des frais de cantine. Les fonds sociaux permettent à des enfants de continuer à aller à l’école quand leur famille connait un dénuement absolu.
Ces fonds devraient donc être sacrés. Or de 2002 à 2012, le budget des fonds sociaux des établissements scolaires est passé de 73 à 32 millions, soit plus qu’une division par deux, comme l’a démontré JP Delahaye dans son rapport sur la pauvreté. C’est ce qu’a réalisé Gilles de Robien en abaissant régulièrement leur montant. Sous son règne, à une époque où JM Blanquer est directeur de cabinet adjoint, ils passent de 73 à 40 millions. Luc Chatel achèvera la dégringolade en 2011 et 2012.
La situation serait différente en 2020 selon le bleu budgétaire. » Associée à la mobilisation de reliquats de subventions versées par le MENJ au titre des années antérieures et apparaissant non consommées dans la trésorerie des EPLE, la dotation de 30 670 976 € permettra de maintenir les aides sociales à hauteur de l’exécution 2018″. En 2018 ces fonds représentaient 59 millions.
« Il existe encore des établissements, heureusement moins nombreux, qui ne sont pas suffisamment attentifs à la question sociale et qui ne répondent pas toujours comme il le faudrait aux difficultés des élèves pour, par exemple, les aider à accéder à la restauration scolaire, à acheter la tenue de sports, à participer aux voyages scolaires », écrit JP Delahaye sur son blog. « Mesure-t-on partout l’impact de l’humiliation subie par ces jeunes qui restent dans leur établissement quand leurs camarades partent en voyage linguistique ? Il m’est arrivé de poser des questions dans des établissements, pourtant situés dans des zones de grande pauvreté et qui avaient néanmoins des reliquats importants de fonds sociaux. Je me suis entendu répondre par un chef d’établissement : « ils (les pauvres) ne demandent pas ». En effet, les pauvres demandent rarement. Demander est une humiliation de plus, les pauvres aussi ont leur dignité. Si on ne fait pas l’effort d’observation et d’écoute, si on n’accompagne pas à l’échelon académique les établissements dans l’identification si délicate des besoins, alors en effet on dépense peu de fonds sociaux et on a des « reliquats » ».
La baisse des fonds sociaux permet de maintenir le budget total des aides sociales du ministère en compensant la hausse des bourses liées à l’évolution démographique et à leur indexation. JM Blanquer a présenté son budget 2020 comme « social ». Il apparait que son ministère a un suivi relaché de ces dépenses.