Dans un contexte difficile, marqué par les évolutions de programmes qui relativisent largement la place des enseignements scientifiques, et par les difficultés persistantes des enseignants à identifier des démarches efficaces, Alice Pédrégosa présente les ressources récentes de la Main à la Pâte pour les enseignants des écolesDans le débat international, la désaffection des jeunes pour les carrières scientifiques pose l’urgence d’une politique volontariste pour renforcer le goût pour les sciences dans le but de favoriser le développement des ressources de recherche des différents pays. Paradoxalement, les récentes évolutions de programmes scolaires en cours renforcent le trouble des enseignants, et invitent des institutions comme l’Académie des Sciences à faire connaître leurs positions dans le débat.
Depuis plusieurs décennies, l’enseignement primaire a pourtant multiplié les expériences, et fait de la « Main à la Pâte » un concept qui s’est ancré dans le quotidien. Pour A. Pédrégosa, « La main à la Pâte n’a pas inventé grand chose, elle a surtout permis de créer des réseaux de praticiens et de chercheurs ». Au delà des contingences économiques, les enseignants y voient aussi l’occasion de développer l’esprit critique, de sensibiliser les élèves à la vraie nature interdisciplinaire des sciences. « Comme pour la lecture, le plaisir des sciences s’appuie sur une curiosité naturelle, mais aussi s’apprend ».
Démarche d’investigation ?
Questionnement, hypothèses, expérimentation et observations, conclusions : la démarche semble simple. Mais le DVD d’auto-formation de la Main à la Pâte, dont l’arrivée est attendue dans toutes les écoles depuis plusieurs mois, ne saurait sans doute suffire à répondre aux difficultés concrètes des enseignants :« Travailler en sciences, ça demande souvent de travailler à plusieurs… ». L’outil est sans doute plutôt à utiliser par les formateurs pour induire un travail collectif sur les contraintes de l’enseignement scientifique : organisation de la classe, travail cognitif des élèves pour organiser le passage des connaissances « ordinaires » aux propriétés des objets.
Dès la maternelle, apprendre à catégoriser les objets du quotidien du point de vue de leurs propriétés (« donne-moi un objet de la cuisine où on se voit dedans ») ne va pas de soi, tant pour l’enseignant que pour les élèves : il faut organiser les situations, ne pas se laisser conduire uniquement par ceux qui savent, relancer l’intérêt en élucidant les tâches et les activités intellectuelles qu’on sollicite, organiser la confrontation des points de vue en utilisant la langue de l’Ecole comme vecteur des apprentissages.
Des preuves… L’intervenante présente plusieurs projets concrets mis en oeuvre dans les classes, et accompagnées par la Main à la Pâte.
Est-il possible de mesurer la Terre à plusieurs ? C’est le défi proposé par le projet Eratosthène, dont le présupposé veut prouver la nécessité de collaborer avec d’autres pour un projet scientifique, mais aussi de replonger dans l’histoire des savoirs. Le projet « Le climat, ma planète et moi » entend appuyer sa démarche en mobilisant en même temps les sciences, l’histoire-géographie, les mathématiques, le français, les TICE… D’autres projets sur les calendriers des différentes civilisations, les découvertes de la civilisation musulmane sont aussi disponibles sur le site de la Main à la Pâte, qui propose un accompagnement des classes selon plusieurs modalités : accompagnement à distance ou en classe par des scientifiques ou des étudiants d’université…
|