Comment réunir un conseil de classe s’il y a 40 ou 50 professeurs dans la classe ? La réforme du lycée, en émiettant les élèves de toutes les classes dans les différentes spécialités apporte certainement des économies de gestion. Mais elle rend les conseils de classe impossibles. Quelles propositions pour remplacer les conseils ? Professeurs, personnels de direction et parents tentent d’imaginer le futur du lycée…
« Les conseils de classe de première , on ne sait pas comment on va les organiser ». Le 12 septembre, Philippe Vincent, secrétaire général du Snpden Unsa, 1er syndicat de personnels de direction, ne cachait pas la difficulté. Avec la réforme Blanquer du lycée général, en 1ère et terminale les élèves peuvent être répartis dans de nombreuses spécialités. Du coup le nombre de professeurs à réunir pour le conseil explose. « On se pose la question du rôle du conseil de classe mais aussi du professeur principal », continue P Vincent. « Comme les élèves ne sont plus ensemble que la moitié du temps ça interroge le professeur principal. De combien d’élèves en fait est-il professeur dans la classe ? » Pour lui la fonction doit être revue. Quant aux conseils le Snpden imagine des conseils de spécialités et de classe ou alors des conseils uniques de niveau, avec toutes les premières par exemple.
« Il est paradoxal à un moment où on parle travail d’équipe et regards croisés que l’on n’ait plus qu’une équipe fictive. Le groupe classe c’était quelque chose qui créait des liens et donnait des repères », regrette Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, interrogée par le Café pédagogique. « Avec la réforme le conseil devrait réunir une cinquantaine de personnes. On ne voit pas comment pourraient se passer ces réunions, quel serait le rôle du professeur principal », continue t-elle. « Beaucoup de choses se négocient en ce moment au ministère. Mais sans les professeurs. C’est extraordinaire ! ».
» Cette redéfinition de « la classe » interroge en cette rentrée, après les inquiétudes de juin sur les emplois du temps et la possibilité pour les élèves de choisir librement ou pas les spécialités de leur choix. Cet aspect de la réforme demande une réflexion de fond sur la mission du professeur principal, les modalités d’accompagnement et de suivi des élèves, le déroulement des conseils de classe et l’organisation des évaluations. Faute d’avoir été anticipées par le ministère ces questions sont maintenant devant les équipes », écrit Alexis Torchet secrétaire national du Sgen Cfdt. » Il n’est plus possible de s’appuyer sur une seule personne pour continuer à assumer à la fois un climat de classe apaisé, des tâches « collectives » diverses, les relations avec les familles, et l’accompagnement plus individualisé des élèves notamment dans le choix de leur orientation. Il est donc urgent de réécrire encore cette circulaire de mission. Il faut dépasser la seule réponse de deux Professeurs principaux en terminale trouvée en urgence pour assurer l’accompagnement Parcoursup et permettre une variété de solutions adaptée à la diversité des lycées. Le Sgen-CFDT demande notamment la possibilité de mettre en place le tutorat multi-âge, ou le partage de ces missions entre plusieurs enseignants. Ces solutions doivent permettre à la fois une efficacité pédagogique et une amélioration des conditions de travail des enseignants ».
Pour les parents , la réforme semble une occasion. Pour Rodrigo Arenas, co-président de la Fcpe, la disparition des conseils de classe est « une réalité que l’on annonçait », déclare t-il au Café pédagogique. « ON va peut-être enfin changer les moments de réunion de la communauté éducative. Ce sujet va être premier dans le comité de suivi. On va enfin inverser les priorités et , avec le conseil de spécialité, interroger la spécialité et non les difficultés des jeunes ». Pour la Fcpe, « tout est bouleversé avec la réforme. La communauté éducative va devoir s’organiser autrement pour l’avenir des enfants ».
François Jarraud