Il n’y aura probablement pas de manuels gratuits pour tout le monde, annonce l’association des éditeurs d’éducation, regroupant les principaux éditeurs scolaires. Les éditeurs alertent aussi sur les risques liés au passage aux manuels numériques. Ce sont finalement les familles qui vont payer le prix de la précipitation avec laquelle les réformes sont mises en place.
» Equiper 1,3 million de lycéens en manuels imprimés et numériques reste, pour les régions et leurs prestataires, un défi logistique sans précédent », déclarent « les éditeurs d’éducation », le 26 août. L’association regroupe les principaux éditeurs scolaires.
Mais depuis des mois, elle communique surtout sur le défi économique que représente la mise en place des réformes à cette rentrée. En effet, cette année ce sont tous les manuels pour les classes de seconde et première de la voie générale et technologique, et de seconde Bac pro et 1ère année de CAP pour la voie professionnelle qui sont renouvelés.
Depuis des années, les régions ont pris en charge, avec des formules différentes, le coût des manuels des lycées. Mais cette année c’est un sacré défi pour les régions. Elles doivent payer des manuels pour deux années d’enseignement sur une seule année budgétaire. Mais, en plus, leurs dépenses sont étroitement surveillées par l’Etat qui a prévu des pénalisations pour d’éventuels dérapages budgétaires. Le problème a été soulevé dès septembre 2018 par les éditeurs. A cette époque les éditeurs encouragaient les régions à abandonner la gratuité. » « Il ne faut pas que les régions s’accrochent à l’idée de la gratuité totale. Les manuels de certaines disciplines pourraient être payés par les familles avec des aides sociales. Cela soulagerait les régions ».
A cette rentrée 2019, les éditeurs soulignent « un possible accroissement des inégalités territoriales et sociales, certaines régions n’ayant à ce jour pas voté les budgets nécessaires, au risque de faire peser sur les familles ces achats incontournables ou de priver les élèves des outils nécessaires pour préparer le bac ». Notons que la réforme des lycées va aussi peser sur les dépenses de transport scolaire des régions avec les mêmes conséquences.
Face à cette situation, cinq grandes régions ont décidé de passer totalement ou partiellement aux manuels numériques à la rentrée. La formule a l’avantage de diminuer fortement le coût des manuels puisque les régions n’acquittent qu’un droit annuel d’utilisation.
Là aussi les éditeurs soulignent « les risques pédagogiques consécutifs à un passage très rapide aux supports numériques, alors que des études de plus en plus nombreuses montrent que l’utilisation du numérique seul ne permet pas un apprentissage optimal et que l’adhésion et la formation des professeurs constituent en tout état de cause des préalables indispensables ».