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Faire du poney, aller à la ferme, à la mer, en forêt, cueillir des pommes ou encore aller au musée, en cette fin d’année les sorties scolaires se multiplient. À l’école maternelle Victor Hugo de Stains (93), c’est toute l’année que ces jeunes élèves de deux, trois, quatre ou cinq ans prennent le car pour aller découvrir de nouveaux horizons. Et cette fin d’année, c’est le poney qu’il découvriront lors d’une demie journée d’activité. Dans cette école nichée au creux du grand ensemble du clos Saint Lazare, pour Véronique Roulet, qui en est la directrice depuis près de dix ans, la sortie scolaire n’est pas seulement un moment agréable et convivial, c’est avant tout un riche moment pédagogique où les apprentissages prennent sens.

Sortir pour découvrir de nouveaux horizons

Véronique enseigne depuis plus de vingt ans, toujours à Stains, toujours en éducation prioritaire. L’École, elle y tient et pas qu’un peu. On ne peut compter le nombre d’heures, de mercredis, de samedis et parfois de dimanches qu’elle y passe. Comme beaucoup de directeurs. Ses élèves, leurs familles, elle y tient. Au quotidien, elle les accompagne comme elle peut.

Elle a aujourd’hui une belle école, mais ce ne fut pas toujours le cas. « Le quartier a connu depuis 20 ans un élan de rénovation, son visage n’est plus celui que j’ai connu quand je suis arrivée à Stains en 1997. Il y avait une véritable volonté d’ouverture de ce quartier qui était complètement enclavé avec de nouvelles infrastructures comme la Maison du Temps Libre, des terrains de jeux et de sports, des services municipaux qui s’y sont installés récemment ou encore la réouverture de commerces. Et puis, il y a trois ans, notre groupe scolaire a été rénové complètement. Nous bénéficions maintenant de locaux neufs et agréables. Cela a changé nos conditions de travail ». Les élèves qui sont scolarisés à Victor Hugo vivent souvent dans la précarité, voire très grande précarité. Peu d’entre eux ont l’occasion de sortir de la cité avant d’être assez autonomes pour le faire. Qu’à cela ne tienne, pour l’équipe pédagogique cela devient un véritable enjeu. « Nos élèves ont un réel besoin de découvrir d’autres horizons. Les sorties scolaires leur permettent de découvrir des lieux qu’ils n’auraient pour la plupart jamais visités sans l’école ».

Alors l’année est ponctuée de sorties, « Nous bénéficions d’autocars municipaux pour nos sorties : le nombre permet à chaque classe de faire environ 4 sorties en demi-journées sur l’année, parfois quelques sorties en journée ». Que cela soit au musée, en balade à Paris ou de plus en plus fréquemment un retour à la nature. « Ces dernières années, en lien avec le projet d’école sur le jardinage, les collègues privilégient les sorties nature. Pour nos élèves qui ont un cadre de vie tout de même très bétonné, c’est une ouverture sur la nature intéressante. Cela passe par des sorties en forêt, des sorties à la Cueillette pour récolter fruits et légumes ou encore la ferme pédagogique où les élèves découvrent les animaux ».

Poney pour tous cette année !

Depuis 2018, tous les élèves se rendent au Haras de Gonesse, même les tout petits, l’école située en REP+ bénéficie du dispositif d’accueil des moins de trois ans. Auparavant, seules quelques classes s’y rendaient. « Je voyais les collègues, les parents accompagnateurs et surtout les enfants revenir enthousiasmés. Après avoir accompagné une classe, j’ai compris leur engouement ». Le cadre y est pour beaucoup, « champêtre, de la verdure, un petit ruisseau, des chevaux et des poneys nombreux, des animaux de la ferme, des espaces propres et agréables ».

Les élèves participent à plusieurs ateliers durant la matinée. « Ils sont répartis en quatre groupes qui vont tourner sur le temps de la visite. Une balade en calèche, une visite des stalles et des animaux avec des chèvres, des lapins, des cochon et la basse-cour, un atelier dans le manège et une petite balade sur un poney. Et le temps passe vite, on enchaine, on ne s’ennuie pas une minute ». Les enseignants voient leurs élèves différemment, le temps de quelques heures. Les enfants, quant à eux, découvrent un univers inconnu et montent sur un poney, la plupart pour la première fois. « Les enfants apprivoisent leurs craintes, c’est un vrai plaisir de voir leur sourire épanoui lors de la balade, leur fierté sur leur monture. Quelques rares enfants refusent la première fois de monter, mais dans l’ensemble, ils sont ravis. Et puis c’est aussi l’occasion de créer du lien avec les familles, « le poney étant une activité à encadrement renforcé, nous emmenons le plus de parents possibles. La balade nécessite un adulte pour un enfant. En effet, ces animaux peuvent être autant doux et dociles qu’un peu têtus, j’en ai fait l’expérience. Certains parents sont aussi enthousiastes que les enfants ! ».

Du côté budget, ce n’est pas toujours simple. « Cette sortie est un peu chère pour notre école. C’est un choix de l’équipe d’offrir aux enfants un moment un peu à part, une belle expérience dont ils se souviendront. D’ailleurs, Ils se verront remettre le baptême du poney. Pour la classe des tout-petits, ce sera le 14 juin. Nous demandons que chaque petit élève soit accompagné d’un de ses parents et nous clôturerons la journée par un pique-nique ».

Des sorties inscrites dans un projet pédagogique, un projet de classe

« Les sorties scolaires, au-delà de découvrir des lieux, pratiquer de nouvelles activités, sont un moment où le groupe-classe partage un moment différent avec son enseignant, une petite expérience hors les murs de l’école ». Alors dans cette école, on s’efforce de les varier d’une année sur l’autre, pour multiplier les expériences sur les trois années de maternelle. Des sorties préparées en amont et exploitées après. « Les enseignants prévoient parfois des mois à l’avance leur destination, parce qu’ils ont un projet bien spécifique ».

Les sorties scolaires sont l’occasion d’apprendre autrement, d’expérimenter, de découvrir mais aussi de s’amuser. Mais c’est aussi un moment privilégié où se tissent des liens nouveaux entre élèves, entre élèves et enseignant mais aussi avec les parents. Avant la sortie poney, par exemple, l’information est rédigée par les élèves sous forme de dictée à l’adulte et collée dans le cahier. Certains parents se portent rapidement volontaires pour accompagner la classe, et « ont ensuite un autre regard sur la classe et l’enseignant. Ils apprennent aussi à se connaitre entre eux ». Et pour ceux qui n’ont pas pu venir, pas de panique, des photos et des commentaires sont laissés sur le blog de la classe.

De riches moments d’échanges et de partages, autour d’un club sandwich, d’un petit paquet de chips, d’un fruit et d’une petite bouteille d’eau. Finalement, les sorties scolaires, « c’est créer des souvenirs communs pour tous ».

Lilia Ben Hamouda