Il y a quelques semaines, la cathédrale Notre Dame était sous les flammes. Information qui a fait la une de l’actualité pendant plusieurs jours. Les débats autour de sa reconstruction et des appels aux dons font rage depuis. Loin de ce tumulte, Katia Clouin, enseignante à l’école maternelle Rep+ Dunant de Sarcelles (95), s’est saisie de l’occasion pour sensibiliser les élèves au patrimoine.
Katia est professeure des écoles depuis plus de quinze ans, dont dix à l’école maternelle de huit classes Henri Dunant. L’école, nichée dans le centre de ce grand ensemble du nord de l’Ile de France, est labélisée éducation prioritaire renforcée. Avec ses vingt-six élèves de moyenne section, elle n’a pas peur d’aborder tous les sujets et s’inspire souvent de l’actualité pour organiser son enseignement. Le dernier projet en date ? Faire de ses petits élèves d’apprentis architectes, rien que ça… « En cette période où certains pourraient penser que l’école maternelle est un lieu de garderie, il m’a semblé intéressant de montrer que des enfants de quatre et cinq ans peuvent être tout à fait sensibles à l’actualité, à l’art et être initiés à l’histoire et à l’architecture de manière tout à fait vivante ». Elle décide alors de se saisir du concours de reconstruction de la flèche de la célèbre cathédrale Notre Dame pour impulser son projet. Et puis, rendre accessible l’information à ses élèves est aussi un enjeu pédagogique pour cette enseignante, « je voulais que les enfants soient capables d’interpréter les images télévisuelles diffusées en boucle sur les chaînes de télévision ».
Un concours d’architecte pour les petits Sarcellois
C’est ainsi qu’elle présente son projet à ses petits élèves installés au coin regroupement. Elle leur montre des photos, sous tous les angles, de la cathédrale. La dimension religieuse du monument est rapidement survolée, Katia expliquant que la cathédrale est un lieu de culte pour les catholiques au même titre que la mosquée pour les musulmans ou encore la synagogue pour les juifs. Il faut dire que sa classe est à l’image de cette ville où se côtoient plusieurs grandes communautés religieuses. Alors Katia profite de l’occasion pour rappeler à ses élèves que ce monument appartient à l’Etat, et qu’à ce titre il leur appartient aussi. « La Cathédrale Notre Dame de Paris est un édifice de culte mais il appartient à l’Etat, c’est donc en tant que monument historique qu’il est étudié et donc pas du tout dans sa dimension religieuse ».
C’est ainsi que démarre « un projet pluridisciplinaire mêlant les acquisitions langagières, l’écriture, l’architecture, les arts plastiques, la musique, le graphisme et la littérature. Dans la mesure où les enfants de cet âge ont peu de repères spatio-temporels, je n’aborde l’aspect historique de la Cathédrale que de manière globale, en citant uniquement la date de la construction de l’édifice et l’intervention de Viollet-Le-Duc, au 19ème siècle ».
Une maquette en allumettes
Les élèves, motivés par le concours, se lancent avec entrain dans l’aventure. Ils construisent une maquette en allumettes puis se lancent dans la création des vitraux, dans un premier temps, aux crayons de couleurs, dans un second temps, sur du papier rhodoïde, avec du vernis vitrail. « Ensuite, j’ai présenté les gargouilles qui ornent la cathédrale. On a aussi visionné le dessin animé « Le bossu de notre Dame » ». Ils en ont ensuite fabriqué en plastiroc, « c’est une sorte de pâte à modeler qui durcit à l’air ». La dimension musicale est bien entendu elle aussi abordée. « Nous avons écouté plusieurs instruments, tels que les orgues ou les cloches. Nous avions auparavant constitué un recueil d’instruments lors d’un projet autour du carnaval. Ca a été l’occasion d’enrichir le vocabulaire des élèves ».
Les élèves sont fiers de leur réalisation, une belle maquette de Notre Dame et sa nouvelle flèche qu’ils présenteront à leurs parents lors d’une soirée de restitution. Ils auront aussi un livret répertoriant les travaux réalisés en classe.
L’incendie de la cathédrale Notre Dame, chef d’œuvre du patrimoine français, est l’occasion de rappeler à tous les élèves qu’il s’agit bien de leur patrimoine, quelle que soit leur origine.
Lilia Ben Hamouda