L’injonction envoyée en début de semaine d’organiser dans tous les lycées des débats sur le climat le 15 mars peut-elle canaliser le mouvement lycéen ? Il semble bien que la plupart des lycées n’organiseront rien le 15 mars et que les manifestation pour le climat seront maintenues. Pire, l’activisme ministériel met en valeur le peu d’intéret de l’équipe ministérielle pour cette question qui mobilise les jeunes.
Un appel tardif pour court-circuiter le mouvement lycéen
Le 12 mars JM Blanquer « aux cotés des lycéens » annonçait une « mobilisation générale des lycées dans la lutte contre le changement climatique » avec l’organisation de débats de 16 à 18 heures par les conseils de la vie lycéenne. » Les élèves, les enseignants et les personnels pourront débattre sur les enjeux climatiques et sur les propositions de réponses qui peuvent y être apportées, lors d’une séquence banalisée dans chaque établissement », écrivait le ministère. Le ministère affirmai attendre de cette journée « des propositions d’actions à mettre en oeuvre dans les établissements. Et il rappelait que « le ministère est engagé dans la lutte contre le changement climatique » avec des programmes « qui intègrent dès le CM1 puis au collège et au lycée les questions du changement climatique ».
Cécité sur le climat dans les nouveaux programmes
Là dessus le ministère s’avançait un peu. En effet, les nouveaux programmes du lycée font l’impasse sur la question du changement climatique. En SVT le climat n’apparait plus que comme facteur d’altération des roches ou de transmission des maladies dans le programme de seconde. Le changement climatique n’est pas non plus au programme de l’enseignement scientifique de tronc commun. Il est juste mentionné dans le programme de géographie de seconde. En fait les rédacteurs des nouveaux programmes ont fait une impasse sur cette question. L’engagement du ministère pour la formation des jeunes au changement climatique semble bien léger…
Des syndicats appellent à participer à la grève
Par conséquent la démarche ministérielle est vite apparue comme une manoeuvre politique visant à couler le mouvement lycéen. Pas moins de 14 mouvements lycéens et étudiants appellent à manifester le 15 mars , de l’Unef et la Fage à l’Unl et la Fidl en passant par les Eclaireurs et le Refedd.
» En décidant d’organiser un petit débat sur l’écologie, en marge du grand, de 16h à 18h, vendredi 15 mars, le ministre de l’Education fait passer sa communication avant les enjeux climatiques et tente de gagner encore du temps. La question climatique est une urgence. Cette tentative de récupération est à l’image du ministre : hyper-présence à tout prix dans les médias, autoritarisme dans les établissements scolaires », écrit en retour le Snes Fsu , qui dénonce « le triple mépris » du ministre envers les jeunes , dont la mobilisation est récupérée, les personnels chargés d’organiser les débats à la va-vite et mépris sur la question écologique. D’autres syndicats ont pris position pour une participation à la grève et la marche comme la Cgt, Solidaires et Sud. La CFDT « apporte tout son soutien à cette jeunesse non violente et citoyenne qui, par cette mobilisation, marque sa volonté d’agir pour son avenir » et s’associe à la mobilisation du samedi 16 mars, partout en France et dans le monde. » Enfin le principal syndicat de personnels de direction, Snpden Unsa, a envoyé une consigne claire dans les établissements de respecter les projets et la vie interne de l’établissement avant l’injonction ministérielle.
Et sur le terrain ?
Qu’en sera -t-il sur le terrain ? Le Berry républicain, un quotidien du Cher a fait un pointage dans le département. Un seul lycée semble organiser un débat de 16 à 18 heures. Dans de nombreux établissements c’est tout simplement impossible car les transports scolaires partent bien avant 18 heures. Dans un des grands lycées de Bourges, le proviseur déclare que « proposer une action le lundi pour le vendredi ce n’est pas connaitre la réalité des établissements ». Dans un autre lycée de Bourges des élèves déclarent que la cause les intéresse et qu’ils iront donc manifester.
La Fcpe invite le ministère à ne pas sanctionner les jeunes manifestants. « On n’imagine pas que les élèves qui participeront à la grève du 15 mars soient sanctionnés parce qu’ils auront manifesté dans le cadre d’une démarche que le ministre soutient à travers des débats organisés dans les lycées », nous a dit Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE. Elle invite le ministère « à faire ne sorte que la seule spécialité concernant l’écologie (Biologie écologie) ne soit pas réservée à l’enseignement agricole mais puisse être prise en lycée général…
François Jarraud