Professeur de français au collège Pablo Picasso à Montesson dans les Yvelines, Lionel Vighier y met en place un dispositif original : l’entretien de lecture. Le but est de s’intéresser du plus près possible à l’expérience de lecture de chaque élève. L’oral, d’environ 5-10 minutes, se déroule sur rendez-vous, comme une « khôlle » : « Cela ne prend pas plus de temps que d’évaluer un écrit. », fait remarquer l’enseignant. Explications …
Le dispositif est il préparé et mené sur le temps de cours ?
Il n’est pas forcément préparé mais on peut parfaitement imaginer qu’il le soit, du moins dans la méthode pour que les élèves aient une connaissance suffisamment précise du livre pour en parler en entretien. Eux ne préparent pas d’exposé : l’entretien est mené par le professeur. Ils répondent aux questions posées, et celles-ci sont adaptées à l’interlocuteur. On peut envisager de le mener sur le temps de cours, devant la classe ou à part pendant que les élèves travaillent sur autre chose. Dans ce cas précis, il est mené sur le temps libre des élèves et du professeur, à l’instar d’une khôlle. C’est une khôlle non rémunérée, certes, mais qui correspond au temps que prendrait une correction de copie.
Comment le dispositif prend-il place dans votre projet pédagogique ?
Les mois précédents, les élèves ont été préparés, entraînés, accompagnés dans la lecture active (se donner un objectif de lecture, prendre des notes, relever des passages intéressants…) et la lecture sociale (échanges asynchrones en ligne avec le Réseau des Lettres, questions / réponses, mutualisation de ressources sur les lectures…). La progression en compétences de lecture tend à construire l’autonomie dans la lecture.
Les élèves ne sont d’ailleurs pas évalués que sur ce point. L’évaluation de leur lecture est triple : les élèves de la @3emedias ont interviewé des camarades à l’occasion de la tenue, par une autre classe, d’un « salon de lecture » ; les entretiens de lecture à proprement parler ; il est envisagé (selon le temps disponible…) de réutiliser le tout dans une création collective de type webradio / webTV, afin de mettre en perspective les différentes œuvres dans une réflexion plus large sur les deux guerres mondiales.
Quels intérêts voyez-vous à ces entretiens par rapport aux dispositifs habituels de comptes rendus de lecture ?
D’abord le plaisir d’échanger sur un livre plutôt que de corriger un questionnaire de lecture ! Aussi la possibilité d’adapter les questions à l’interlocuteur et les adapter au fil de la conversation. Enfin de travailler l’oral, en particulier la réactivité d’un entretien. A l’oral, on travaille souvent la prise de parole en continu mais moins la partie « entretien ». Ici, les élèves doivent se montrer calmes, réactifs, ouverts à la communication. On travaille également la posture, l’expression, la capacité à développer un propos. Ce qui permet de préparer les prochains oraux (de stage et de brevet, mais également du bac).
Les entretiens de lecture ont un peu stressé les élèves (positivement), mais c’est assez stimulant et c’est agréable de discuter de leur expérience de lecture.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
Lionel Vighier dans le Café pédagogique
Le travail du Réseau des lettres avec G. Devin et C. Mistrorigo