Alors que des blocages et des incidents ont encore eu lieu le 4 décembre, une nouvelle étape se dessine. Dans une « convergence des luttes » en construction sur le terrain, plusieurs syndicats d’enseignants du second degré, à commencer par le premier d’entre eux, le Snes Fsu, appellent à rejoindre les cortèges lycéens. Le Snes entend mobiliser le 19 décembre jour du CTM et du CSE sur les lycées. Les revendications portées par l’UNL rejoignent celles des organisations syndicales d’enseignants et le mouvement semble vouloir réussir à changer la donne à l’ éducation nationale.
De nombreux lycées ont été bloqués pour la troisième journée le 4 décembre. Le mouvement se développe dans de nouveaux lieux comme à Dunkerque où 1200 lycéens sont descendus dans la rue. A Marseille 21 lycées ont été perturbés. En Ile de France des incidents ont eu lieu dans le 93 où une dizaine de lycées sont bloqués. Dans le 95 on compterait une quinzaine d’établissements bloqués. Des lycéens ont été interpellés à Villiers le Bel , Bondoufle et Ivry. On compte eux lycéens blessés à Bordeaux. L’incident le plus grave a eu lieu à Blagnac (31) où un incendie a ravagé l’entrée du lycée Saint Exupéry.
Dans ce contexte, le Snes Fsu « dénonce les violences et la répression du mouvement lycéen ». Le premier syndicat du second degré « appelle les personnels de l’Education nationale à entrer en action ». Il leur demande d’organiser des assemblées générales dans les établissements et « d’agir aux cotés des lycéens ». Le Snes a déposé un préavis de grève « sur toute la période ». Le Snes entend faire du 19 décembre, jour d’un CTM et d’un CSE sur la réforme des lycées, « une journée de mobilisations dans toute la France ».
Sud Education » appelle l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale à se solidariser des lycéen-ne-s mobilisé-e-s et à s’emparer des mots d’ordre portés pour l’abrogation des réformes Blanquer ». Le syndicat appelle aussi les personnels « à rejoindre les actions des gilets jaunes et à participer aux rassemblements du 8 décembre ». Enfin la Cgt Education « affirme sa solidarité » avec les lycéens et appelle les personnels « à garantir par leur présence la liberté d’expression et de mobilisation des élèves ».
Cette montée des syndicats enseignants s’explique en partie par les demandes lycéennes. Notamment l’UNL demande à ce que les réformes du lycée et du lycée professionnel soient annulées et à investir les 3 milliards prévus pour le SNU dans les établissements. Il y a convergence des revendications.
Mais elle arrive aussi après les déclarations du premier ministre le 4 décembre. » Je veux ouvrir un large débat sur les impôts et les dépenses publiques », a déclaré E Philippe après avoir annoncé un moratoire de certaines taxes. » Si les impôts baissent, il faudra que les dépenses baissent », a-t-il ajouté. Or du coté des Républicains ces propos sont immédiatement utilisés contre les enseignants. Immédiatement Eric Ciotti, pour les Républicains, a demandé des suppressions d’emploi à l’Education nationale. « Il y a beaucoup de personnes qui n’enseignent plus, beaucoup de mises à disposition syndicales dans l’Education nationale. On peut trouver des espaces de manoeuvre, quelques dizaines de milliers d’emplois ». En réalité l’ensemble des décharges syndicales à l’Education nationale représente 2500 emplois depuis des années en application de la législation sur l’exercice du droit syndical dans la fonction publique.
François Jarraud