» L’étude de questions socialement vives en cours de sciences économiques et sociales est-elle susceptible de reconfigurer les conceptions qu’ont initialement les élèves du monde social dans lequel ils sont immergés ? Quelles sont les formes pédagogiques véritablement déployées par les enseignants à cet effet, et avec quel effet sur d’éventuelles inégalités sociales d’apprentissage des élèves ? » Alexandra Hondermarck et Erwan Le Nader rendent compte sur le site des LéA (Lieux d’Education Associés aux travaux de l’IFé) d’une enquête menée par une quinzaine d’enseignants de SES réunis par l’Apses (association des professeurs de SES) auprès de 400 élèves.
Ils cherchent à constater les effets du cours de SES sur les représentations des élèves à propos deux questions vives : l’effet du diplôme sur le chômage et les inégalités sociales dans la réussite scolaire.
» Nos résultats nous indiquent que les élèves semblent plus réceptifs à l’idée d’un rôle protecteur du diplôme face au chômage, qu’à celle d’un effet de l’origine sociale sur la réussite scolaire », notent-ils. En effet le role protecteur du diplôme est approuvé par 51% des élèves avant le cours contre 69% après. Sur l’inégalité sociale dans le succès à des études longues, 48% des élèves rejettent cette idée avant le cours et encore 37% après.
Comment expliquer que la réceptivité à ces deux idées soit différente ? « En premier lieu, l’affirmation selon laquelle un diplôme élevé protège davantage du chômage est compatible avec un discours méritocratique auquel la plupart des élèves ont probablement très souvent été confrontés, aussi bien au sein de la sphère familiale, que médiatique ou scolaire. Dans cette sphère scolaire élèves comme enseignants ont d’ailleurs tout intérêt à le partager en tant qu’il donne sens au travail des uns et des autres au sein de l’institution scolaire », expliquent les auteurs. » À l’inverse, l’affirmation selon laquelle les élèves d’origine sociale élevée ont plus de chances de réussir des études longues entre en opposition directe avec ce discours méritocratique, ce qui peut expliquer les plus fortes réticences des élèves par rapport à celle-ci. »