Faut-il revoir le statut des directeurs d’école pour en faire de vrais supérieurs hiérarchiques ? La question revient régulièrement depuis 10 ans. Cette année un rapport parlementaire, un autre de l’OCDE vont dans ce sens. Et le ministre semble pencher également de ce coté. Le 27 septembre, le Snuipp Fsu a organisé des Etats généraux de la direction de l’Ecole. Le sondage du syndicat montre des professeurs des écoles divisés sur la dimension de la fonction. Le Snuipp lance un appel pour que les directeurs bénéficient d’une aide administrative.
Une question ancienne…
La question des directions d’école est déjà une vieille histoire. F Fillon puis G de Robien avaient lancé l’idée des établissements publics de l’enseignement primaire (EPEP) qui auraient eu un chef d’établissement. En 2010, l’Institut Montaigne relance le débat. En 2015 le rapport Leloup et Caraglia, deux inspectrices générales, évoque l’EPEP comme solution aux dysfonctionnements des circonscriptions du 1er degré. En 2017, plusieurs candidats se montrent favorables aux EPEP ou à l’intégration des écoles dans un réseau piloté par un collège. Jean-Michel Blanquer lui-même, dans « L’école de demain », prend position en faveur des EPEP et de directeurs qui soient de véritables chefs d’établissement.
Des enseignants qui évoluent
Mais qu’en pensent les enseignants? En 2011 un sondage du Snuipp montre un net rejet des Epep par les enseignants avec la crainte de voir un échelon hiérarchique et très présent peser sur les enseignants. Mais un an plus tard le Se Unsa publie un autre sondage qui montre une majorité de directeurs en faveur de l’Epep.
Le sondage présenté par le Snuipp le 27 septembre (4500 réponses) montre que les enseignants sont divisés sur cette question. 91% des directeurs ne se sentent pas soutenus par l’institution scolaire. 69% demande davantage de décharge, 67% une meilleure rémunération, 53% une aide administrative et 36% un nouveau statut.
Revenons sur cette question. Faut-il donner au directeur une autorité hiérarchique sur les enseignants ? Selon le sondage Snuipp 45% des enseignants pensent que oui et 55% s’y opposent. Faut-il fusionner école maternelle et élémentaire ? 40% y sont favorables (contre 60%). On voit que le modèle du pilotage par une autorité hiérarchique a progressé chez les enseignants au détriment du mode actuel qui est collégial, le directeur étant un enseignant de même niveau hiérarchique que les autres.
Une crise d’identité ?
Comment le Snuipp interprète-il ces résultats ? « Ce n’est pas nouveau. Ce qui s’exprime c’est une quête d’identité des directeurs qui sont mal reconnus actuellement », explique Régis Metzger, co secrétaire général du Snuipp. « C’est aussi un mirage : croire qu’en changeant le statut on va régler problémes. L’école primaire est encore perçue comme une école de proximité et on ne peut pas imaginer que toutes les écoles fusionnent ». R Metzger évoque aussi la culture du travail en équipe dans les écoles. « Les directeurs ne se voient pas comme une courroie de transmission de l’échelon hiérarchique supérieur. Un pilotage par injonctions irait contre les attentes des enseignants.
Arnaud Malaisé, co-secrétaire général, souligne que la taille de l’école a son importance. C’est dans les grandes écoles que la revendication du statut est l aplus importante. « Plus l’école est grande moins le directeur a de temps pour le travail d’équipe car il est mangé par le quotidien ». Rappelons que les aides administratifs ont été supprimés par le gouvernement.
Un appel pour des personnels de soutien
En conclusion de ces Etats généraux, qui ont réuni près de 200 enseignants, le Snuipp a lancé un appel pour doter les écoles de personnels de soutien. » À l’inverse des deux principales préconisations de la mission parlementaire sur la direction d’école, la création d’un statut hiérarchique de directeur et la réorganisation territoriale des écoles élémentaires et maternelles, le SNUipp-FSU réclame des mesures permettant aux directeurs et directrices d’être davantage reconnus et disponibles pour les familles, les élèves, les différents partenaires de l’école. Il est donc indispensable que toutes les écoles maternelles, élémentaires et primaires soient dotées de personnels supplémentaires dédiés au fonctionnement de l’école », affirme le syndicat. » Il s’agit d’obtenir dès aujourd’hui, comme première étape, la garantie d’une aide au fonctionnement de l’école assurée par des personnels qualifiés pour améliorer les conditions de travail des directrices et directeurs e améliorer le fonctionnement de l’école en réaffirmant l’importance du collectif de travail ».
François Jarraud
Snuipp : Appel pour la direction
Un rapport parlementaire pour un statut de directeur