Les enseignants français toujours dans les plus mal
payés des pays développés ? Regards sur
l’éducation, une publication annuelle de l’OCDE, confirme
mais nuance ce portrait dans sa nouvelle édition
publiée le 11 septembre. S le salaire statutaire des
enseignants français reste nettement inférieur
à celui de leurs collègues étrangers, le
salaire effectif est légèrement meilleur dans le
secondaire du fait des primes que certains enseignants touchent.
Rappelons qu’elles peuvent représenter autant que le
salaire statutaire en CPGE par exemple…
Des salaires français inférieurs à la
moyenne de l’OCDE…
Comment comparer les niveaux de salaire entre la quarantaine
de pays et de systèmes éducatifs recensés
par l’OCDE ? Dans Regards sur l’éducation, L’organisation
internationale calcule les salaires statutaire et
effectif en tenant compte
de la parité de pouvoir d’achat, c’est à dire des
écarts entre les monnaies nationales et le dollar.
Ainsi, en moyenne, dans l’OCDE le salaire annuel d’un
professeur des écoles s’établit à 32 258 $
en début de carrière et 41 884 au bout de 15 ans de
service contre 29 516 et 35963 en France. L’écart est donc
significatif et défavorable. Il reste négatif au
collège : 33 948 en début de carrière contre
31 003 et 46 780 au bout de 15 ans contre 37450. Au lycée
l’écart perdure : 34 943 contre 31 003 en début de
carrière et 48697 contre 37 450 au bout de 15 ans.
En fait 19 pays sur 37 ont un salaire des enseignants plus
élevé que celui versé en France. Ainsi pour
un enseignant de collège en début de
carrière, le salaire va de 79 551 $ au Luxembourg à
14 267 en république slovaque en passant par 63 555 en
Allemagne, 39 707 aux Etats Unis et 30 739 en Italie. En
Angleterre les salaires enseignants ont fortement chuté :
ils sont à 28 011 au collège en début de
carrière.
Mais relevés par les primes dans le second
degré
Si l’on regarde le salaire effectif, incluant les primes, on
dresse un tableau qui résulte des inégalités
entre enseignants. La situation des professeurs des écoles
ne s’améliore pas : 37 968 en moyenne contre 41 244 dans
l’OCDE. C’est normal il n’y a pas de possibilité de faire
des heures supplémentaires dans le premier degré.
Au collège et au lycée, les enseignants
français sont un peu au dessus de la moyenne OCDE, du
moins ceux qui ont des heures supplémentaires : 44 294 au
collège contre 43 546 et 49 883 au lycée contre 46
713.
Et si on parlait considération des enseignants
?
Plus compliqué, l’OCDE calcule aussi le coût
salarial moyen des enseignants. Celui ci varie selon le niveau
des salaires mais aussi selon la durée de l’enseignement
et bien sur la taille des classes. On a alors une image de la
vraie considération d’une société pour ses
enseignants.
Evidemment la France se trouve dans le spays de l’OCDE avec le
coût salarial le plus faible. Ainsi un enseignants coute en
moyenne par élève 2936 $ dans l’OCDE contre 1827 en
France dans le premier degré. Au collège c’est 3604
et 2615 et au lycée 3723 contre 2999. Plusieurs facteurs expliquent cet
écart. Non seulement les enseignants français sont
moins bien payés
mais le temps d’instruction est généralement plus
long en France (comprenez : on les fait travailler davantage) et
surtout les classes plus chargées.
En effet en France on compte davantage d’heures de cours :
8100 heures pour l’école obligatoire contre 7500 dans
l’OCDE et même 7250 pour l’UE. C’est surtout à
l’école élémentaire que l’écart est
fort : 864 heures ne France contre 793 dans l’OCDE.
Parlons en de la taille des classes. Au primaire en France
c’est 23 en moyenne contre 21 dans l’OCDE et au collège 25
contre 23. Cette taille des classes a augmenté en France
depuis 2005 ce qui n’est pas le cas de tous les pays… L’OCDE
souligne le cas de l’enseignement professionnel où le taux
d’encadrement est meilleur en France que dans les autres pays de
l’OCDE. Mais c’est aussi en France que l’enseignement
professionnel a une recrutement aussi populaire et des
élèves aussi souvent fâchés avec
l’école…
Des salaires des personnels de direction au dessus de la
moyenne OCDE
L’OCDE s’est intéressée aussi au salaire des
chefs d’établissement. Les personnels de direction
français sont un peu mieux payés que la moyenne
OCDE et en cela ils diffèrent des enseignants : 68 517 en
moyenne en salaire effectif dans le 2d degré contre 64 423
eu collège et 68 932 au lycée dans l’OCDE.
Les salaires des personnels de direction français sont
nettement supérieurs au salaire qu’ils pourraient obtenir
dans le secteur privé (hors éducation) compte tenu
de leur niveau de diplôme. L’OCDE avance une moyenne de
1.37 fois le salaire moyen du privé. Il e va
différemment pour les enseignants pour qui le salaire est
toujours inférieur à celui du privé.
Le cas particulier des directeurs d’école
L’OCDE relève le cas des directeurs d’école.
Ceux ci ont un salaire nettement inférieur à celui
d’un principal de collège (celui ci gagne 70% de plus). Un
directeur d’école français gagne 7% de plus qu’un
professeur quand c’est 41% en moyenne dans l’OCDE. Mais cette
comparaison n’a pas grand sens. On sait que les directeurs
d’école en FRance sont des professeurs des écoles
en charge de direction. Ils sont payés sur les mêmes
grilles que leurs adjoints (les autres professeurs des
écoles). Dans les autres pays c’est un corps de managers
à part, souvent sans rapport avec l’enseignement, qui a en
charge des structures beaucoup plus importantes. On sait
qu’importer ce système ou confier les directions aux
principaux des collèges sont des idées
avancées par exemple dans un récent rapport
parlementaire. Cela s’accompagnerait bien entendu par une
énorme direction des postes de directeurs et leur
distribution à des managers patentés. Le
modèle français , qui n’est pas
hiérarchique, a l’avantage de la proximité et de ne
pas confondre autorité et grade hiérarchique. C’est
cela aussi qui fait tourner les écoles dans la vraie
vie.
Une évolution à l’opposé de
l’OCDE
Dernière particularité française : depuis
2005 les salaires des enseignants ont augmenté en moyenne
de 8% au primaire, 7% en collège et 5% en lycée. La
France fait partie, avec la Grèce, l’Angleterre,
l’Espagne, le Japon et le Danemark, des exceptions. Chez nous le
salaire a diminué. Et ça continue.
François Jarraud