Moins d’un mois après la tentative d’imposer l’association « Agir pour l’école » dans une centaine d’écoles du Nord, le département est secoué par une nouvelle affaire à Mons en Baroeul. La ville abrite un groupe scolaire public Freinet. Le Dasen annonce que les postes vers cette école ne seront plus fléchés. Des enseignants sans formation Freinet pourront y enseigner. C’est une façon de mettre fin à la seule école Freinet dont les résultats ont été scientifiquement et positivement évalués. Une décision aberrante estime Yves Reuter, l’universitaire qui a évalué les résultats de l’école. Une école Freinet qui obtient des résultats, ça dérange ?
« Tous avec Freinet ». Voilà une banderole qu’on voit rarement dans les manifestations. Selon La Voix du Nord, le 3 juillet les parents du groupe scolaire Concorde manifestent. Ils s’inquiètent de la nouvelle règle décidée par le Dasen qui permet à des professeurs non formés à la méthode Freinet de postuler dans l’école. Pour les parents c’est prendre le risque de briser le travail d’équipe qui est une clé de la réussite de l’école.
Car celle ci ne fait pas de doute. L’école a été évaluée de 2001 à 2006 par une équipe universitaire dirigée par Yves Reuter. « L’école était en déshérence aussi bien pour les incivilités qu’en ce qui concerne les apprentissages », nous confie-t-il. « On évitait l’école et les effectifs baissaient ». Au tournant du siècle, la décision est prise de faire de l’école une école Freinet. Et Y Reuter est chargé d’évaluer l’efficacité de la pédagogie utilisée dans l’école.
« Les résultats sont clairs. Il y a une baisse des incivilités et une hausse des performances scolaires. On la constate dans les outils que nous avons utilisé mais aussi dans les évaluations nationales ou académiques », nous dit Y Reuter. « On constate aussi un rapport plus positif à l’école, le développement de compétences auto évaluatives chez les élèves. Tous ces aspects montrent qu’on peut luter contre l’échec scolaire socialement différencié sans moyens particuliers avec la pédagogie Freinet ».
Que font les enseignants dans cette école ? « L’accent est mis sur la coopération entre élèves et le développement de l’écriture des élèves. Les élèves assistent au conseil d’élèves. Ils peuvent découvrir la vie démocratique et ne sont pas réduits à l’impuissance », explique Y Reuter. « Pour autant l’école n’est pas laxiste. On n’entend pas de bruit dans l’école ».
Pour lui ce qui se passe à Mons en Baroeul est grave. « Quand on a une équipe qui fonctionne , qui est solidaire, cela amène des résultats chez les élèves. Vouloir arrêter une expérience qui marche, pour mois c’est inquiétant ». C’est aussi l’avis des parents qui veulent garder la pédagogie Freinet pour leurs enfants.
F Jarraud
5 juillet : le Dasen s’engage sur la pédagogie Freinet
L’offensive Agir pour l’école